PAVÉ CÉSAR CEUX QUI VONT ÉCRIRE TE SALUENT!
J'écris rarement sur le site, écrire, pour moi tda, est un véritable calvaire. J'ai encore passé plus de 4h à écrire ce texte alors que je dois étudier pour mon exam de physio simplement parce que je dois sans cesse me relire et me recentrer pour éviter d'aller à gauche et à droite et pour que le texte reste axé sur le sujet principal. Mais j'ai encore écrit ce pavé, j'ai fait de mon mieux, je me suis appliquée car je tenais à m'exprimer là dessus, car c'est important, pour moi mais surtout pour ma soeur!
De mon côté paternel personne n'est mince, loin de là alors j'ai eu de la chance, plutôt que de pleinement tenir de mon père j'ai eu un petit bout de ma mère mince dans sa jeunesse. Je suis un savant mélange des deux... Ou bien ai je pleinement hérité de mon père mais ma volonté infaillible et ma bougeotte naturelle auront fait le reste? Mystère! Tout étant que, comme tout le monde du côté de mon père, je fais partie de la population étant née avec des os assez massifs. Des épaules larges, des genoux de mammouth, je n'ai que la peau sur les doigts et les poignets et pourtant trouver des bagues et des bracelets à ma taille a toujours été une véritable croisade. Je n'ai donc jamais été svelte à l'excès mes os de stégosaure me donnant cet air massif mais pas ronde pour autant surtout dans mon enfance où j'étais juste mince. Rien ne justifiait les remarques que j'ai pu recevoir et pourtant j'étais la "grosse" pointée du doigt simplement à cause de ma carrure et d'un putain de mini bourrelet sous le nombril avec lequel je partage ma vie depuis la naissance. J'étais mince mais ça ne les a pas empêcher.
Enfant, un garçon de ma classe me traitait de "grosse" dès qu'il en avait l'occasion. Un jour, alors que j'étais restée en classe après les cours avec d'autres élèves et le prof pour nettoyer le local ce dernier est arrivé, m'a dévisagée et ma sortie un "t'as vraiment l'air d'une grosse truie toi!". Je commençais à avoir une poitrine, la pointe de mes cotes ressortait juste en dessous et puis sous mon nombril pointait mon éternel "bourrelet de famille" que je me trimballe depuis toujours et que ma mère a gentiment nommé ainsi car elle a le même elle aussi depuis toujours. Tout ça lui avait donné l'impression que j'avais 3 paires de mamelles d'où la douteuse ressemblance avec la truie (s'il savait qu'elles en ont plus que 6...). Le prof s'est mis à rire ainsi que 2-3 de mes camarades et m'a dit de sauter sur place pour faire de l'exercice et perdre du poids. Je me suis mise à sautiller mon balais à la main, les larmes aux yeux, sous les regards hilares de mes camarades...
A la même époque la fille la plus populaire de l'école, qui était aussi ma meilleure amie avant de devenir une peste, avait rassemblé toutes les filles de la classe dans son "groupe d'amies" sauf moi. La raison "désolée mais tant que tu n'es pas mince comme nous je ne voudrai plus être ta meilleure amie et personne ne t'aimera à l'école". Elle a retourné la majeure partie de l'école contre moi car j'étais "dégoûtante" j'ai donc passé une période de 2 ans où j'ai fortement limité ma consommation, on ne peut pas parler d'anorexie mais je me culpabilisais d'être un chouia gourmande alors je ne mangeais que le stricte minimum rabâchant sans cesse à voix haute que "non t'as pas faim". Cette habitude me suit encore maintenant, à 24 ans, quand je rentre en période de stress intense, je mange beaucoup moins car "non t'as pas faim!" alors qu'en vrai j'ai la dalle je perd donc 5-6 kilo à chaque période d'exam, je fais le yo-yo toute l'année entre périodes de stress et de calme, je me culpabilise d'aimer manger, je m'en veux tout le temps,... A cause de ces personnes cruelles qui ont croisé ma route. Le pire dans tout ça? J'étais fine comme tout! J'ai toujours eu des épaules larges, des os massifs, mais enfant je n'avais presque pas un pet de graisse si ce n'est sous mon nombril, une micro bosse en guise de bourrelet! Je faisais une tonne de sport, je finissais parfois une séance de sport à 21h je j'allais à une autre à 30min de là jusqu'à minuit! Alors pourquoi on s'acharnait sur moi la "grosse truie" alors qu'en réalité je n'avais rien pour m'attirer les foudres des autres gamins? Puis quand bien même je n'aurai pas été mince ça n'aurait donné le droit à personne de me traiter ainsi.
Actuellement? Je jongle entre 38 et 40, je mets du M pour le haut, je fais du sport, j'ai un copain qui me trouve magnifique et aime mon corps,... Je pourrai m'aimer mais je me bats toujours entre moi même, la bouffe, mes problèmes hormonaux, la génétique de ma famille pas mince de base et les médecins qui me qualifient d'obèse modérée sur base de mon IMC et qui me démontent méchamment à chaque fois à coup de "faut se calmer avec la nourriture hein!", "Tu les caches où? Tu rentres ton ventre c'est ça?" alors que je le répète je fais du 38-40 et du M pour 1m73. Bref dans notre société actuelle on dirait que tout est fait pour te culpabiliser. Je pourrai m'en foutre, me trouver belle, mais j'ai toujours cette impression du "tant que tu ne seras pas mince comme nous personne ne t'aimera"...
A côté de ça je me plains mais ma petite soeur, qui a commencé à avoir des problèmes de poids très tôt, a du essuyer des remarques abominables de membres de la famille et de parfait inconnus depuis son enfance et jusqu'à maintenant... Petite quand j'entendais ça je n'en riais pas mais je ne saisissais pas pleinement l'ampleur des paroles que j'ai pu entendre à son encontre. Elle a suivi plein de régimes très tôt, sans succès, à côté de ça notre arrière grand-mère obèse ne manquait pas une occasion pour lui signifier "tu finiras grosse comme moi, ta soeur, elle, sera fine comme ta grand mère", "tu as encore pris du poids!" alors qu'elle était au régime et avait perdu des kilos... Encore maintenant à 22 ans elle mène une véritable croisade, elle n'a pas confiance en elle, elle n'aime pas son corps, elle se décrédibilise sans cesse, tout ça à cause d'une bande de grossophobes qu'elle a du supporté à toutes les étapes de sa vie et j'ai honte de le dire mais j'en ai sûrement fait partie dans mon enfance quand je la traitais sous la colère de "grosse fade" car elle me faisait souvent tourner chèvre... Elle était souvent très chiante mais je me suis rendue compte avec le temps que ce n'était pas une raison pour détruire son estime d'avantage.
Elle ne le montre pas tout le temps mais je sais qu’elle a du mal, ça me crève les yeux même si elle dit le contraire, même si ma mère ne veut pas voir le problème en face, je le sais, je le sens, c’est ma sœur et même si on se voit rarement, et qu’elle n’aime pas se plaindre je passe mon temps à décrypter ses gestes, ses paroles et à faire mon possible, sans éveiller ses soupçons, pour l’aider. Elle s’empêche de porter des vêtements qui lui vont pourtant tellement bien, elle saute sur la moindre parole pensant que c’est un reproche à son poids sans raison, elle n’a jamais eu de copain, pas qu’elle n’en veuille pas loin de là mais simplement car elle considère n’importe quel compliment masculin comme une moquerie déguisée, elle n’a pas confiance en elle, son poids est tabou. Parfois elle joue les « diva à langue de vipère » comme elle aime dire, elle peut me répondre des « Je sais que ça me va trop bien ! C’est ma couleur darling ! » ou bien des « Nan mais tout le monde sait que c’est moi la plus belle et la plus canon de nous deux », je ne le prends pas mal car je sais que même si elle ne le pense pas forcément, même si elle dit ça sur le ton de la rigolade, ça lui fait du bien quand j’approuve même si la plus canon des deux, tout le monde le sait, c’est nous deux simplement. Alors j’approuve, j’approuve et ça m’amuse car c’est dans ces situations là que je vois la femme forte et sûre d’elle qu’elle pourrait être tous les jours. Elle ne s’en rend pas compte mais elle est belle toute entière, telle qu’elle est. Son poids ne la rend pas « dégoûtante », « repoussante »,… Non elle est belle toute entière avec son corps tel qu’il est, peu importe ses défauts, peu importe son grand nez, son 42 fillette galère à chausser, son poids,… Et si elle mincit et bien je tiendrai le même discours, idem si elle prend du poids. Car elle est comme elle est.
Ma sœur est courageuse, super maxi courageuse, je ne la critique pas en disant que pour la même taille ses problèmes de poids sont bien plus importants que les miens, en disant cela j’estime son courage, face à ce problème, bien plus élevé que le mien ! Elle n'a simplement pas eu de chance, contre sa volonté son poids est devenu incontrôlable et à l'heure actuelle peu de choses fonctionnent, elle doit faire des efforts titanesques mais pour ça elle doit se priver de tout. Elle en souffre. Malgré tout elle garde la tête haute face à tout ça et j’espère de tout cœur qu’elle surmontera d’une manière ou d’une autre ! J'espère qu'un jour elle aura la vie dont elle rêve avec le bel anglais brun aux yeux verts fan de disney de ses rêves, ses enfants naturels et adoptés car elle voudrait tellement adoptés des enfants un jour, le métier qu'elle voudra et surtout un corps qu'elle aimera pleinement. Un joli FUCK à tout ce qu'elle subit depuis l'enfance.
Je continue à déblatérer et je m’égare du coup je conclurai par ceci:
Je pense qu’il serait temps pour ma sœur et moi que nous acceptions enfin que l’on n’aura jamais un corps de mannequin, que l’on n’a pas les gènes de notre côté, que notre hypothyroïdie n’aide pas, que, même si on ne mange jamais à l’excès (on pourrait même qualifier que l’on mange comme tout le monde), on ne saura jamais se contenter de manger healty tous les jours de l’année car, oui il faut l’admettre, on aime la bouffe,… On ne rentrera jamais dans un 36, jamais. On doit donc arrêter de passer notre temps à se haïr, se priver, se culpabiliser, la vie est trop courte pour qu’on la passe à se priver à cause de bras qui pendouillent, d’un fessier en forme de cœur, d’un bourrelet sous le nombril,… ! On doit apprendre à enfin faire la paix avec ces gestes et paroles qu’ont bien pu émettre des gens de notre passé et qui ont aidé à façonner cette image fausse de notre corps qui nous suit encore actuellement et nous colle à la peau envers et contre tout.
Voilà mon pavé, je me suis niqué les yeux, j'ai mal à la tête, j'ai usé le peu de concentration quotidienne que je possédais, je suis épuisée,... Mais satisfaite. Ma soeur ne lira peut être jamais ça, ça me gênerait sûrement beaucoup d'ailleurs donc s'il te plaît Passiflore (surnom) si par malheur un jour tu tombes sur ça fais comme si je n'avais rien écrit, je te fais confiance, tu sais que les élans de gentillesse du genre ce n'est pas mon truc. Saches juste que j'ai dit seulement ce que je pensais et rien que ce que je pensais! Parole de Pétunia.