Je ne pense pas du tout que les gens qui sont complotistes sont abrutis, je ne vois pas où tu as lu ça. Ils ont leur propre logique, des raisons de raisonner comme ça, par contre non, on ne peut pas dire qu'il y a de l'esprit critique dedans.
Pour moi, tes mots là-dessus = des abrutis, dis gentiment, avec les formes qu'il faut. Je te cite : "complotisme où justement y'a zéro esprit critique (c'est une sélection particulière de petites choses pour construire des théories avec balayage total d'arguments fondés" ou "théories du complots les plus absurdes mais aussi les plus dangereuses. ou "nombre de comms (sur facebook et ailleurs) qui délirent complètement" "les arguments infondés, les raisonnement tout pétés voire délirants."
Même si je veux bien te croire quand tu dis que tout ça ne veut pas dire "abrutis", j'avoue que je vois pas bien la différence. Mais ok.
Ce sont des raisonnements remplis de biais assez importants, je ne vois pas comment on peut "construire sa pensée critique" (cf définitions plus bas des théories du complot).
Mais qui n'a pas de biais quand il réfléchi en fait ? Tout le monde réfléchi avec des biais, et les néo-libéraux qui croient en la main invisible du marché, c'est pas un biais peut-être ?
Pourtant iels sont considérés comme des gentes très sérieux, celleux qui pensent ça, et qui
citent Adam Smith sans problème (j'ai mis en lien en .gouv pour Adam Smith, un truc normalement neutre).
Ensuite, une remarque plus générale : critiquer la gestion sanitaire du gouvernement en se basant sur des faits, ce n'est pas du complotisme.
On est d'accord, mais ce n'est pas l'avis de certains journalistes qui se posent en élites. J'ai donné des exemples en citant Acrimed dans un message précédent, tu peux le consulter.
Je ne vois pas pourquoi parler de définition "old school" version définition actuelle (selon qui? dans quel but?)
J'ai déjà expliqué qu'il y avait eu un glissement du sens du mot "complotiste" dans mes messages avant, j'ai cité mes sources (Acrimed). Mais si tu cherches un peu sur internet tu as pleins d'autres gentes sérieuses qui font cette analyse.
Si tu veux, y aussi un article Médiapart d'aujourd'hui. Ça développe ce que c'est le "complotisme" aujourd'hui, en parlant de l'organisation de la propagande par les lobbys (je sais pas comment le résumer autrement).
Bref le complotisme c'est pas que "des gentes qui ne savent pas réfléchir (c'est mieux qu'abrutis ?)" aujourd'hui.
Y a plusieurs sens.
Donc Médiapart sur
les complotistes et les comploteurs (j'en cite un bout, je crois que c'est payant, et j'ai mis en gras les trucs importants). L'article explique que le complotisme c'est pas seulement les trucs comme Hold up :
"Il y a les complotistes qui dénoncent les puissants sans que la matérialité des faits ne puisse leur faire entendre raison, et dont
le film Hold-Up a été la dernière manifestation en date. Mais il y a aussi les comploteurs puissants, autoproclamés gardiens de la raison, qui passent leur temps à brocarder les crédules sans pourtant guère s’embarrasser non plus de la vérité."
L’ouvrage...retraçant ....des dossiers... dans lesquels la science est instrumentalisée et dégradée pour justifier des choix politiques, servir des agendas économiques ou couvrir des mensonges sanitaires."
c'est "l’hypothèse qu’un
« degré supplémentaire a été atteint dans la manipulation de l’autorité de la science à des fins d’influence » depuis les actions des
« marchands de doute », qui, dans les années 1990 et 2000, sponsorisaient des études niant ou minimisant les dangers du tabac, de la chimie ou des sodas. Le livre explore donc
« les nouvelles frontières du lobbying et les degrés insoupçonnés de raffinement qu’atteignent désormais les stratégies des firmes pour défendre leurs intérêts en instrumentalisant le savoir ».
Il ne s’agit plus seulement de commanditer des études se parant des atours de la science pour influencer les décideurs publics, mais de se dissimuler derrière une défense de la science comme bien commun.
« Être contre les pesticides dans leurs usages actuels, interroger certains usages des biotechnologies, critiquer l’industrie du nucléaire », ce serait désormais s’opposer à la science, verser dans l’irrationalité, embrasser l’obscurantisme."
"La stratégie de la « fabrique du doute » étant
« éculée », écrivent les auteurs,
il s’agit « de présenter au public les études de leurs clients comme un bloc de savoirs incontestés, porté par l’ensemble de la communauté scientifique »."
"
Fiona Fox, la directrice de ce Science Media Centre qui a révolutionné les pratiques du journalisme scientifique au Royaume-Uni en fournissant les « bons » experts et des informations fraîches, est une ancienne, comme d’autres initiateurs de cette nouvelle institution, du Revolutionary Communist Party (RCP), à l’origine d’une revue intitulée
Living Marxism, mais
« développant un discours systématiquement protechnologies et antiécologiste, ainsi qu’un propos critique sur les politiques sociales et les politiques de santé ».
Le saut tactique de ce lobbying reconfiguré permet en effet de brouiller les pistes politiques, puisque, alors que
« les idées rationalistes faisaient partie des fondamentaux de la gauche et associaient la science au progrès », elles sont aujourd’hui dévoyées et recalibrées à l’usage d’un agenda conservateur ou réactionnaire."
"Alors que la revue
Science & pseudo-sciences, revue de vulgarisation de l’Association française pour l’information scientifique (
AFIS) – revue et association toutes deux centrales dans le paysage français décrit par les auteurs de l’ouvrage –, consacrait, jusqu’aux années 1990, près de 60 % de ses articles à la dénonciation des voyants, des ufologues ou des arnaques aux maisons hantées, elle dédie désormais un article sur deux à vouloir
« contrer les angoisses du grand public face aux applications industrielles des nouvelles technologies » en prenant pour cibles principales les écologistes ou les techno-critiques."
"
Exemple parmi maints d’autres de ces confusions politiques ainsi permises, le terme
« climato-sceptique », traduction de l’anglais, est introduit tardivement en France, au mitan des années 2000 par un blog de ce nom, tenu par un certain Charles Muller. En 2008, la revue
Science & pseudo-sciences lui donne un
« blanc-seing rationaliste » en publiant ces
« éléments de critique sceptique » de la science climatique, laquelle n’avait pourtant rencontré jusque-là que peu de résistances et de réticences dans l’Hexagone"
La revue ne précise pas que Charles Muller, présenté comme un simple
« rédacteur scientifique » est le pseudonyme de Charles Champetier, ancien rédacteur en chef de la revue
Éléments, organe de la nouvelle droite très dure d’Alain de Benoist, et qui a depuis écrit plusieurs ouvrages avec l’essayiste et journaliste au
Point, Peggy Sastre, connue pour avoir tenu la plume de la fameuse tribune sur la
« liberté d’importuner ».
Cette enquête très précise et documentée pénètre donc les
« brigades autoproclamées de la science » qui comptent des industriels et leurs organisations représentatives, comme L’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) ; leurs relais professionnels à l’instar des chambres d’agriculture ou de la FNSEA ; des experts tous terrains et omniprésents, tels Jean-Paul Krivine, Hervé Le Bars ou Marcel Kuntz ; des
think tanks comme la Fondapol ou l’Institut Sapiens ; des intellectuels dont la principale figure est Gérald Bronner, des journalistes comme Peggy Sastre, Géraldine Woessner et Emmanuelle Ducros ou bien encore des
« célébrités en roue libre » comme l’est le médiatique médecin et haut fonctionnaire Laurent Alexandre.
Mais cette armée de la raison compte aussi des scientifiques, des sociologues, des étudiants, des blogueurs, des associations d’amateurs de science, dont, notent les auteurs,
« beaucoup sont de bonne foi quand ils répercutent et amplifient des éléments de langage concoctés par des officines de relations publiques », qui cherchent précisément de plus en plus à s’appuyer sur des simples citoyens pour les faire participer à
« un projet politique dont la nature et la portée leur échappent »."
Le bouquin 'est écrit par des gars du Monde "Stéphane Foucart et Stéphane Horel, auteurs d’une série d’enquêtes sur les
Monsanto Papers, et du sociologue Sylvain Laurens, maître de conférences à l’EHESS"
: assimiler critique du gouvernement et théorie du complot, c'est très très discutable et c'est à mon sens faire le jeu du gouvernement.
On dirait que tu m'accuses d'assimiler critique du gouvernement et théorie du complot, mais c'est exactement ce que mes messages précédents critiquaient.
On voudrait décrédibiliser les critiques légitimes de la gestion sanitaire de l'Etat français qu'on ne s'y prendrait pas mieux en les collant volontairement dans un gros fourre-tout appelé "complotisme" où critiques légitimes et argumenter côtoient "le covid-19 n'existe pas" et "il a été créé pour nous injecter des nanopuces".
Ben du coup on est d'accord, puisque tu reprends ma critique. Du coup je me demande si tu as bien compris mes messages.
Des définitions qui font consensus sur wiki :
C'est pas parce qu'à un moment donné le mot à eu tel sens que son sens n'a pas été changé.
"culte" par exemple, aujourd'hui ça veut dire c'est connu, mais tu dis ça à un curé du moyen âge le gars comprend pas la même chose.
Ben "complotisme" c'est pareil, avant ça voulait dire tel truc, maintenant le mot est utilisé par certains pour décrédibiliser toute parole critique du néo-libéralisme. Ça veut pas dire que l'ancien sens a disparu, mais que y a les deux sens qui existent en même temps, et donc que quand tu parles de "complotisme" il faut être sûre qu'en face la personne parle de la même chose que toi.
Vraiment, je ne comprends pas la logique quand on souhaite critiquer (à raison) les mensonges du gouvernement, le n'importe quoi de la gestion sanitaire, de les assimiler à du complotisme en redéfinissant le mot alors que ça n'en est absolument pas: pour moi c'est se tirer une balle dans le pied, ni plus ni point.
C'est pourtant ce que font une partie des médias (comme je l'ai déjà dit, en citant Acrimed et du coup Médiapart en plus comme preuve).
Savoir pourquoi ils le font ? Peut-être qu'Hannah Arendt peut aider :
« Quand tout le monde vous ment en permanence..., le résultat n’est pas que vous allez croire ces mensonges mais que plus personne ne croira plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et d’un tel peuple vous ferez ce que vous voudrez... ».
Idem pour le fait, dès qu'on parle complotismes autour du covid-19, à dire uniquement "oui mais le gouvernement ment" : oui, et il faut dénoncer ces mensonges, mais mettre sous le tapis les diverses théories complotistes qui ont fleuries partout (combien de personnes croient
Hold up? Beaucoup de ce que j'ai vu) comme si c'était un non-sujet et pas un problème alors que beaucoup de théories complotistes peuvent être dangereuses (surtout dans le contexte d'une maladie mortelle) c'est à mon avis tout aussi une mauvaise stratégie.
Cette stratégie du nivellement par le bas, en mode auto-sabotage (certaines critiques légitimes et argumentées du gouvernement sont qualifiées par certains dirigeants de complotistes? Ok disons que nous sommes complotistes pour bien être encore moins pris au sérieux (
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) plutôt que de démonter la manipulation du terme "complotisme" par ces personnes et de rappeler ce que c'est réellement que les théories du complot et leur fonctionnement) me laisse vraiment plus que dubitative.
On peut pourtant démonter les mensonges du gouvernement ET les théories du complot. Faire les deux me semble d'ailleurs assez vital.
On en revient à ce que je disais, et du coup on tourne en rond : pour la définition old school du complotisme, tu vois un nivellement par le bas (j'avais traduits "des abrutis", à tort selon toi), moi je vois une pensée critique en train de se construire.