J'ai pas encore fini tout l'article de Raymond Reviens. Pour être honnête, je le lis par petits bouts quand je peux, parce que j'ai pas trop le temps, et que cet article m'énerve. (Pas contre qui que ce soit, c'est juste pour être honnête sur où j'en suis.)
A ce que j'en ai lu, les deux articles parlent pas de la même chose, en fait.
L'article de Simonae parle d'identité: qui est-ce qu'on est, comment est-ce qu'on se définit. Pour Simonae, la transité est définie comme le fait de ne pas être du genre qui nous a été attribué - point. Les différences de vécu (et les degrés de violences subies) peuvent varier selon les personnes trans, mais ça ne change pas le fait qu'elles sont trans parce qu'elles ne sont pas du genre qu'on leur a assigné. Ce qu'on vit n'est d'ailleurs pas le sujet de cet article, si je me souviens bien.
L'article de Raymond Reviens parle d'oppression: qu'est-ce qu'on vit. Pour RR la transité est définie comme la réalité d'un vécu social: être trans, c'est subir les violences de la transphobie, et qui est-ce qu'on est n'a au final pas d'importance sur ce point-là.
(Raymond Reviens m'énerve parce qu'elle efface qui sont les gens, elle évacue les pourquois d'une transition, et de fait elle reste aveugle à beaucoup de choses. Pour elle, tout ce qui importe c'est la possibilité d'obtenir des avancées sociales, ou d'atteindre des objectifs, et qu'importe que les identités, ou que les gens diffèrent quand les objectifs sont similaires (par exemple, elle considère comme oubliable la différence entre une femme trans et une personne transféminine demi-girl quand on se bat pour un accès à un traitement hormonal - flemme de chercher le lien de l'article où elle dit ça, mais c'est quelque part dans son blog). Mais du coup c'est balayer de la main le pourquoi de ces batailles, et c'est ne pas se rendre que parfois les objectifs ne sont pas les mêmes, que ce soit sur la reconnaissance sociale (parce que par exemple, ça ne me sert à rien que l'Oregon reconnaisse les genres non-binaires sur les papiers d'identité, mais pour Pineapple ça serait plutôt utile), ou sur l'accès aux soins (parce que par exemple en France, ne pas avoir envie d'opération génitale c'est un gros problème quand on cherche un changement administratif de genre, mais c'est un problème théorique pour moi), et que ce qui convient à une personne trans peut ne pas convenir à une autre.
Et puis tout simplement c'est insultant parce que je transitionne aussi pour être reconnue comme étant moi, et que ça me les briserait pas mal qu'on me dise que "ça revient au même" comme elle le fait, et de réduire mon identité à ma transition (ou à mon corps ou à mon genre) comme elle le fait, parce que la différence n'a pas d'importance à ses yeux, et ne mérite pas donc d'être mentionnée, ni même d'exister.)
L'article de RR est tout de même utile, ne serait-ce qu'en soulevant le fait que l'une des facettes du vécu trans, et de la transphobie, c'est la perception qu'autrui a de moi, et que ce n'est pas quelque chose qui est forcément lié à l'identité réelle d'une personne. Peut-être faudrait-il rendre un peu plus clair ce dont on parle quand on utilise le mot trans, vu le caractère fourre-tout de ce mot, et le fait que les diverses définitions qu'on lui donne finissent par se gêner mutuellement. Parler de genre et d'identité c'est important, parler de transition médicale et de ses différentes possibilités c'est important, parler du vécu et des expériences de violences transphobes subies c'est important.
Mais il reste quand même à mentionner que RR est malhonnête et fait un procès d'intention à un article qu'elle n'a pas compris et à un-e auteur-e qu'elle ne connait pas.
Bref voilà, j'ai l'impression d'écrire de la bouillie, et je suis frustrée parce que je n'arrive pas à rédiger tout ça aussi clairement que voulu, désolée.