En fait, le milieu social a un rapport avec la compréhension du harcèlement, mais en aucun cas avec le niveau intellectuel... Et je n'ai pas compris cet article dans ce sens d'ailleurs.
Je m'explique: venir d'un milieu social aisé implique prendre moins souvent les transports en commun et se balader également moins souvent dans des quartiers plus défavorisés où il y a plus de risques d'être confrontée au harcèlement de rue. Ce n'est pas une histoire de compréhension, mais un facteur environnemental.
De plus, le harcèlement se caractérise en partie par sa répétition (et pas seulement par le fait qu'il soit dégradant), qu'il vienne d'une seule et unique personne ou de plusieurs personnes différentes. Et c'est là que l'environnement social intervient: si l'on est moins confronté aux sifflements dans la rue, peut être a-t-on tendance à moins pouvoir comprendre en quoi c'est un harcèlement, et par extension pourquoi s'en offusquer tant cette situation et rare. C'est en ça qu'on peut comprendre que se faire siffler serait compris comme quelque chose de positif: "je me sens belle aujourd'hui, je prends ce sifflement comme un compliment, je le vis bien". Mais vous comprendrez que ça ne peut marcher que si l'on se fait siffler qu'une fois tous les 36 du mois. Si ça arrive 50 fois par jour, c'est vécu comme du harcèlement.
Je précise que je ne dis pas là que les sifflements ne devraient pas être perçus comme du harcèlement ou une dégradation de l'image de la femme. Je suis d'ailleurs tout à fait consciente à quel point non seulement les sifflements, mais également les remarques en tous genres peuvent être mal vécus et ne devraient plus se produire. Je dis juste que c'est là une possible raison de la légèreté avec laquelle Sophie de Menthon prend ce type de harcèlement. Et aussi que c'est là que le motif de la classe sociale est tout à fait pertinent.