Pour rebondir sur les passages du livre de PPDA, je dois dire qu'à chaque affaire de célébrité qui est dénoncée pour violences ou viols, c'est quelque chose qui m'estomaque. Combien les signes avant-coureurs étaient là, et comment ça a pu ne choquer personne à l'époque ?
C'est une question qui m'a particulièrement taraudée quand Flavie Flamant a dénoncé David Hamilton, et que je suis allée voir le type de photos qu'il faisait. J'étais vraiment tombée sur les fesses.
Comment, pendant toutes ces années, on a pu laisser un mec faire carrière sur ce genre de photographies, et ne jamais s'inquiéter de ce qu'il se passait avec ses modèles, ne jamais s'inquiéter de leur jeune âge, ne jamais voir que ces photos érotisaient de très jeunes filles et que c'était très dérangeant, ne jamais voir le problème à avoir la photo d'une pré-adolescente complètement nue se regardant le pubis dans son salon ? Ne jamais réaliser qu'il y avait une forme de pédo-pornographie dans ces photos et qu'on était en train de normaliser ça ?
Je me demande : est-ce qu'on fermait les yeux ? Est-ce qu'on osait rien dire ? Est-ce qu'on avait intégré que c'était normal ? (Et quand je dis "on", c'est un "on" collectif, je parle de la société toute entière)
Pareillement, quand l'affaire Marilyn Manson a éclaté, et que je suis retombée sur le clip de "Running to the edge of the world", j'ai pas pu m'empêcher de me dire "Mais put***, mais c'est pas la première fois que je le vois, en plus, ce clip! Et j'ai pas tilté à l'époque que ça glorifiait la violence contre les femmes ?" Est-ce que j'étais si habituée, si dishinibée, est-ce que j'ai tellement intégré ça comme étant normal, de sublimer les violences contre les femmes à travers l'art, que j'avais même pas réalisé à l'époque à quel point c'était dérangeant ?...