@yeonra je t'avoue que je ne suis pas vraiment d’accord avec cet article (et je n'aime pas beaucoup le ton qu’elle emploie, notamment en parlant de souffrances imaginaires; on peut ne pas être d’accord, mais de là à dire que la souffrance de l’autre n’existe pas, je trouve ça assez moche comme procédé [qui est-on pour prétendre que ce que ressent l’autre n’existe pas?]; On peut avoir son opinion, mais prendre un ton péremptoire, je suis pas d’accord).
Pour moi, ce problème existe réellement, mais par contre, bien évidemment, ça concerne femmes et hommes.
En ce qui concerne la masturbation, j’estime que ça n’apporte pas non plus exactement les mêmes effets qu’avec une personne, ça n’a pas les mêmes implications, ni les mêmes ressentis d’ailleurs. Donc non, je ne trouve pas que la masturbation remplace un être humain. Même biologiquement, si mes souvenirs sont bons, les conséquences biochimiques ne sont pas les mêmes (mais mes souvenirs datent un peu, et je suis trop fatiguée pour faire des recherches). Mais savoir qu’on peut physiquement être désirable, et avoir des rapports en le sachant, ça n’a rien de comparable avec la masturbation où il n'y a aucune obligation de plaire à qui que ce soit. Socialement et psychologiquement, ça n'a rien à voir. Les implications de le faire avec une autre personne sont beaucoup plus grandes.
De plus, elle veut absolument séparer “détresse affective” et “misère sexuelle”, mais au bout d’un moment, je trouve que les deux se rejoignent, au moins pour certaines personnes. Quand on est amoureux/ses, le désir physique se fait aussi sentir, pour la plupart des gens. Je pense pas qu’on puisse séparer aussi facilement les deux. Et être amoureux/se d'une personne qui ne veut pas de contact physique, c'est trèèès dur pour la personne qui doit le subir.
Le problème de la misère sexuelle, selon moi, c’est que c’est un vrai problème mais que certains s’en servent pour justifier n’importe quoi. Notamment quand on sait que beaucoup de violeurs sont bien loins des stéréotypes qu’on s’imagine (beaucoup sont bien loins d'être dans le besoin sexuel justement, et ont déjà eu des expériences).
C’est comme si on disait “c’est normal qu’ils volent, ils sont pauvres”. Ca n’a pas de lien de cause à effet.
Là où je suis un peu d’accord avec l’auteure, c’est quand elle dit que c’est créé par notre société. Effectivement, j’estime aussi qu’au moins en partie la société est responsable, à force de toujours prôner le sexe en valeur première et de le rendre quasi-indispensable dans notre société.
Comme je l’avais déjà dit ailleurs, le sexe a des conséquences beaucoup plus profondes dans notre société qu’une simple relation.
Au delà de la confiance en soi que cela peut apporter quand on sait qu’on est désirable, (ce que la masturbation ne pourra jamais apporter), avoir des relations sexuelles, c’est être une personne “normale”, c’est ne pas être handicapée socialement parce qu’on n’a pas couché, c’est même être considérée comme un/e adulte (car oui, les personnes vierges ne sont pas considérées comme “vraiment des adultes”). Bref, c'est être accepté/e par la société comme un/e adulte à part entière. C'est le mot clé, je trouve : l'acceptation. On est vraiment accepté/e en tant qu'humain notamment si on a déjà couché. C'est vraiment le sentiment que ça me laisse.
Je suis d’accord que la société a beaucoup exacerbé ce sentiment de “misère sexuelle” qui très probablement devait être bien moindre à la base (vivre dans une société où ce n'est pas grave de ne pas coucher, ça fera beaucoup moins souffrir, même si cela n'enlèvera pas le besoin de certaines personnes d'avoir des contacts physiques avec d'autres personnes, et c'est aussi normal).
Mais je ne peux pas dire que c’est une souffrance qui n’existe pas. Au contraire, vu qu'elle n'a jamais été aussi forte que dans notre société. C'est cette société qui a transformé ce problème en monstre.
Le principal problème, à mes yeux, c’est qu’on en parle mal et qu’on l’utilise pour expliquer n’importe quoi.
Il suffit de demander aux célibattues/célibattantes qui ont du subir l'abstinence pendant longtemps, pour demander si cette misère sexuelle n'existe pas. Elle existe. Mais pas comme on le présente dans notre société, à coups de "c'est normal, les hommes ont des besoins" pour justifier des crimes.
Beaucoup de personnes humaines ressentent aussi le besoin de contact physique ! Ils oublient "juste" la moitié de l'humanité.
Même moi qui suis super méfiante et avec une libido à 0, parfois je sens que ça me manque...
Mais effectivement, certain(e)s ressentent un réel manque de sexe, c'est d'ailleurs pourquoi les coups d'un soir/plans culs se sont démocratisés
Peut-être bien, oui...