@Clemence Bodoc
En fait cet argument de la culpabilisation revient extrêmement souvent, et pas que dans le contexte de l'abstention : j'y suis personnellement souvent confrontée dans le cadre du véganisme, donc je vais faire ce parallèle pour illustrer pourquoi culpabilisation et responsabilisation ne sont pas du tout la même chose à mes yeux :
Carniste : pourquoi tu ne manges pas de viande ?
Végane : parce que je refuse de contribuer à un système qui détruit la planète, oppresse des gens & tue des animaux.
Carniste : euh ? Donc tu dis (en gros) : Je suis carniste, donc je contribue à un système qui détruit la planète etc ?
Végane : la consommation de viande, entre autres, permet à ce système de prospérer, oui. Maintenant, le fait que toi, tu arrêtes d'y participer du jour au lendemain, ça ne provoquera pas sa chute immédiate non plus.
Carniste : donc à quoi bon arrêter de manger de la viande ?
Végane : parce que je refuse de contribuer ETC.
Etrangement ton argumentaire pourrait au contraire complétement expliquer l'abstention.
L'abstention c'est refuser de contribuer et d'alimenter un système (le sytème politique démocratique représentatif français) qui repose sur un racisme d'état, qui entretient un sexisme jusque dans ces assemblées, qui est composé dans une écrasante majorité de classe sociale supérieure (et ce quelque soit le bord des élus), et je pense qu'en tant que féministe on a toute conscience de l'importance d'être nous même concernés par des enjeux politiques .
Plus précisemment pour le cas du système des élections on peut ne pas accepter de cautionner un système qui repose sur un clivage artificiel (je ne dis pas que tous les candidats sont équivalents mais que la distinction gauche droite est à questionner), et qui est fait de telle manière qu'au final beaucoup de personnes ne pourront pas avoir un candidat représentant leur idées; ou s'ils sont "chanceux", avoir un candidat qui le soit mais qui sera décrédibilisé des le départ par les médias, les instituts de sondages (voir la manière dont sont fait les sondages) les politiques (le vote utile), etc..
On parle de démocratie : on peut refuser de cautionner et d'alimenter un système qui repose sur une absence totale de contrôle du peuple sur l'application du programme que la majorité a choisi et que les candidats se sont soit disant engagés à respecter.
En allant plus loin on peut aussi refuser un système qui repose sur des candidats et non pas sur des idées ce qui oblige les électeurs à valider et cautionner l'entièreté d'un programme pour les 5 ans à venir. On ne sait pas ce qui va être respecté et ce qui ne va pas l'être. Et comme on aura au final plus validé un candidat qu'un programme, on sera obligé d'assister aux actions de ce candidat, qui seront potentiellement contraires à nos idées, pendant 5 ans, même si ces actions n'étaient au départ pas dans le programme ( et on en sera tenu responsable par les autres politiques et les autres citoyens, au lieu de remettre en cause le système qui a aboutit à cette situation).
Du coup on peut ne pas cautionner un système antidémocratique (ne respectant pas la volonté du peuple) et non representatif. Y participer ce serait le cautionner et l'alimenter.