Mais en quoi c'est un procès d'intention de se demander qui est derrière la production ou la réalisation d'un film, à qui il s'adresse, quel message il délivre, pourquoi il vient au jour...? Ce n'est pas parce qu'on se pose ces questions qu'on a un rapport biaisé au résultat, les réponses n'ont pas vocation à retirer de la légitimité à ce qui est présenté, enfin ! La contextualisation fait partie de l'appréhension d'une oeuvre il me semble. Est-ce que c'est totalement neutre, par exemple, qu'un film sur l'esclavage aux US soit réalisé par un blanc ou par un noir ? C'est valable pour toute oeuvre, y compris les fameux James Bond sur lesquels porte l'article initial.
Voici trois articles (en anglais) que j'ai trouvés intéressants, sur la résurgence dans les années 2010 de films américains (avec exemples à l'appui) qui abordent la thématique de l'esclavage au cinéma, et qui la mettent un peu en perspective (à voir si on tombe dans le procès d'intention ?). Malheureusement je ne reconnais bien volontiers ne pas avoir vu tous les films mentionnés.
historians.org
washingtonpost
ebony
Le procès d'intention, c'est de voir
SYSTEMATIQUEMENT du tokenism lorsqu'un acteur noir participe à un film, même quand la production de ce dernier ne communique pas sur sa couleur de peau, comme dans ce nouveau 007.
Le procès d'intention, c'est d'accuser un film de jouer sur la "repentance", d'être larmoyant juste parce qu'il présente (et c'est assez rare) un témoignage non édulcoré du vécu d'un esclave, de son point de vue à lui.
Avec un tel raisonnement, il semble tout simplement impossible d'intégrer un protagoniste noir, en fait. Bon, à la rigueur il peut avoir un rôle secondaire (souvent cliché d'ailleurs), à condition de pas trop prendre de place. Voilà où on en est...
Puisque le sujet concerne la franchise Bond.. On parle du fait qu'Idris Elba a dû renoncer à un rôle à cause du harcèlement raciste qu'il a subi ?
Il aurait été blanc... on aurait hurlé à la censure/ cancel culture.
Bref un ensemble de polémiques, parfois même contradictoires, qui font que au final... ça n'ira jamais quelque soit le type de film/ la manière dont le personnage est écrit.
Bon... le cas Elba reste un extrême. Dans la majorité des cas, cela n'empêche pas le film de se faire, voire même parfois d'avoir son succès si la qualité est au rendez-vous. Heureusement pour la liberté d'expression. Mais avant de pouvoir en arriver là, la polémique et l'attaque des rageux semblent inévitables et on aura du mal à m'expliquer qu'il n'y a pas de racisme dans ce phénomène.