Ca ne m'étonne même pas, d'un côté. On ne nous a jamais réellement appris à s'aimer et s'accepter, au contraire notre environnement (notamment par la pub) nous entraîne à penser qu'on n'est toujours pas assez ceci, pas assez cela. Trop de poils, trop de cellulite, les cheveux trop plats, trop bouclés, trop mince à tel endroit du corps, trop grosse à tel autre endroit... Ca plus le fait qu'on nous matraque sans arrêt avec des physiques qui rentrent parfaitement dans la norme (mannequins pour la mode, actrices dans les films / séries qui correspondent en majorités à ces standards, présentatrices TV etc).
Je parle pour ma génération (je ne sais pas comment c'est actuellement) mais je me rappelle qu'ado c'était constamment ça : il fallait à tout prix rentrer dans les clous, même si très peu de personnes y arrivent au final. Plus jeune j'étais pétrie de complexes, j'étais tellement imbibée de l'idéal classique (femme blanche aux cheveux lisses, gros seins, ventre plat, petites fesses, pas un seul poil sauf pour les cils / sourcils, petit nez retroussé, grands yeux) que je me trouvais évidement très moche. Déjà enfant j'avais intégré ça ! Je me souviens de mes camarades d'école primaire (!!) qui se faisaient des concours de régime et comparaient déjà leurs poids. Leurs mères encourageaient la chose, car elles-même subissaient à fond cette pression autour du corps.
On se sentait vraiment comme des merdes de ne pas réussir à ressembler aux mannequins de la pub Gilette ("I'm your Venus"
) alors que nos corps n'étaient même pas encore formés. Sans personne derrière pour nous expliquer que c'est du flan. Et j'ai lâché beaucoup trop d'argent de poche pour ça, sans réelle satisfaction en retour.
L'amour de mon corps, je l'ai arraché à tout ça, il a fallu que je découvre le féminisme et que je remette notre société en question avant de comprendre que oui, je suis belle à ma façon, avec mes particularités physiques (qui ne sont pas, et ne seront jamais des défauts). Il a fallu aussi que je me rende compte que je trouve beaux mes proches avec leurs différences, et que si je trouvais le grand nez d'untel magnifique, je pouvais aussi aimer le mien.
Je ne sais pas si les jeunes aujourd'hui ont l'occasion d'aborder ce thème en cours ? L'influence des médias sur notre perception de nous même, le gros business qui l'entoure, la retouche des pubs etc... Ce serait vraiment top. Après je sais que beaucoup de personnes restent attachés à l'idée qu'il existe une beauté objective et qu'on peut s'accepter en se disant moche. Perso, j'ai pris le parti inverse, car ça m'apporte bien plus de joie et de satisfaction au quotidien de me trouver belle. Donc j'ai plutôt tendance à encourager les gens à voir leurs caractéristiques physiques sous un meilleur angle, à apprécier ce qui compose leur corps. De même, ce qui peut être communément admis comme un défaut (des dents de travers, des cernes, une peau marquée...) peut au contraire être LE détail séduisant pour une autre personne. C'est ça qui m'a aidée à m'accepter d'ailleurs : de voir que ce qui était des complexes chez mes ex étaient au contraire une chose qui m'a terriblement attirée. C'est bête dit comme ça, mais j'en ai eu besoin.
Pour moi ce n'est vraiment pas une courses à la performance et à l'acceptation de soi à tout prix, c'est juste que j'en ai tellement souffert que ça me fait mal au coeur de me dire que tant d'autres personnes connaissent ça également. Ca me pétait le moral de passer devant un miroir et de me dire "je suis dégueu". Je pense que c'est important de ne pas être rebuté-e par son propre corps, c'est notre compagnon de route après tout.
Merci encore Queen Camille pour cet article
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