Les nouvelles de Salinger m'avaient assez déçue, il faudrait que je les relise.
Sinon j'ai lu un bouquin qu'il faut absolument lire si vous tombez dessus, si c'est pas déjà fait. C'est L'enfant brûlé de Stig Dagerman, et je dois dire que j'ai rarement lu un livre aussi vrai, aussi simple dans le style et pourtant terriblement fort. Je l'ai plus mais je sais que sur la 4è de couverture était écrit quelque chose comme le fait que l'écrivain "plonge ses filets au plus profond de nous-même pour faire remonter les trucs les plus inavouables" (citation approximative on s'en doute), pas inavouables dans le sens qu'ils sont honteux mais... je ne sais même pas comme dire, ce livre paraît vraiment simple dans la façon dont il est écrit et c'en est d'autant plus fort, enfin ça se passe presque de mots.
Disons que d'habitude, dans la majorité des romans, quand on a le sentiment que l'écrivain a bien analysé je ne sais quel sentiment, ça reste finalement assez superficiel, ça touche parce qu'il a dit telle chose dans laquelle on se reconnait tandis qu'il peut y en avoir d'autres qui ne nous conviennent pas. Je pense franchement que ce livre ne peut que parler, à tout le monde, j'ai l'impression de ne jamais avoir lu ce qu'il dit et pourtant l'écrivain donne des sentiments à ses personnages qui sont partagés par tout le monde je crois. Peut-être jamais dits, c'est ça qui est merveilleux.
Les phrases sont toujours assez courtes et il n'en fait vraiment pas trop, c'est tellement bien comme ça. C'est écrit à la troisième personne mais la narration se concentre sur les sentiments d'un personnage, et avec la distance de la focalisation ressort presque une sorte de naïveté qui fait qu'on croit vivre avec le personnage, partager tout ce qu'il ressent. On a l'impression de découvrir la vérité en tournant les pages, je suis épatée.
J'ai même envie de mettre un extrait même si je trouve ça dommage parce que tout seul il perd un peu sa force. Tant pis :
"Il fait presque noir dans l'antichambre, mais il n'allume pas. A présent il a peur de la lumière.
Mais ce qui arrive ne lui fait pas peur. Car en nous, nous portons tous l'image d'une chose terrible qui nous arrivera une fois, quand il fera très sombre, l'image de quelqu'un que nous rencontrerons un soir de pluie et de grand vent, l'image de quelqu'un que nous trouverons debout derrière la porte en entrant dans une chambre. Nous portons tous en nous l'image d'un spectre. C'est pourquoi nous ne sommes pas vraiment effrayés le jour de la terrible rencontre. Car chaque soir, à la nuit tombante, nous l'avons attendu. Le terrible sentiment d'un accomplissement fatal, c'est tout ce que nous éprouvons."
!!!!
Achetez-le.