Merci pour ton message et tous ces big up ça me touche beaucoup!
Il est en général très difficile d'en parler, car personne ou presque ne me croit, et pire, les personnes se moquent, me culpabilisent, me disent que c'est de ma faute.
Je me suis brouillée récemment une amie en abordant le sujet, une jeune femme d'à peine 30 ans, mince, aux longs cheveux, toute jeune mariée. Je sais pourtant qu'elle a traversé un cancer récemment, son histoire m'a beaucoup touchée. Me dire "mais non tu es toute jolie" c'est certes très gentil, mais continuer à nier mes souffrances à un moment où justement, j'étais très mal, balayer mes questionnements, affirmer que c'est moi qui me trompe, alors que je me suis ouverte à elle de mon passé, mes opérations, mes efforts, c'est très violent, cela m'a été insupportable et c'est pourtant elle qui a coupé les ponts avec moi. Est-ce que ma réalité dérange?
C'est amusant, mais c'est la chanson de Bénabar qui m'est revenue, même si elle n'aborde pas exactement le même type de situation que la mienne :
"Certaines tombent amoureuses
C'est pur, ça les élève
Moi je tombais amoureuse,
Comme on tombe d'une chaise.
'Celles qui ont l'habitude
qu'on les cajole,
Ignorent la solitude,
Que rien ne console"
(J'avoue, cette chanson, à chaque fois que je l'écoute me donne une grosse boule à le gorge et me fait pleurer
)
En fait, je ne veux la pitié de personne, je me sens déjà assez ignorée par la société, les médias, les conversations. Je voudrais juste être entendue, sans être jugée ou niée. Quand j'ouvre mon appli de suivi de mes règles (très douloureuses) je lis "forte probabilité de tomber enceinte", quand je vais faire une écho pour comprendre d'où ça vient on me répond "oh, mais vous avez des ovaires de jeune fiiiillle" (euh, d'accord, mais euh.. concernant mes douleurs?), quand j'ouvre Madmoizelle ou d'autres médias, je vois plein d'articles sur les positions sexuelles, la vie de couple, le plus drôle étant ceux du genre "comme épicer de nouveau sa vie de couple après tant d'années". Ces choses sont probablement normales, mais moi, ça me donne des coups de poignard dans le cœur tout ça, ça me donne l'impression que je suis exclue de ce monde, alors que par ailleurs, je me sens tout à fait normale et bien avec les autres.
Autre cas, on pense parfois que si je suis seule, c'est que je n'ai pas de libido, alors que c'est tout l'inverse, et ça me rend dingue. Je dis parfois pour expliquer : "'c'est comme quand tu vois une superbe robe dans une vitrine, ou une belle voiture. Oui, tu en as graaaaaaave envie, mais tu n'as pas les moyens. Est-ce que tu vas t'approprier l'objet malgré tout? Et sinon, est-ce que cela veut dire que tu n'as pas envie de cette robe ou cette voiture? Non. C'est juste qu'on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie. Faut prendre sur soi et faire avec! "
Autre exemple, j'avais recommencé à voir une psy il y a deux ans, justement sur les conseils d'une amie qui elle aussi en passant nie mon problème : "ah mais mon ami Y [un cassos qui fréquente régulièrement des prostituées et qui m'avait fait flipper quand je lui avais parlé à sa soirée] tu lui as fait beaucoup d'effet lors de la dernière soirée. Tu vois que tu plais!"
Donc cette amie, devenue ex-amie pour d'autres raisons, me conseille une psy, supposée être "une fée". J'ai un premier très bon contact, donc j'y vais. Je l'aime bien, elle est sympa, le contact est bon. Seul problème au fil du temps, je ne comprends pas trop quel est l'intérêt, puisque moi j'ai envie d'avancer dans la vie, quitte à changer certains de mes schémas, de mes croyances, mais pas de resasser mon enfance, ma mère ou la mort de ma soeur.
Et donc, ce jour-là, en juin, où j'ai de nouveau rencontré quelqu'un qui me plaît pour découvrir qu'en fait, bah non, c'est juste amical, je ressens le besoin d'en parler avec elle lors d'une séance. La frustration me ronge, me rend dingue, j'ai honte aussi, j'ai envie de retourner cette rancoeur contre moi, je ne sais pas quoi faire de ces émotions, j'ai besoin d'aide. Je veux comprendre, donc je prends sur moi et j'essaie de lui donner tous les détails, même les plus embarassants, de me dévoiler. Bref, je ne veux rien cacher, je veux être vraie pour qu'elle puisse vraiment m'aider. Et là, elle me dit "oh mais pourquoi vous n'allez pas sur Tinder?" bon, on s'éloigne du sujet, mais je suis toujours bonne poire et je réponds. Je prends le temps de réfléchir, et je lui explique qu'au début de la 20aine, j'avais rencontré sur internet des personnes (pas des sites de rencontre, mais des forums de discussions à l'époque) et que je les avais rencontrés à leur demande donc et pour la première fois, j'ai réussi à mettre en mots que comme dans le cas du "garçon n°1" mentionné plus haut, eh bien je me suis retrouvée à avoir des rapports non réellement consentis avec les garçons rencontrés, car lors de la rencontre, certains m'ont embrassée puis amenée à plus, et je n'ai rien dit, alors que ça ne passait pas du tout en vrai, même je ressentais du dégoût. Bref, je m'ouvrais à peine des choses douloureuses et enfouies depuis longtemps pour lui expliquer en quoi la rencontre en ligne me faisait peur, que j'avais besoin d'abord du contact réel déjà, et que j'étais peut-être trop fragile pour être capable de "trier" comme le font mes amies adeptes des applis. Et là, paf, elle me sort exaspérée "oh, enfin bon, moi j'ai plein de patientes, si elles ont envie d'un coup d'un soir, elles vont sur Tinder et elles trouvent.. Bon. alors, notre prochain RDV...". Et bam, séance terminée.
Je me suis retrouvée devant la porte de son cabinet dans la rue, en état de choc. Je devais aller à un RDV professionnel. Soudain, j'ai réalisé que je n'arrivais plus à m'orienter, que quelque chose de bizarre se passait dans mon cerveau. Et d'un coup, j'ai commencé à avoir des spasmes involontaires du visage, et un de mes yeux s'est mis à cligner et l'oeil "à tourner". Je suis allée aux urgences en soirée, le doc m'a donné des anxiolytiques, je lui ai demandé ce qui se passait, s'il avait vu d'autres cas, il m'a juste dit "oui, ça arrive". Le médicament n'a rien fait, mais le lendemain c'était fini, mais, les premiers jour quand je parlais de cette séance à mes amies, je sentais mes paupières vibrer un peu. Flippant. Mais sinon, ça n'est plus jamais revenu.
CONCLUSION : je pense que mon corps et mon cerveau m'ont parlé : "arrête de nous faire du mal, de te faire du mal, de t'infliger des discours néfastes, on n'en peut plus! Stop! crois en toi, aime-toi, fais-toi confiance fais confiance à ton ressenti, tes émotions! Ne laisse personne te faire croire que ces émotions n'existent pas ou doivent être tues!
"
Je pense que je n'irai plus jamais voir un psy, je ne vois que le psychiatre pour le suivi du TDAH qui ne m'apporte pas grand chose à part la sacrosainte prescription, mais au moins n'est pas néfaste
. J'ai beaucoup réfléchi et compris au fil du temps que dans notre société on a tendance à envoyer les personnes en souffrance voir des psys, alors qu'en réalité, ce n'est pas elles qui en ont nécessairement besoin. La souffrance peut être due à des facteurs extérieurs (manque affectif, entourage toxique, insatisfaction professionnelle, etc) et je ne pense pas qu'aller voir un psy va aider. Peut-être est-ce utiles pour certain.e.s, quand la parole est difficile, qu'on ose pas parler à l'entourage. Ce n'est pas mon cas, je parle très facilement. En revanche, écouter les autres, découvrir d'autres "moi" à travers des lectures, des films, ça, ça me nourrit.
Ma philosophie c'est : si ça ne va pas, soit tu agis et tu changes les choses sur lesquelles tu as du pouvoir, soit tu fuis, tu évites quand tu ne peux rien changer. Et puis, j'en ai vu une vingtaine au moins de psy dans ma vie, en tant que patiente, en cabinet, à l'hôpitel ou en connaisances/amies, et vraiment, il y en a beaucoup qui sont toxiques, qui ont une communication passive-agressive, qui vont même te mettre des idées toxiques en tête ou qui juste ne sont pas capables de dire "je ne sais pas", "il n'y a pas forcément de raison".