leahle;4887157 a dit :
@
Cleos : Désolée pour la réaction un peu tardive !
Merci d'être intervenue, je suis désolée si mes messages précédents portent à confusion. Le SVE n'est pas un emploi, et les associations ne sont pas censées nous demander de connaissances préalables ou un bon niveau en langue. Je suis tout à fait d'accord qu'il ne faut pas se censurer, et que si un projet nous plaît et nous motive, il ne faut pas avoir peur de se lancer.
Par contre je pense que les "craintes" de @
Poush'ka (que j'ai partagé) sont compréhensibles.
Oui, les associations sont censées avoir des tâches accessibles à nous proposer, et oui le travail réalisé par le volontaire au sein de l'association n'est finalement pas l'intérêt principal du programme (mais plutôt l'échange et la découverte).
Cependant, quand j'ai choisi de partir un an avec ce programme (c'est quand même une longue durée), j'ai voulu participer à un projet où j'aurais des tâches intéressantes à faire, et il m'a semblé (peut-être à tort) que ce serait davantage le cas si j'avais un bon niveau dans la langue de travail, ou bien quelques connaissances/expériences en lien avec les activités de l'association.
Je sais qu'il y a plein de contre-témoignages de volontaires pour qui ça se passe très bien, malgré la barrière de la langue et le manque d'expérience, et qui ont justement beaucoup appris. Mais j'ai aussi lu (notamment ici) des témoignages de volontaires qui se sont retrouvés sans rien à faire, isolés, et qui ne se sentaient pas bien. Je pense qu'il y a une part de chance... Et j'ai essayé de diminuer les risques à ma façon.
Mais j'aurais quand même pu me planter, et avec un peu de recul je suis d'accord avec @
MorganeGirly lorsqu'elle dit qu'il vaut mieux prendre le SVE comme une expérience globale, et ne pas surinvestir l'un des aspects (moi c'était le travail au sein de l'asso) pour ne pas être déçu.
Sinon @
galbi9 , le pseudo de la Madmoizelle en question est @
Skjoldmø , mais je ne sais pas si elle se connecte encore souvent. J'espère que cela ne la dérange pas que je la mentionne !
et @
paw37, où en es tu dans tes préparatifs ?
Bises à toutes
Salut les filles!
Désolée Leahlé, j'avais oublié de répondre à ta première mention
Alors oui j'ai fait un SVE de 7 mois il y a quelques années. Ce n'était pas mon premier long séjour à l'étranger et à l'heure actuelle j'ai vécu dans 4 pays différents en dehors de la France et je m'apprête à déménager dans un autre donc j'ai un peu de recul pour faire un bilan de mon SVE en tant qu'expérience internationale
J'attendais des choses de mon SVE et ça n'a pas fonctionné comme je m'y attendais mais en échange j'ai appris des trucs que je n'avais pas prévu.
Avant de partir, je voulais :
- Parler couramment ma 2e langue du collège, c'était mon objectif numéro 1.
J'espérais aussi faire une expérience associative intéressante.
Le projet n'a vraiment pas du tout fonctionné comme prévu et il se trouve que je suis loin d'être la seule SVE à qui ça arrive, surtout dans les pays les plus "neufs" comme les pays de l'Est où le monde associatif est moins encadré.
Je n'ai pas acquis énormément de compétences, on était un peu livrés à nous-mêmes et à l'heure actuelle j'exagère énormément cette expérience sur mon CV (parce que sur le papier, ça peut me servir). Je me souviens de quelques journées de boulot marquantes mais sur 7 mois, ça ne fait pas grand-chose en fait... On passait beaucoup de jours à ne rien faire avec une connexion internet défaillante. Il n'y avait même pas de bureau et l'une des responsables ignorait qu'elle devrait nous encadrer jusqu'au jour où on est arrivés! Du coup, les premières semaines avec elle était difficile, elle nous en voulait beaucoup d'être là et faisait tout pour nous mettre sur la touche.
Ma référente sur place me disait de tirer le positif de cette expérience plutôt que de ruminer ma frustration et à l'époque, je ne l'écoutais pas. J'étais vraiment en colère de "gaspiller" mon droit au SVE à faire un projet bidon, je me suis plainte à mon organisme d'envoi en France mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose à part annuler le projet... Ma référente avait fait un SVE aussi et elle me disait que l'important c'était l'expérience interculturel. Maintenant, je suis d'accord avec elle mais à l'époque, j'en attendais trop : une sorte de package "méga expérience de vie" qui me fournirait des compétences pro, linguistiques, humaines etc.
Je voulais surtout parler couramment ma langue et ça n'a pas du tout marché. Tu fais bien de souligner l'importance de pouvoir communiquer dans ton projet parce que ne pas pouvoir parler augmentait ma frustration.
Comme j'étais très bonne en anglais et que certains interlocuteurs avaient un super niveau de français, je préférais souvent la facilité en parlant français et anglais. Résultat, je n'ai pas beaucoup progressé et ça a commencé à se débloquer seulement un ou deux mois avant mon départ... mais c'était trop juste pour "garder" ce niveau sur le long terme et j'ai en fait commencé à parler couramment en travaillant dur par moi-même une fois rentrée (mais encore aujourd'hui, j'ai un niveau moyen).
Par contre, j'ai tiré des choses inattendues de cette expérience :
- Je suis devenue plus sensible aux questions interculturelles. La frustration, les blocages, la barrière linguistique et des personnes que j'ai rencontrées m'ont permis de réfléchir en profondeur aux différences, aux incompréhensions etc. Je pense que j'ai un rapport aux cultures étrangères bien plus fin qu'autrefois et que j'arrive mieux à prendre du recul quand je traite avec des étrangers. C'est extrêmement utile professionnellement et c'est une compétence qui est très très sous-développée chez la plupart des gens. Je m'en rends compte tous les jours parce que je dois souvent "stopper" des collaborateurs en disant "Si tu fais ça avec ces interlocuteurs étrangers, tu vas te les mettre à dos même si tu es persuadé d'être légitime!".
- J'ai aussi rencontré des personnes qui ont ouvert ma réflexion sur ce que je voulais faire dans la vie. En fait, cette expérience m'a fait tellement réfléchir que j'ai su avec plus de précision où je voulais aller. Je n'en suis pas tout-à-fait là aujourd'hui mais petit à petit, je construis mon parcours en affinant mes projets à partir de ce que j'ai appris en SVE.
- J'ai découvert le monde des projets européens et j'ai été familiarisée avec l'UE dans son fonctionnement concret de manière bien plus réelle que n'importe quel cours de fac (et notamment grâce aux formations le long du SVE). Dans le même style, j'ai aussi appris les bases des techniques participatives pour monter des projet, mener des réunions sur le "changement" etc. Bon, c'est très basique mais c'est aussi un ensemble de compétences que des tas de gens n'ont pas.
Des témoignages que j'ai entendu, beaucoup de jeunes en SVE ont déchanté comme moi. Certains étaient moins frustrés parce que c'était leur première expérience et, pensaient-ils, leur seule chance de partir. Moi j'avais l'impression d'avoir le monde à mes pieds et du coup, ça m'énervait que ça ne marche pas comme je le voulais.
Mais en dehors de ça, j'ai rencontré des gens dont l'asso détournait une partie de l'argent, d'autres qui débarquaient là où il n'y avait pas de projet réel et passaient donc leur séjour à voyager avec l'argent du SVE, d'autres qui n'arrivaient pas à faire plus que des tâches basiques parce qu'ils ne comprenaient pas la langue des gens avec qui ils bossaient etc.
Et la solution souvent c'est de se plaindre à l'agence d'envoi... qui annulera le projet et peut-être votre seule chance de faire un SVE!
Mon SVE a été une expérience cruciale mais pas toujours agréable. Aujourd'hui, si je devais le refaire, je regarderais mieux :
- Le sérieux de l'asso, sa réputation, le nombre de projets qui ont réussi, et ce qu'ont fait les SVE avant moi dans cette même asso.
- La capacité de cette asso à admettre le changement et à transmettre ses connaissances.
Je me bougerais aussi plus pour parler la langue, même si c'est très difficile et que ça limite mes moyens de communiquer.
C'est pour ça que je dis que l'essentiel vraiment c'est l'expérience globale : pas de devenir bilingue, ou un meilleur éducateur social ou de vraiment changer les choses ou que sais-je. Mais vraiment ce qu'on va en tirer humainement, ce qu'on va apprendre sur l'altérité, la découverte d'une autre communauté et du monde non-commercial. Et je ne dis pas ça juste parce que cet aspect a réussi pour moi mais parce que c'est le but exact du SVE, la raison pour laquelle il a été créé : apprendre à s'adapter aux autres Européens, à comprendre leurs réactions, à mieux les connaitre.
A côté de ça, on peut tirer plein d'autres choses en fonction des projets et des pays mais on ne peut pas vraiment prévoir à l'avance ce qu'on va y trouver.
Donc l'essentiel pour moi c'est d'éviter les assos bordéliques (sauf si la découverte de son pays nous attire énormément) et surtout d'éviter les assos qui piochent dans le SVE pour les subventions avant l'échange.
Une fois qu'on a vérifié ça et qu'on est exigeant là-dessus : tout peut arriver et il faut s'y préparer je pense