C'est marrant, je n'ai pas du tout interprété cette vidéo comme une injonction. Au contraire! C'est une vidéo qui remue les tripes, qui chamboule, qui parle vrai. Solange m'a bouleversé, sans savoir quoi trop en penser. Puis je l'ai revisionné. Cela m'a fait penser à cet interview sur votre canapé, où tu la vois, la figure décomposée, chiffonnée, la voix toute tremblante parler de l'humour "des filles". Je l'ai retrouvé là. Je ne suis pas forcément d'accord sur tout, mais j'ai plutôt eu l'impression que c'était une logorrhée sur ce que l'on ne dit pas. La société est aliénatrice, elle nous fait aimer ce qui nous fait souffrir. Il ne faut pas dénigrer ce qui est féminin, mais il faut accepter le fait que la société est faite d'une manière telle qu'en tant que femme il est nécessaire de se battre doublement. En cela, cette vidéo est une injonction: oui (bien que plutôt une prière) mais à l'action.
Cette vidéo ne dit pas (à mon sens mais chacun est libre d'interpréter cela comme il le veut): fait cela ou ne fait pas cela. Elle nous amène à réfléchir : est-ce que c'est vraiment la peine de se forcer à des choses qui peuvent potentiellement nous faire souffrir? Qui nous aliènent?
En fait, je trouve cela un peu naïf de dire "je décide de me maquiller ou de porter des talons, j'aime m'épiler": on a été conditionné pour aimer et faire cela par la société. Où est la part de liberté, de véritable choix dans tout ce conditionnement? Et c'est une véritable question que je me pose sans trop avoir de réponse.
Personnellement, en tant que jeune fille presqu'adulte, cette vidéo m'a fait un bien fou. J'en avais les larmes aux yeux. Il faut entendre cela, c'est nécessaire. Parce que Solange prend un plis que je n'ai encore jamais entendu. Et je suis intimement persuadée que c'est un impératif de réécouter Solange, que d'autres relaient ce message. C'est à contre courant, elle se place dans une position que peu ose prendre: elle s'engage. Elle dénonce aussi. Et si cette vidéo est aussi violente, c'est aussi parce qu'elle ose dire des choses que l'on n'entend presque jamais.
Alors, oui, j'avais envie de pleurer, j'avais envie de la prendre dans mes bras, parce qu'elle m'a libéré, chamboulé comme jamais. Je me suis vraiment retrouvée dedans. Son message est un uppercut mais on en besoin si on veut véritablement l'égalité. Parce que l'on obtiendra jamais l'égalité en souriant bien gentiment et en fermant notre bouche bien maquillée. On ne fera pas la révolution en talon aiguille. Il faut s'affranchir de tous cela.