Il est facile de critiquer les dires du clergé quand on ne cherche pas à comprendre la base de leur idéologie : la défense du plus faible.
La doctrine de l'église sur le plan sexuel est la chasteté, et le fait que les rapports sexuels sont pour la procréation et rien d'autre. Leur conception de la vie est aussi qu'une vie apparaît dès la conception (ce qui fait qu'en fait, aux yeux de l'église, la personne la plus faible est l'embryon que l'église considère déjà comme un humain). Du coup, vu comme ça, leur argumentation est davantage compréhensible.
Mais je ne suis pas d'accord quand-même.
Nous vivons dans une société où on prône le sexe à outrance. On doit faire avec. Le fait d'interdire l'IVG tout en prônant le sexe à outrance n'est pas compatible selon moi, au vu des risques d'accident même subis par des personnes attentives, qui fait que si on a des relations sexuelles régulières, certaines personnes même sérieuses dans leur contraception auront tôt ou tard un accident. Et je ne suis pas sûre qu'il soit bien pour un futur enfant de naître en étant subi plutôt que désiré.
Après, en ce qui concerne les "dérives", je suis d'accord avec les autres, à savoir qu'il y a un grand tabou et une grande désinformation.
Parler d'avortement de confort me gêne dans le sens où ce n'est pas un acte anodin, et ce n'est sûrement pas par plaisir qu'on va avorter. Certaines personnes peuvent bien le vivre, et d'autres peuvent très mal le vivre.
Mais je trouve très important qu'elles aient le droit (et le droit de ne pas être jugées) à l'avortement si elles estiment que c'est mieux pour elles.
Le fait d'avoir internet ne fait pas tout, beaucoup de personnes ne vont pas forcément chercher par elles-mêmes, et l'éducation sexuelle est très pauvre en France.
Qu'en est-il des différents moyens de contraception, de leur taux d'échec, des mythes à déconstruire, de leurs avantages et inconvénients? (et merci de pas forcer les femmes à prendre que la pilule et de respecter leurs choix contraceptifs).
Quid des conséquences physiques, psychologiques, juridiques, financières, dues au fait d'avoir un enfant, et des droits des femmes et des moyens mis en place pour renoncer à une maternité non désirée?
Qu'en est-il de la possibilité de double contraception pour une meilleure protection?
De comment bien choisir son gynécologue afin de ne pas être forcée à choisir une contraception qui ne nous convient pas (l'oubli/vomi de pilule est la première raison d'accident de grossesse)? (et vive le lobby de l'industrie pharmaceutique [ironie]).
D'informer sur la pilule du lendemain et de démentir les mythes mensongers? voire même d'expliquer aux garçons que ça serait vraiment cool que ce soit à eux de l'acheter à cause du jugement des professionnels de santé ou pharmacie auxquels sont régulièrement confrontés les femmes et qui est une des raisons qui les empêche de la prendre (ce qui explique en partie pourquoi certaines études montrent qu'une grande majorité de femmes considèrent la pilule du lendemain comme une avancée, mais que paradoxalement, peu de femmes la prennent, justement entre autres raisons par peur du jugement du style "une pilule du lendemain? mais vous n'êtes pas sérieuse avec votre contraception!").
Le manque d'information fait cruellement défaut, il y a encore une certaine honte, une certaine gêne à parler de ce genre de sujets, et si on ne cherche pas soi-même aux bons endroits, on loupe plein d'informations importantes et on est facilement victime de la désinformation du premier escroc venu, qu'il soit une personne lambda ou un professionnel de santé.
Comme le dit
@MilanKey, il y a une désinformation et un tabou/refus de parler assez énorme, et ce sont des problèmes auxquels il est très important de remédier.
Le message de
@shavri est aussi super intéressant sur les pressions des gynécologues et la difficulté d'en trouver un qui nous respecte. Tout comme le fait qu'il faille chercher soi-même les infos, au risque de se faire piéger si on ne sait pas comment ni où chercher.
Personnellement j'aurais deux sites en particulier à donner pour des infos sérieuses, c'est
www.choisirsacontraception.fr
www.martinwinckler.com
D'après de récents chiffres, on aurait 360.000 grossesses non désirées dont 210.000 menant à une IVG.
Le taux de naissances non planifiées ou non désirées serait d'entre 15 à 20%.
http://www.carnetsdesante.fr/Grossesses-non-desirees-ce-que
http://sante-medecine.journaldesfemmes.com/contents/183-contraception
Et je rejoins ce que dit
@Gressinni sur le fait qu'aucune contraception ne protège à 100% d'où l'intérêt de se protéger et de vraiment bien s'informer sur les risques, (voire accessoirement mais c'est mon opinion, de ne pas le faire avec n'importe qui mais de connaître la personne un minimum avant, histoire de voir avec qui on a affaire).
Mais même en prenant des précautions, les accidents arrivent et heureusement que l'IVG existe car je trouve important de pouvoir garder la vie que l'on souhaite mener.
Et pour une femme mal informée, ce n'est pas forcément de sa faute non plus, elle peut être victime d'un certain tabou de ses proches ou des établissements scolaires sur la question, elle peut être victime d'un milieu religieux qui refuse de parler de ça, elle peut chercher par elle-même, et comme on trouve tout et n'importe quoi sur le net, elle peut lire et croire des choses fausses (même de sites réputés fiables, si on ne fait pas suffisamment attention et qu'on ne compare pas suffisamment les infos entre elles), etc... donc heureusement que l'IVG existe. Pour toutes.
C'est juste que quand une femme arrive en demandant une IVG, s'entendre répondre "prenez 7 jours pour y penser, c'est obligatoire", c'est infantilisant.
Disons que pour tout acte de ce genre, qui donne la possibilité de changer une vie, une période de réflexion est toujours évoquée par les professionnels de santé. Peut-être souhaitent-ils s'assurer que la personne y a vraiment réfléchi et que ça ne s'est pas décidé sur un coup de tête, ce qui peut aussi se comprendre, malgré l'aspect infantilisant en effet.
De même pour la ligature des trompes, ou pour les hommes, de la vasectomie, la période de réflexion sera aussi obligatoire.
Mais je suis d'accord que c'est l'aspect obligatoire qui est très gênant dans l'histoire.
Cette impression d'infantilisation est aussi renforcée par le fait qu'il y a déjà beaucoup d'attitudes infantilisantes de la part des professionnels de santé envers les femmes, donc c'est sûr qu'à partir de là, on se demande toujours si on nous conseille ou si on nous infantilise.
Après, le problème majeur de l'IVG, ça sera le temps : en France on a que 12 semaines après la conception et quand on a aussi peu de temps, chaque semaine compte, donc si le temps de réflexion est obligatoire, ça peut être très dangereux pour la femme en question qui veut avorter (à moins d'avoir les moyens d'avorter en Hollande où là-bas c'est 24 semaines, soit le double de la France, mais ça sera pas à la portée de tout le monde). Et les professionnels de santé pro-vie jouent énormément sur cette courte durée de 12 semaines pour faire en sorte qu'il soit trop tard pour les femmes d'avorter.
Donc je serais assez d'accord avec le fait de proposer une période de réflexion, mais qu'elle soit obligatoire, en effet ça peut être très dangereux en plus d'être infantilisant.
En quoi avorter ça change une vie ? Autant avoir un enfant ça bouleverse ta vie ça c'est certain, mais avorter ça change que dalle à ta vie hein !
Je rejoins
@Anableps et tu y as de toute façon répondu, mais juste pour dire en effet qu'il y a plusieurs cas de figure.
Je connais des femmes qui ont très bien vécu leur avortement, et d'autres qui ne s'en sont jamais vraiment remises. D'ailleurs tu l'exprime assez bien par ton premier avortement, même si dans le cas de traumatismes, ce que tu as pu ressentir a probablement été ressenti de manière décuplée chez les femmes qui l'ont vécu comme un traumatisme, et pour qui le deuil de leur enfant hypothétique n'a pas été fait (car justement aussi, elles ont considéré - d'elles-mêmes ou en étant influencées - que c'était un enfant à naître et non un amas de cellules).
Donc il peut y avoir des traumas psychologiques assez importants chez certaines femmes. Après, il y a également des traumas physiques, ça peut aussi arriver. Donc en ce sens, oui, c'est possible qu'un avortement bouleverse une vie, au moins en partie.
Après, ça vaut toujours mieux que d'avoir une vie qu'on n'a pas désirée, ça c'est certain (et quoi qu'en disent les partisans du "on peut changer d'avis après la naissance", car non, certaines femmes même après naissance ne souhaitent toujours pas vivre cette vie qu'elles n'ont pas voulue).
@Aqua : je pense en effet qu'un avortement n'est pas un acte anodin, au vu de certaines conséquences physiques ou psychologiques vécues par certaines femmes.
Pour autant, je suis évidemment à 100% pour l'IVG et au droit des femmes à ne pas vivre une vie dont elles ne veulent pas. Et on est tout à fait d'accord sur le fait que c'est un choix qui ne concerne que la femme qui souhaite avorter.
Après, pourquoi est-ce que 10 IVG sont moins acceptables qu'une pour certaines personnes, je suppose que ça leur renvoie une image de personne irresponsable n'utilisant pas de contraception (ou mal) et qui coûte cher à la société... je ne vois que cette raison...