Témoignage : je suis grosse

[youna_]

Sans rancune, bien sûr, tout le monde a le droit de se lâcher (je fais la mère-la-morale mais je me mets des mines régulièrement hein ^^)

Paix et amour sur tout le forum.

Pfiouuuu j'ai eu chaud ! (J'ai la phobie des gens qui travaillent dans le milieu médical ^^, j'ai l'impression qu'ils vont me tapé sur les doigts parce que je fais des bitiz )

Paix et amour sur tout le forum !

 

[Vagabonde]

Je suis d'accord avec ce que vous dites en quelque sorte. Mais justement moi j'essaie pas de la critiquer tout le temps, ou de faire un cas spécial avec elle. Je veux dire je force autant mes deux autres cousines toutes les deux minces à manger des légumes verts, à bouger et à pas grignoter.
Ce que je veux dire c'est qu'on dit pas "parce que tu es grosse fait attention à ton hygiène de vie", on le dit à tout le monde (et on me l'a bien rabaché quand j'étais petite) dans notre famille. Mais c'est souvent interprété totalement différemment suivant la personne à qui on parle. Et comme toutes les "valeurs" que je veux donner autour de moi, je le répète plus à ceux qui écoutent pas. Donc je fais peut être plus de remarques à elle, parce qu'elle n'écoute pas. C'est comme gronder plus l'enfant qui fait plus de bêtises...
Et puis, même si c'est pas forcément évident, vous pouvez essayer de vous mettre juste un instant à notre place. On est pas tous des gens méchants qui veulent vous dévaloriser. On est aussi parfois juste des gens qui vous aiment et qui ont peur pour vous. Moi si dans 5 ans ma cousine développe un diabète ou tout autre problème de santé lié à son poids je me sentirai coupable de pas l'avoir plus soutenue ou aidée.
Après je sais que votre santé, votre poids et tout c'est votre problème personnel et qu'on a pas à s'en occuper pour vous. Et ça ne me viendrait jamais à l'esprit de faire la moindre remarque à une personne dont je ne suis pas proche. Mais quand ça touche la famille, on peut se sentir concerné. Et quand ça touche un enfant, je trouve que c'est aussi un devoir du parent de lui donner une bonne hygiène de vie et de pas le laisser faire n'importe quoi...
Mais ce genre de discours je le porte sur la nourriture mais aussi sur la façon de se comporter en général (les insultes, le respect des autres et tout, il y a bien un moment où les parents doivent mettre des limites...)

 

[Ziggie]

Moi je donne l'image de la fille qui s'assume à mort, j'ai un look bien à moi, rien de provoc mais je sais me mettre en valeur (je fais un bon 46 en bas). Mais je me rends compte que c'est pas tout à fait ça... Je me prends rarement des réflexions, mais quand c'est le cas, je fais semblant d'encaisser et que ça me coule dessus mais je suis bien obligée de me rendre compte que non.

Récemment, on s'est fait un mcdo entre collègues, et une de mes collègue a posé la question pas du tout innocente : "Mais sinon t'en manges souvent toi ?" en me toisant. Genre c'est pour ça que t'es comme ça. J'ai répondu sur le mode de la rigolade mais ça m'a blessée.

Pourquoi ? parce que je ne me considère pas comme un étendard de "'assumage" des grosses ni comme une fille grosse, je suis moi, et j'aimerais bien qu'on me considère comme une personne avant de me considérer comme un poids !

Enfin, en règle général je n'ai pas à me plaindre, j'ai une vie qui me plaît, aucune difficulté à m'habiller, un placard à rallonges et une bonne dose d'humour et d'amis.

 

[Pipistrelle.]

J'en profite pour vous demander conseil : mon copain a un régime alimentaire très déséquilibré, et il commence à dangeureusement prendre du poids.

Il a un gout très prononcé pour les féculents, les plats tout préparés et les pizzas, il accompagne tout de mayonnaise, de ketchup, de crème fraiche, de fromage rapé, de beurre, etc. Et il n'est pas habitué à manger des fruits et des légumes frais.

Je voudrais avoir des conseils pour le pousser à faire attention et à adopter de bonnes habitudes alimentaires. Pour l'instant je me contente de l'inciter à varier son alimentation, sous couvert de "se nourrir sainement" : comme on fait nos courses ensemble et que je cuisine pour nous deux tous les soirs, j'en profite pour faire des plats à peu près équilibrés, et pour le pousser à consommer des fruits et des légumes. Mais je n'ose pas lui dire que je commence à être préoccupée par son poids, et qu'il faudrait vraiment qu'il fasse un effort pour renoncer à ses mauvaises habitudes.

Comment je peux aborder la question avec lui sans qu'il se braque ou que ça devienne contre-productif?

 

[Sayyadina]

Je vais dire comme toutes les madmoizelles : merci !

J'ai vécu ce que tu as vécu dans ton enfance en étant la dernière choisie, etc. mais à l'école secondaire ! Pourtant, j'étais pas vraiment grosse comme maintenant je le suis mais déjà à l'époque, j'ai eu droit au surnom de "cochon" (et je faisais peut être plus de 60kg pour 1m58 -> Maintenant beaucoup plus), je faisais du sport, et puis, j'étais dans une période pas très belle, mon grand père venait de décéder, là j'ai arrêté de manger mais personne le voyait, un an plus tard, j'ai repris le poids perdu et on m'a sorti la phrase "Je comprends pas pourquoi tu as arrêté ton régime, tu étais bien avant" (ouais pauvre conne, je mangeais rien mais c'est sur, j'étais bien ! ).

3 ans après le décès de mon grand père, ma grand mère est venue à décéder et je crois que l'hécatombe a commencé, je suis pas en plus une grosse mangeuse, je grignote tout le temps mais dans le miroir (oh cruel miroir), je me vois pas grossir pour moi, je suis toujours la même sauf que j'ose même pas essayer des vêtements grandes tailles.

A la fac, ça m'a fait du mal de voir 2 filles ultra minces parler régime alors qu'elles n'ont jamais été grosses, leurs discussions tournaient toujours autour du dernier régime "à la mode". Alors que moi qui faisait tout pour manger "sain" ne faisait que grossir.

A la maison, je n'ai jamais été non plus libre, ma maman qui a du subir les brimades de ses camarades plus jeune a reproduit sur moi, la même chose. C'est simple, ma mère m'a proposé ses derniers temps de me payer la pose d'un anneau gastrique !
J'ai poliment refusé sa proposition si gentille, de plus, en allant parler à mon médecin, il s'est avéré que je ne rentrais pas dans les critères pour en avoir un ( et tac dans les dents de ma chère mère ! ).

Et depuis quelques temps, le miroir m'a montré une autre image de moi, celle que je voulais pas voir ni assumer et je me suis dit que je devais pour une fois, dire merde à ceux qui m'ont fait du mal et me reprendre en main, je veux être bien mais je ne sais pas trop comment y arriver ni par quoi commencer.

 

[Vagabonde]

En fait en lisant tes conseils, je me rends compte que c'est exactement ce que j'essaie de faire. Après là où je me sens impuissante, c'est que c'est seulement ma cousine et que donc je n'ai pas vraiment voix au chapitre (par exemple pour la diététicienne... )

Enfin, c'est un sujet très compliqué à gérer, je voulais juste souligner que ça l'était des deux côtés. Parce que dans les commentaires, je trouvais que ça faisait quand même les méchants contre les gentils... (après je dis pas que les commentaires reçus sont toujours gentils hein!^^)

 

[Pipistrelle.]

Ton copain fait du sport ou pas du tout ?

Il n'en fait pas du tout...

 

[Vagabonde]

Mon oncle considère qu'elle est faite comme lui et qu'elle ne peut pas être mince, donc il ne fait rien. Ou plutôt, il est celui qui va lui donner du saucisson au gouter... Et cela malgré tout les problèmes de santé qu'il a maintenant et qui font qu'il est en arrêt maladie les trois quart de l'année... Ma tante essaie de faire quelques efforts pour améliorer l'hygiène de vie à la maison, mais c'est difficile de pas montrer un front commun devant les enfants et puis je pense que justement elle ne veut pas que sa fille la voit comme certaines d'entre vous voient leur mère maintenant, comme le tyran qui faisait des réflexions à longueurs de journées ou ce genre de chose. Elle a juste envie que sa fille se sente bien dans sa peau...

 

[Pipistrelle.]

A la limite, je pense qu'il vaut mieux mettre l'accent sur sur le sport plutôt que de réduire frontalement tout ce qui est "bon" (entendu au sens de gras et sucrés). Cuisiner quand tu es là, c'est déjà un grand pas : je sais qu'une de mes copines fait ça avec son copain et que ça marche bien (maintenant, c'est lui qui fait la cuisine de manière saine haha). Il aime pas trop tout ce qui est muscu' et tout ça ? C'est social, les résultats sont visibles assez rapidement si on le fait sérieusement, ça incite après à moins manger, 'fin c'est cool quoi.

(après, j'ai pas de solution miracle, c'est vrai que c'est un sujet super délicat à aborder, surtout avec son mec)

Merci pour ta réponse. Pour le sport il manque un peu de temps et de motivation. Je vais lui proposer qu'on en fasse ensemble, il sera peut-être plus ouvert à l'idée! (et puis ça me motivera aussi à en faire! )

 

[Arathéa]

Bonjour les filles ! Je suis l'auteur de l'article, et je suis vraiment touchée et heureuse de lire tous vos commentaires, si vous saviez ! J'ai tout lu et je suis super émue là (maintenant, tout de suite ^^). J'ai eu plus de mal à écrire cet article que je ne l'aurais cru, j'ai dû m'y reprendre à deux fois pour trouver le ton juste mais je suis heureuse de lire que cela a été apprécié et que cela en a touché certains (beaucoup, on dirait). Vraiment, un grand merci

 

[Apprentie-Diva]

Mon oncle considère qu'elle est faite comme lui et qu'elle ne peut pas être mince, donc il ne fait rien. Ou plutôt, il est celui qui va lui donner du saucisson au gouter... Et cela malgré tout les problèmes de santé qu'il a maintenant et qui font qu'il est en arrêt maladie les trois quart de l'année... Ma tante essaie de faire quelques efforts pour améliorer l'hygiène de vie à la maison, mais c'est difficile de pas montrer un front commun devant les enfants et puis je pense que justement elle ne veut pas que sa fille la voit comme certaines d'entre vous voient leur mère maintenant, comme le tyran qui faisait des réflexions à longueurs de journées ou ce genre de chose. Elle a juste envie que sa fille se sente bien dans sa peau...

J'interviens juste dans le débat pour dire que pour moi c'est vraiment ça l'essentiel. Apprendre à être bien dans sa peau. C'est super bateau et tout, mais bon.
Franchement, en parlant de mon expérience personnelle, j'ai jamais eu de gros problèmes (brimades, d'ordre psycho) et pourtant entre 13 et 15 ans, on ne peut vraiment pas dire que j'étais bien dans ma peau (je sais même pas si je le suis maintenant, c'est dire.

Je comprends tout à fait que vous vous inquiétiez pour sa santé, c'est normal. Mais tu vois, le problème c'est qu'on fait trop souvent l'association : mince = bien dans sa peau.
Je n'oserais pas porter de jugement sur elle, tu connais forcément ta cousine mieux que nous, mais si ça se trouve, elle est rondelette et bien dans sa peau (si si, ça existe). Ce que je veux dire en fait, c'est que tu peux être mince et bien dans ta peau, mais aussi ronde et bien dans ta peau (dans le sens où tu ne perçois pas le fait d'être ronde/grosse/plantureuse comme un problème)

Parce que ce qui s'est passé pour moi, c'est qu'au début, moi ca ne me dérangeait absolument pas d'être ronde. C'est les autres qui vont me faire comprendre " que je ne suis pas dans la norme, pas normale ", qui vont donc me culpabiliser (inconsciemment je suppose) avec des phrases comme " oh, tu serais tellement plus jolie si tu fais un régime ", ou encore " tu as perdu du poids, j'espère ?". (quand ca vient de ta mère et de ta grand-mère, bon...)
C'est là que je vais me dire " ah mais nan, je devrais pas être bien dans ma peau", blablabla. Ensuite, je vais intérioriser ça et je vais me dire qu'il y a quelque chose qui cloche. SI on pouvait simplement me dire " le plus important c'est que tu sois bien dans ta peau" ce serait parfait.


J'ai vu que dans tes précédents posts, tu ne fais pas ce que j'ai décris hein, bien sûr

 

[Andrinople]

@Arathéa Merci pour cet article =)

Pour rebondir sur les avis de différentes madz, j'avais une amie qui s'énervait quand elle entendait la fameuse phrase "Oh tu as maigri". Elle partait au quart de tour, parce qu'elle ne supportait pas qu'on puisse dire cela comme un compliment, parce qu'elle c'était justement faire l'amalgame entre mince = bien-être, et elle disait que, justement, on pouvait pas savoir, on pouvait avoir 5kg à perdre au yeux de la Société et être heureuse comme tout, et avoir maigri, mais que ce soit parce qu'on était malade, ou ne pas se sentir bien dans sa peau pour autant, ou avoir pleins d'emmerdes par ailleurs. A 19 ans je comprenais pas trop, maintenant, j'aimerais bien la revoir pour lui dire "big up".



3615 my life (pardon)

Ah les toubibs... un vrai florilège, entre eux et la mère de famille qui te colle au régime à douze ans (quand je revois des photos de cette période, j'ai envie de pleurer : j'étais tout ce qu'il y a de plus "normal" si toutefois cette notion existe, surtout à l'adolescence. En fait, ma mère avait reporté ses craintes sur moi).

Le médecin du travail qui avant que je monte sur la balance et alors que je n'avais rien dit me fait "et venez pas me couiner qu'elle indique 5kg de plus que chez vous, j'en ai rien à foutre".
La phoniâtre qui m'avait dit que je n'étais pas une adolescente normale, parce que les adolescentes normales, elles sont très minces (les filles très minces qui complexent apprécieront aussi au passage : ah bon, elles sont très minces, donc elles ne peuvent pas avoir des complexes et se sentir gênée ? Sympa)
Le toubib qui m'a pesée et mesurée me dit que mon poids idéal, c'est 62kg pour 1,77m (Oo déjà à 69kg on voit mes os, hein, juste pour dire)

Fin bon... j'ai longtemps la nana qu'on appelle "la grosse", "la baleine", etc. Et puis à la fac, j'ai décidé que j'en aurai plus rien à foutre, tant pis, je faisais un 44/46, si je grossissais, j'achèterais la taille au dessus et fuck. Et finalement, j'ai maigris.

Et huit ans après et après avoir maigri toutes ces années, je me retrouve un peu dans le monde à l'envers, j'ai perdu 6kg en trois mois, je fais 69kg et... j'ai l'impression de manquer de substance. Certes, on me dit que c'est joli etc, mais, j'ai l'impression que c'est plus moi. Je suis crevée, j'ai froid tout le temps, je me sentirais mieux avec 3 kg de plus en fait. Un comble. Et là, ouais, j'ai compris que si, maigres ou grosses, on pouvait toujours se sentir mal dans sa peau, que la vision que l'on avait de nous même dépendait en grande partie de notre histoire personnelle, et que être féministe voulait aussi dire -pour moi- ne pas juger ma consœur sur son apparence, ne pas me permettre des remarques, et accessoirement, ne pas me plaindre d'une vergeture blanchâtre sur la hanche quand une amie récemment accouchée avait du mal à composer avec son nouveau physique et son ventre violacé, mais essayer de remettre les choses dans leur contexte. Ca fait con, je sais, mais j'ai mis 10 ans avant de le comprendre, et je ne l'aurai jamais compris sans ma gynéco qui ne m'a jamais culpabilisée sur mon poids fluctuant -et qui m'a dit que ces fameux 62 kg étaient une pure connerie avec ma morphologie osseuse et musculaire, sans une collègue qui m'a dit "ah tu as de la chance tu peux tout te permettre toi au niveau vestimentaire" (grosse claque, j'aurai jamais imaginé qu'on puisse le penser Oo) et ma sœur, dont j'ai toujours envié le corps, m'a fait une scène parce que "mais ouais t'es conne tu peux entrer dans mes fringues alors que tu fais 20cm de plus que moi, tu me gonfles à pas comprendre que tu es la mieux foutue de la famille"... Je précise que je ne pense pas ca du tout, mais je n'aurai jamais pensé susciter ce genre de réaction, ce qui m'a amener à réfléchir et à sortir ma tête des schémas établis.


De toutes façons, faut de tout pour faire un monde, et arrêter de se centrer toujours sur sa personne et ses problèmes, ont devient vachement plus réceptif ensuite et on arrête de projeter sur autrui des trucs qu'on assume pas chez nous ou qu'on jalouse. Important : c'est une remarque d'ordre général, qui ne vise PERSONNE en particulier et je devrais appliquer un peu plus souvent moi aussi.