Merci pour cet article!
Comme beaucoup de Mad'z ayant répondu, je me suis totalement reconnue dedans, du moins jusqu'au passage sur l'acceptation de soi.
J'ai toujours été ronde, depuis que je suis bébé. Au départ j'étais simplement au dessus des courbes de croissance, puis après c'était en fait un surpoids, puis c'est devenu de l'obésité (90 kg pour 165cm, taille 46, à même pas 23 ans, ça pique.)
Comme beaucoup j'ai connu tout ça: d'abord l'enfance où tu es la petite grosse, le cours de danse à sept/huit ans où les dames qui font les costumes insinuent que tu devrais penser à un régime et où on te met au fond parce que tu dénatures le tableau final si on te voit trop; ta cousine "normale" et un peu plus vieille que toi qui grignotte des chips le midi, qui s'avale le paquet et ne te laisse en manger qu'une seule parce que "sinon tu pourras jamais être belle"; le prof d'école primaire qui te fait courir plus longtemps que les autres en se foutant pas mal que tu sois fatiguée ou que tu n'arrives plus à respirer parce que "c'est pour ton bien" ( ce qui m'a valu trois jours d'hospitalisation et une douloureuse phobie du sport qui n'aide évidemment pas...)
Puis vint l'adolescence, le collège où tu es seulement la grosse, "la copine de" ou "la cousine de", la fille qu'on met en dernier sur la liste des plus belles filles de la classe, celle qu'on choisit pas en EPS ou alors en goal quand on fait foot, parce que "vu la taille de son cul elle va bien empêcher les balles de rentrer", le moment où ta mère (grosse aussi, d'ailleurs, mais elle c'est "pas sa faute c'est médical, avant moi j'étais normale, j'étais mince, je portais du 38 avant que tu naisses!") te dit que ton jean serrant montre que t'as un gros derrière, que tu devrais éviter les jupes courtes ou les hauts coupés trop près du corps parce que c'est pour les jolies filles minces, qui te laisse mettre un peu de maquillage parce que "il faut au moins lui laisser un peu d'espoir", les petits copains qui sortent avec toi et te larguent en te disant "mais je suis sorti avec toi en espérant que tu maigrisses parce que t'as un beau visage mais sérieux j'en peux plus de ton gras, désolé."
Je passe sur les médecins, celle qui m'a conseillé de devenir végétalienne parce que "seuls les légumes pourraient t'aider maintenant, tu devrais proscrire tout le reste", celle qui m'a dit que mon poids idéal était de "45kg, pas plus vu ta petite taille", celui qui était convaincu que je ne me nourrissais que de sucreries et de gâteaux...
Maintenant, j'aimerais dire que ça va un peu mieux, que je m'assume, que c'est derrière moi parce que je dis merde aux autres et que mon copain m'aime comme je suis.
Mais en fait, c'est pas vrai. Je m'habille comme je veux parce que j'ai perdu espoir de devenir un jour belle et mince et que je sais que la vie est courte, mais le c?ur n'y est pas vraiment. J'évite les médecins comme on évite la peste parce que de toute façon ils ne sont d'aucune aide. J'évite les pèse-personnes, les miroirs en pied, et je tire frénétiquement sur mon top ou mon pull, peu importe sa longueur, pour cacher mon bidon tout flasque et mon gros derrière.
Le pire c'est qu'il y a quatre ans, je pesais 60kg. Avec le recul, quand je vois les photos, je me rends compte que j'étais normale, voire franchement jolie. Je portais du 40/42 mais c'était esthétique. Et pourtant même là, dans ma tête, j'étais encore obèse, difforme, moche et adipeuse, tout comme maintenant alors que je fais 30 kg de plus. Je sais que quoi qu'il arrive, même si je m'affamais jusque aux 45kg fatidiques de mon ancien médecin, je me sentirais toujours la même, je serais toujours un déchet, une sale grosse. Alors je ne prends même plus la peine d'essayer.
J'ai aujourd'hui beaucoup d'admiration, et une pointe d'envie, pour les filles rondes qui s'assument et qui s'aiment comme elles sont, et quelque part je me demande comment elles font... Je crois que c'est hors de ma portée.
Désolée d'avoir raconté ma vie. Je sais que je ne fais pas trop avancer le débat, mais en fait ça fait du bien..
Comme beaucoup de Mad'z ayant répondu, je me suis totalement reconnue dedans, du moins jusqu'au passage sur l'acceptation de soi.
J'ai toujours été ronde, depuis que je suis bébé. Au départ j'étais simplement au dessus des courbes de croissance, puis après c'était en fait un surpoids, puis c'est devenu de l'obésité (90 kg pour 165cm, taille 46, à même pas 23 ans, ça pique.)
Comme beaucoup j'ai connu tout ça: d'abord l'enfance où tu es la petite grosse, le cours de danse à sept/huit ans où les dames qui font les costumes insinuent que tu devrais penser à un régime et où on te met au fond parce que tu dénatures le tableau final si on te voit trop; ta cousine "normale" et un peu plus vieille que toi qui grignotte des chips le midi, qui s'avale le paquet et ne te laisse en manger qu'une seule parce que "sinon tu pourras jamais être belle"; le prof d'école primaire qui te fait courir plus longtemps que les autres en se foutant pas mal que tu sois fatiguée ou que tu n'arrives plus à respirer parce que "c'est pour ton bien" ( ce qui m'a valu trois jours d'hospitalisation et une douloureuse phobie du sport qui n'aide évidemment pas...)
Puis vint l'adolescence, le collège où tu es seulement la grosse, "la copine de" ou "la cousine de", la fille qu'on met en dernier sur la liste des plus belles filles de la classe, celle qu'on choisit pas en EPS ou alors en goal quand on fait foot, parce que "vu la taille de son cul elle va bien empêcher les balles de rentrer", le moment où ta mère (grosse aussi, d'ailleurs, mais elle c'est "pas sa faute c'est médical, avant moi j'étais normale, j'étais mince, je portais du 38 avant que tu naisses!") te dit que ton jean serrant montre que t'as un gros derrière, que tu devrais éviter les jupes courtes ou les hauts coupés trop près du corps parce que c'est pour les jolies filles minces, qui te laisse mettre un peu de maquillage parce que "il faut au moins lui laisser un peu d'espoir", les petits copains qui sortent avec toi et te larguent en te disant "mais je suis sorti avec toi en espérant que tu maigrisses parce que t'as un beau visage mais sérieux j'en peux plus de ton gras, désolé."
Je passe sur les médecins, celle qui m'a conseillé de devenir végétalienne parce que "seuls les légumes pourraient t'aider maintenant, tu devrais proscrire tout le reste", celle qui m'a dit que mon poids idéal était de "45kg, pas plus vu ta petite taille", celui qui était convaincu que je ne me nourrissais que de sucreries et de gâteaux...
Maintenant, j'aimerais dire que ça va un peu mieux, que je m'assume, que c'est derrière moi parce que je dis merde aux autres et que mon copain m'aime comme je suis.
Mais en fait, c'est pas vrai. Je m'habille comme je veux parce que j'ai perdu espoir de devenir un jour belle et mince et que je sais que la vie est courte, mais le c?ur n'y est pas vraiment. J'évite les médecins comme on évite la peste parce que de toute façon ils ne sont d'aucune aide. J'évite les pèse-personnes, les miroirs en pied, et je tire frénétiquement sur mon top ou mon pull, peu importe sa longueur, pour cacher mon bidon tout flasque et mon gros derrière.
Le pire c'est qu'il y a quatre ans, je pesais 60kg. Avec le recul, quand je vois les photos, je me rends compte que j'étais normale, voire franchement jolie. Je portais du 40/42 mais c'était esthétique. Et pourtant même là, dans ma tête, j'étais encore obèse, difforme, moche et adipeuse, tout comme maintenant alors que je fais 30 kg de plus. Je sais que quoi qu'il arrive, même si je m'affamais jusque aux 45kg fatidiques de mon ancien médecin, je me sentirais toujours la même, je serais toujours un déchet, une sale grosse. Alors je ne prends même plus la peine d'essayer.
J'ai aujourd'hui beaucoup d'admiration, et une pointe d'envie, pour les filles rondes qui s'assument et qui s'aiment comme elles sont, et quelque part je me demande comment elles font... Je crois que c'est hors de ma portée.
Désolée d'avoir raconté ma vie. Je sais que je ne fais pas trop avancer le débat, mais en fait ça fait du bien..