Témoignage : je suis grosse

[lutraah]

Etant moi-même "grosse" depuis que j'ai 7 ans (j'en ai 22...), j'ai vraiment beaucoup apprécié l'article. Une pointe d'ironie, d'humour, de tristesse, de désespoir et contradictoirement rempli d'espoir... Ma vie, quoi!
Ce n'est que par ton dernier paragraphe que j'ai eu les larmes aux yeux, je ne sais pas pourquoi... Bref! Je ne veux pas m'apitoyer sur mon sort, c'est trop facile...

De mon côté, il y a un an, je faisais un 52. Pour 1mètre72, je pesais 111,5 kilos (et oui! Même pour les gros, le demi kilos est TRES important!). Et puis, j'ai perdu 5 kilos. J'ai laissé tomber, n'en pouvant plus de me surveiller. 7 mois après, j'ai perdu 10 kilos. Et à nouveau, j'ai laissé tomber. Heureusement (et alleluia!!!!!), je ne reprends pas tout. Je suis à plus ou moins entre 95-97 kilos. Mais depuis arrivée à 95, yiark! Je n'y arrive plus. Est-ce l'impossibilité de changer l'image de moi-même? Est-ce parce que j'y arrive et que tout à coup, l'idée d'être mince et de pouvoir arrêter de me flageller m'insupporte?
Je comprends cette flagellation car c'est ce que je vis constamment depuis toujours. Comme toutes, j'en ai pris littéralement plein la gueule quand j'étais petite, il y avait même un gamin qui me frappait parce que j'étais grosse... Il m'a littéralement torturé!

Bizarrement, malgré mon âge plus ou moins adulte (si! A 22 ans, je commence à l'être un peu quand même ), je n'arrive toujours pas à me responsabiliser. Je sais que ça n'appartient qu'à moi, je n'en veux qu'à moi-même d'avoir été ainsi, même si des évènements dans ma vie m'ont amené à ça pour que je commence à grossir brutalement. Il faut en effet que je me reprenne également pour arriver à -20 kilos sur la balance. J'y arrive. Puis, je perds le fil et ne sais plus comment je m'y prenais.

Et t'inquiète... je suis aussi du genre à manger des céréales tous les matins de ma vie, je suis également du genre à ne pas aimer le chocolat (même si ça étonne TELLEMENT de gens! Une grosse qui n'aime pas le chocolat?! Elle doit s'empiffrer de frites, elle est belge!)... Dur de comprendre pourquoi je pèse 30 à 40 kilos de trop par rapport à ce que je mange... Espérons que l'avenir sera meilleur.


MERCI pour cet article. Pour la place sur ce site afin qu'on puisse nous aussi dire que sous ce tas de graisse, il y a quelqu'un.

(et désolée pour ce roman!)

edit: ah et je voudrais dire aux mad'z qui vivent à fond malgré un surpoids qui, dans une société telle que l'on a n'est pas facile à vivre, à quel point je les admire! De mon côté, au niveau des mecs... Et bien, autant l'avouer. Je n'ai jamais su passer outre mon physique qui me répugne toujours, au point que je n'ai même jamais embrassé quiconque. Grave d'avoir si peu confiance en soi, hein?!

 

[siorac]

J'ai adoré ton article, je me suis beaucoup identifiée comme beaucoup ici, car il y a pas mal d'anecdotes que j'ai vécues moi aussi.

Ayant quelques années de plus que toi (j'ai 28, et tous mes bourrellets^^), je pourrais compléter ton article sur les joyeusetés des jugements sur le physique dans l'entreprise...

Crois moi c'est toujours aussi fun !

 

[Gochugaru]

Super (super super x1000) article ! Merci beaucoup !

 

[Enrya]

Ce témoignage m'a étonné par sa violence. Ayant été grosse toute mon enfance et mon adolescence, et étant à présent juste à la limite du surpoids (après une perte d'une vingtaine de kilos), je connais pourtant bien ce que peut être la vie et les inconvénients liés à l'obésité et à la boulimie. Mais pour moi, la violence et le rejet ont été bien plus insidieux, plus hypocrites, on m'a déjà fait des réflexions frontales, bien sûr, mais ce n'était pas le plus handicapant ni le plus douloureux. Ce qui est sûr, c'est que les situations les plus douloureuses sont extrêmement marquantes... et rendent la guérison encore plus difficile par la suite.
Après avoir maigri, je n'ai pas vraiment noté de changement notable d'attitude envers moi. Peut être trop méfiante, trop conditionnée par toutes ces années pour savoir aller vers les autres à nouveau.
Ce qui est douloureux c'est de ne pas savoir vivre (et même après avoir perdu une bonne partie des kilos en trop) autrement qu'à travers le prisme de la condition de "grosse".
Chaque pas, chaque action, chaque décision, chaque relation est plus ou moins directement influencé par cette condition et par les nombreux rejets et mises à l'écart qu'on a pu vivre précédemment. Je pense que quel que soit mon poids (que j'ai du mal à stabiliser sur le long terme, comme beaucoup de femmes ayant perdu beaucoup, je pense), je serai toujours une "grosse" au fond de moi, et ça m'attriste, parce que je sais qu'il y a une certaine existence, une certaine adolescence que je n'ai pas vécue et que je n'aurai jamais l'occasion de vivre. Mais bon, d'un autre coté, ça fait partie de ce que je suis, de mon histoire, et ça m'a quelque part poussé à développer certaines autres qualités...

 

[Coco<3Corse]

Un immense merci Arathéa pour cet article dans lequel, comme beaucoup de Madz d'après les commentaires, je me suis vraiment reconnue.

Je me bats contre mes complexes depuis toujours à cause de quelques petites mesquineries que je me suis prises en pleine face, même quand j'étais juste rondouillette. Je pense que nous devrions toutes essayer de relativiser l'importance de ce genre d'agressions, qui ne coutent rien à l'envoyeur mais nous restent en tête pendant des années : elles n'ont aucune valeur et ne devraient même pas nous émouvoir. (Je ne parle pas bien sûr ici de l'avis de médecins de qualité, seulement des remarques méchantes et non constructives).
Ce qui compte, ce sont nos amis qui nous trouvent radieuses, rayonnantes, gaies et belles. Ou certains membres de notre famille, ou cet inconnu dans la rue qui nous aborde avec le sourire. Parce que des gens qui nous trouvent bien telles que nous sommes il y en a, mais on ne retient jamais assez longtemps les avis positifs. Pourquoi? Parce qu'en fait, pour bon nombre d'entre nous, notre ennemi numéro 1 est bien nous-même!! Donc : un peu d'indulgence envers nous-même enfin !!

Ce que je trouve chouette de nos jours, c'est que la beauté devient plurielle. Il y a des maigres absolument sublimes et des grosses à tomber raide dingue. Et c'est ça qui est formidable. Ne vous est-il jamais arrivé de sortir en boite et de voir une fille très ronde super bien habillée, les cheveux brillants, et de la trouver très belle et sexy et de vous dire "mais punaise, ça pourrait être moi si je m'assumais un peu!" ?

Beaucoup d'entre vous l'ont déjà dit et je confirme : assumer ses rondeurs est très difficile mais c'est primordial, essentiel, pour réussir à aimer, à être aimée, et à être heureuse. J'ai récemment vécu une histoire mignonne avec un américain qui m'a dit un jour "J'en ai marre que tu te rabaisses sans arrêt, tu es super belle, et si tu avais plus confiance en toi tu aurais tous les garçons que tu veux" (je dis ça pour celles qui ont dit avoir du mal à dépasser leur complexes par rapport aux mecs). Et comme certaines d'entre vous l'ont dit, il faut arrêter de se persuader qu'on commencera à vivre et que la vie sera belle quand on fera 25kg de moins. C'est maintenant qu'il faut profiter de nos jours, et même si on espère se débarrasser de nos kilos superflus, on ne doit pas pour autant s'empêcher de vivre aujourd'hui, parce que notre poids n'est PAS ce qui nous définit et nous résume, rondes ou minces, on est bien plus qu'un tour de taille heureusement!!
(Moi-même j'ai toujours une peur phobique de recroiser des anciens amis avec mes 15kg de plus en trois ans... Et bien c'est idiot. C'est s'empêcher de vivre inutilement.)

CEPENDANT, si je suis intimement convaincue que celles qui se sentent bien avec leur rondeurs et n'ont aucun problème de santé devraient s'assumer et ne pas avoir à subir l'intolérance des "kékés acnéiques" et autres, je COMPRENDS très bien aussi celles qui n'arrivent pas à leur répondre par l'indifférence, et celles qui veulent réussir à perdre du poids non pas pour entrer dans une "norme", mais pour des raisons de santé ou de bien être personnel.
L'un des rêves de ma vie, c'est de refaire de la haute montagne avec mon père avant qu'il ne soit trop vieux. Impossible avec mes kilos en trop. Et oui, pour moi être grosse c'est difficile pour toutes les raisons évoquées par Arathéa, mais aussi et SURTOUT parce que parfois ça m'empêche de faire ce que j'aime, et là ça devient problématique.

Enfin bref, je suis peut-être hors-sujet totalement, mais ce que je voulais surtout dire c'est que cet article m'a fait du bien, les commentaires aussi, parce qu'on se rend compte qu'on n'est pas seules et qu'on a toutes vécu plus ou moins la même chose donc bon courage à toutes
Des bises

 

[Membre supprimé 100838]

edit: ah et je voudrais dire aux mad'z qui vivent à fond malgré un surpoids qui, dans une société telle que l'on a n'est pas facile à vivre, à quel point je les admire! De mon côté, au niveau des mecs... Et bien, autant l'avouer. Je n'ai jamais su passer outre mon physique qui me répugne toujours, au point que je n'ai même jamais embrassé quiconque. Grave d'avoir si peu confiance en soi, hein?!

Oh non, mais c'est tout triste ce que tu dis :/
Mais je te comprends, moi j'ai mis 21 ans à m'en sortir. Enfin, mon physique me répugne toujours autant, mais j'ai finalement trouvé quelqu'un qui l'aime et qui m'aime pour ce que je suis. Et ça AIDE.
Faut pas que ton physique devienne une frontière à ce que tu pourrais vivre de super chouette.


Ah et juste pour rajouter un commentaire3615itskizmylife :
A 11 ans, ma mère m'a obligé à aller faire une cure dans un centre à plus de 1000km de chez moi.
L'année précédent mon départ, elle m'a pourrit la vie absolument tous les jours. Des remarques en public, des "tiens je te tire par les cheveux pour te peser et te montrer à quel point tu es grosse et laide".
Pour en revenir à la cure, j'ai eu droit à 2 nutritionnistes/diététiciens et 2 psy. Eh bien, de cette cure, j'en suis ressortie totalement brisée. Les nutritionnistes ne servaient à rien puisqu'ils infligeaient le même régime à tout le monde et les psy me culpabilisaient encore plus d'être en surpoids.

Alors je suis d'accord qu'il y a des professionnels compétents et qui peuvent aider, mais une fois qu'on est tombée sur des cons... c'est difficile de ne plus être traumatisée et de tenter tant bien que mal de refaire le premier pas pour se faire aider.

 

[Chaki8]

Merci pour cet article! Moi aussi je suis grosse, mais bien dans ma peau. Mais ça en a pris du temps! Parce que le pire c'est les autres! Je crois que ce qui m'a sauvée, c'est que dans les yeux de ma maman j'ai toujours été la plus belle du monde, et je ne la remercierai jamais assez pour ça. Et puis d'avoir rencontré mon amoureux quand j'avais 14 ans (j'en ai 24 ).
Dans le quotidien, le pire c'est que je fais un métier d'image, et je ne peux passer d'auditions que pour des rôles "de grosse". On m'a déjà dit "non mais pour ce rôle la fille elle doit être super belle, alors bon..." alors je rentre chez moi m'empiffrer comme la grosse moche que je suis, c'est ça? J'ai lu il y a quelque temps une interview d'Aïssa Maïga qui disait qu'elle n'attendait pas que les annonces de casting recherchent des filles noires, elle se présentait simplement quand ils cherchaient une fille. Je me suis dit que c'était très intelligent, mais c'est difficile de casser les barrières, même quand on est "taillée comme un panzer" (citation du poème d'un admirateur secret... j'ai adoré!)

Ah et puis pour en revenir à ton article madmoizelle, je suis d'accord avec toi, je n'en peux plus de ce "compliment" : "Tu as un joli visage, c'est dommage". J'ai envie de baffer ceux qui me le disent.

 

[Skjoldmø]

comme beaucoup de madmoizelle, je me suis reconnue dans l'article, surtout sur la partie enfance-adolescence. Je ne me suis jamais vraiment considéré comme grosse, je suis en "léger surpoids" en terme l'IMC et pourtant j'ai eu le droit aux réflexions blessantes des autres enfants, des profs d'EPS et de mon médecin de famille. On a beau essayer de se convaincre qu'ils ont tous tord, c'est pas facile, surtout à l'adolescence.
Mon médecin traitant actuel ne comprend pas d'ailleurs que mon poids puisse être un problème, puisque que je suis en parfaite santé. ah la la, si j'étais tombé sur lui quand j'avais 13-14 ans!!

 

[goodwill]

Merci pour cet article.

Moi aussi j'ai été grosse étant petite et adolescente. J'ai été voir une diététicienne qui m'a demandé de proscrire tout ce qui était trop sucré. En gros, c'était plutôt restrictif. Ce que j'en ai retenu, c'est qu'il fallait que je fasse quelques efforts niveau nourriture. Ca ne m'a pas fait beaucoup maigrir pour autant.

Quand on a toujours eu du ventre, on le garde, c'est comme ça. Et je reste persuadée que même si je faisais un régime ou du sport, je l'aurais toujours. Je suis comme ça, il faut me prendre comme ça.

Tout ça pour dire que j'ai souffert étant petite. J'ai toujours eu du mal à me considérer telle que je suis maintenant (ni en surpoids, ni mince, dans la norme quoi, mais avec un bidon). Je me trouve toujours grosse, je me vois toujours grosse.

Je fais 1m58 pour 57kg. Je fais du 38-40 en bas, et du 38 en haut. J'ai une taille très fine mais un gros ventre, faut bien le dire.

L'acceptation de moi a été très difficile. J'ai eu un copain à l'âge moyen on va dire. J'avais 16ans et demi. Je me cachais sous mes vêtements. Je paraissais plus mince que j'en avais l'air. Ce qui m'a marquée, c'est le "ah oui, quand même". Du coup, j'ai changé de copain. Ca va faire 4 ans. J'ai pris 5 kg depuis que je l'ai rencontré. Il m'a toujours considérée comme la femme de sa vie. C'est difficile de prendre confiance en soi, mais au bout d'un moment, on y arrive.

Alors, je ne me pèse plus, j'évite les miroirs des magasins (qui ont tendance à grossir), je fais un peu attention niveau nourriture, mais je ne me prive pas non plus. J'ai appris à considérer d'autres choses que mon poids et mon physique grâce à mon copain.

Alors, courage à toutes, le regard des autres n'est pas facile (je me faisais appeler big mama ou mammouth), mais il faut apprendre à passer outre. Je n'ai pas eu une enfance ni une adolescence facile. Le but de ce commentaire n'est pas de dévoiler toute ma vie. Mais encore une fois, bon courage. Vous n'êtes pas toutes seules.

 

[Muscat]

Je crois que grosse, c'est plus un état d'esprit qu'une silhouette ou un IMC.
J'ai pris beaucoup de poids cet été et je me sens grosse parce que par rapport aux personnes que je fréquente et vois tous les jours, je suis anormalement enflée !

 

[la_chieuse]

Merci pour l'article.
Les problèmes de poids sont l'un des plus grands fléaux de notre siècle.
Étrangement l'article m'a remémoré toutes les minis humiliations que j'ai subi enfant et ado, alors que mon frère avait tous les compliments pendant qu'on me disait " au moins elle fait pas pitié" Gniiii. Ou au collège la prof de sport qui sort "bouge tes grosses fesses si tu veux arrêter de ressembler à un marshmallow". Ou la pesée de la visite médicale où le médecin annonçait notre poids devant tout le monde: j'étais la plus lourde puisque j'étais la plus grande! Le problème c'est qu'en retrouvant mon carnet de santé de l'époque j'étais dans l'IMC dit normal. Et à 15ans je pesais 60kg pour 1m75... Les gens me voyaient grosse parce que j'avais des hanches larges et que j'étais grande et tout le monde me disait de faire attention. Alors je me suis privée, j'ai vomi, j'ai adopté tous les régimes qui passaient. Je n'osais jamais manger en public. Le retour de baton, c'est que je ne suis pas anorexique: je n'ai jamais réussi à m'empêcher totalement de manger, et j'ai commencé la boulimie. Maintenant je pèse 80kg, et je suis réellement en surpoids, je le ressent, je suis fatiguée et essoufflée. Et je me dis que rien ne serai arrivé si on m'avait laissé tranquille à l'adolescence, quand j'étais normale.

 

[Pipoullou]

Coucou les filles.
C'est la première fois que je poste sur Madmoizelle : le sujet m'intéresse, mais surtout, il me semble que personne, dans les commentaires, n'a parlé de santé. Simplement. Je ne suis pas grosse, plutôt dodue, mais il y a une chose importante que je retiens : quand j'arrive à mincir, JE ME SENS BIEN dans mon corps : parce que je ne suis plus essoufflée parce que j'ai couru pour avoir le bus, parce que j'ai monté 1 étage, parce que je transpire moins, surtout entre les seins (et l'image de soi dans un miroir dans ce cas, ce n'est que du bonus).
Il me semble qu'il faut déplacer le débat : oui, c'est vrai, personne ne devrait être jugé. Personne n'est pareil, et il n'est ni normal ni acceptable que quiconque soit jugé sur son physique, sa manière de vivre, sa façon de penser. Mais non, être gros et ne rien faire pour mincir - et je ne parle pas de balance, mais de "ai-je plus de gras que de muscle" - c'est se faciliter la tâche. Je le sais moi-même, il est beaucoup plus facile de passer mon temps dans mon canapé devant twilight, pralinés à la bouche. Il est difficile d'aller faire du sport à la place, ou simplement de se restreindre de chocolat parce que on est tout de suite apaisé, satisfait, mais cela en vaut beaucoup plus la chandelle, sur le long-terme.

Etre gros et s'accepter ? non. Etre gros et faire en sorte que cela change pour sa santé ? OUI.