Tu es scientifique et tu veux inspirer des vocations ? J'ai besoin de toi !

[Loulalilou]

L'histoire d'unE scientifique [épopée]

Elle fit neuf ans d'études,
Sacrifia moult week-ends et vacances
Fit tout pour démontrer ses aptitudes
Combattant le SI* avec constance

Sa passion la portait
Mais les schnocks sexistes pullulaient
Se désolaient sur la féminisation du métier
Et à ses collègues masculins s'adressaient

Avec brio elle défendit
Le titre de docteure elle conquit
Et par l'espoir d'un poste éblouie
A l'étranger elle partit

Publier plus pour gagner moins!
Avoir la flamme scientifique
Et des dispositions didactiques
Faillit lui coûter son conjoint

Mais quand la campagne de recrutement s'ouvrit
Elle ne put que pleurer des postes la pénurie
Dur de conserver la passion
Dans la start-up nation...

*le syndrome de l'imposteur, SI pour les intimes

Sur ce je retourne renvoyer dans les barres le haï reviewer n°3 .

 

[VeganFox]

Je suis très très perplexe de ne pas voir mentionné une seule fois "ingénieure" dans cet article alors qu'il y a "astronome" quand même
c'est un oubli @JulietteGee ou c'est vraiment des témoignages de chercheur.ses que tu attends ?
Parce qu'on est le métier scientifique le plus répandu (700 000 ingés en France contre 200 000 chercheurs).

 

[RosEstivale]

+1000 @_Particule et @Loulalilou

A la joie des CDD d'un an, j'aimerai ajouter la joie d'être obligée d'habiter en Ile de France quand on préfère la campagne, mais pas le choix parce que 80% des jobs sont là :'(

 

[Fanuy]

@Loulalilou elle me parle beaucoup ton épopée ! J'ai l'impression de commencer le même type d'histoire... Du coup je suis tellement dans la peur du futur, et la remise en question que mon témoignage ne serait pas très attractif je le crains

 

[Heran.]

Je sais pas si je suis légitime pour témoigner, je ne suis encore qu'un bébé chercheuse et je suis déjà même plus sûre de vouloir continuer après mon doctorat (si je l'ai un jour). (Quelqu'un a dit SI ? )
Franchement, les conditions de travail sont tellement reloues, même dans un labo avec une bonne ambiance et un chef pas trop chiant, je suis pas sûre de pouvoir motiver qui que ce soit à faire le même travail que moi. "Viens donc bosser 10h/jour pour faire des expériences qui marcheront jamais. A chaque fois que tu penses faire un pas en avant t'en fait 5 en arrière le lendemain, et puis ton chef a toujours une nouvelle idée farfelue que tu devras tester mais t'as jamais le temps d'y penser de toute facon. Oh et puis t'as une pile d'articles à lire sur le coin de ton bureau qui va bientôt finir par atteindre le plafond. Oublie pas ta charge d'enseignement avec des étudiants qui vont te manquer de respect, ton stagiaire qui va probablement foutre le feu au labo si tu le laisse seul plus de 30s, ah et puis on a plus de sous pour embaucher un.e secrétaire donc c'est à toi de réceptionner les colis pour le batiment. Mais oublie pas que la manip x doit marcher avant Noel qu'on puisse publier le papier pour obtenir le prochain financement." Ca donne vachement envie hein.
Je pense pas que le manque de femmes dans la recherche académique ca soit dû au manque de vocation. Non, c'est nos vocations qui sont brisées par des conditions de travail merdiques. Franchement, qui a envie de faire des semaines à +50h et enchainer des contrats trop courts avec déménagement option international entre chaque ? J'aime ce que je fais (la plupart du temps) mais on va être honnête, je vois pas comment continuer à faire ce métier sans sacrifier tous mes autres plans de vie. Et ouais, y'a une bonne part de sexisme qui explique ce phénomène des ciseaux mentionné par @Allitché , en partie assumé et une autre partie beaucoup plus sournoise, au grand dam de tous ces chefs de labo (males) qui comprennent pas pourquoi ils ont pas plus de collèguEs "parce que bon, moi j'ai réussi à avoir un poste et j'ai eu des enfants alors bon, c'est pas si difficile" C'est un biais qu'on repère facilement en conférence. La dernière où je suis allée, la majeure partie du public était des femmes (on va dire bien 70%, donc c'est pas un manque de vocation), mais parmi les intervenants on tombait à moins de la moitié. Et les labos les plus renommés étaient tous dirigés par des hommes (qui ont passé le diner à se demander pourquoi ils ont pas plus de collègues femmes entre deux blagues grasses sur #metoo). Je suis ressortie de là un peu désespérée j'avoue.

 

[Loulalilou]

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[Balsamique]

@Loulalilou
Je ne sais pas si le mag va obtenir beaucoup de témoignages du coup
Moi je suis dans la même situation qu' @Heran. et si mon avenir se compose comme le poème de Loulalilou, je pourrai déjà m'estimer heureuse

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[Loulalilou]

J'en profite pour partager quelques liens et sources sur le sexisme et ses effets dans le milieu scientifique:
- sur le fait que devenir mère affecte fortement la carrière
- sur le harcèlement sexuel dans un milieu où les auteurs bénéficient d'une protection particulière
- sur le fait qu'apparaître féminine te décrédibilise sur tes aptitudes scientifiques
- sur le fait que même si tu réussis à monter en grade et devenir professeure tu es ostracisée et moquée
- sur comment les choix et dynamiques de couple affectent les carrières des femmes
- sur le fait que plus on monte dans la hiérarchie académique et moins il y a de femmes, et qu'elles prennent moins la parole
- l'effet Matilda (les chercheuses qui se font voler leurs résultats et la gloire qui va avec)
- l'invisibilisation des chercheuses dans certains domaines, comme en philo

et la page facebook Paye ta recherche qui aborde toutes ces thématiques régulièrement.

On est pas sorties de l'auberge.

Pour finir sur une touche plus positive, je remercie tellement les chercheuses dans la même situation que moi IRL et sur le web ( sur vous les doctomadz) sans le soutien de qui je ne sais pas si j'en serais là aujourd'hui. C'est tellement précieux de pouvoir parler de ce sujet et de ne pas se sentir seule...

 

[AIoe]

Je sais que je suis juste une postdoc aigrie toujours en train de râler, mais franchement moi je peux pas sourire et dire "venez faire des thèses, on va bien se poiler" aux étudiant-es que je croise Je peux juste leur dire "faites une thèse si ça vous amuse, mais attendez rien de l'après, sauf si le sacrifice personnel c'est un truc qui vous excite".

C'est tellement ça. Honnêtement je ne recommanderais de faire une thèse à personne à moins de vouloir absolument devenir chercheur/se parce que c'est le rêve de ta vie depuis que tu as 8 ans. Et encore, ça risque bien de briser complètement ton rêve...

J'ai bien envie de faire un tour sur le topic "après la thèse" mais je ne sais pas si je me sentirai mieux ou moins bien en lisant les témoignages

 

[Aguarà]

@JulietteGee
ça m'a foutu le doute tous les commentaires au-dessus : tu veux des chercheurs uniquement (et des chercheurs en université) ?
C'est vrai que tu parles pratiquement que de scientifique en "laboratoire" dans ton appel à témoin mais est-ce que c'est parce que tu as une vision du scientifique en blouse blanche ou c'est parce que tu cherches effectivement uniquement ce type de témoignage ?

Il y a bien d'autre chose que la recherche dans le monde scientifique (il y a la recherche dans le privé, déjà, qui ne va pas avoir les mêmes retours que tout ce qui est dit au dessus). Mais surtout, quid des sciences appliquées (ceux qui construisent des ponts, font le système qualité d'une industrie agro-alimentaire, gèrent la gestion environnementale d'un parc régional,...) ? Ce n'est pas de la recherche mais on reste des scientifiques et je crois d'ailleurs que c'est là-dedans que finissent la majorité des personnes ayant fait des études scientifiques.

Donc je voulais savoir si le témoignage de quelqu'un qui travail dans une administration publique et qui fait du bureau et pas du labo ça t'intéresse ?
Et est-ce que le but est réellement de parler du sexisme dans le domaine scientifique ? Je veux dire, c'est super intéressant (bien que je ne l'ai heureusement jamais constaté dans mon domaine), mais ça n'est pas repris dans les questions que tu poses. Tu parles bien d'évoquer la condition féminine et d'essayer de provoquer des vocations mais je ne vois pas que tu veuilles spécialement centrer tes témoignages sur le sexisme (je pose la question à nouveau à cause de tous les commentaires au dessus qui parlent beaucoup de ça, donc je sais pas si j'ai rien compris à tes intentions pour les témoignages )

 

[Loulalilou]

Oui effectivement @Aguarà on a un peu hijacké le topic
Je crois que c'est parce qu'on lâché le kraken en commençant à parler de nos conditions de travail de scientifiques

Après j'arrive à parler de mon métier de manière cool à des élèves en primaire/collège/lycée pour donner un exemple de femme en sciences (et je le fais régulièrement, j'aime partager là dessus). C'est juste que comme le disait @Silure_ j'aurais du mal à recommander à une étudiante en master de se lancer là-dedans sans rajouter des contrepoints sur les difficultés qu'il peut y avoir (et donc la nécessité d'avoir des plans B, C D et un mental en béton armé). Je pourrais témoigner mais ça serait forcément nuancé (et du coup je ne sais pas à quel point inspirant), je ne sais pas si c'est ce que le magazine recherche .
J'ai aussi fait un passage par le privé (comme ingé) avant de partir dans la recherche et même si j'y ai beaucoup appris, j'y ai vu beaucoup de choses très moches (tant sur le sexisme dont j'ai souffert que sur les pratiques et l'éthique de travail... paye tes magouilles qui viennent impacter la vie de millions de personnes de manière catastrophique ). Peut-être que je n'ai pas eu de chance mais j'ai perdu beaucoup d'illusions tant sur le monde de l'entreprise (dans le domaine sensible où j'ai travaillé) que sur celui de la recherche publique #team jeune aigrie.

 

[J_Serpentine]

Alalala vous m'avez foutu le bourdon
Si je peux me permettre une petite remarque L'objectif de l'article, il me semble, est de montrer des parcours, d'ouvrir parfois des horizons à tous types de personnes et d'âges sur les sciences dures et non pas de forcément "susciter une vocation jusqu'au doctorat ou la recherche".
Par exemple, en racontant vos parcours, cela peut ne serait-ce que montrer à des lycéennes qu'il est possible pour une femme d'étudier telle ou telle branche, de l'y intéresser. Tout le monde n'a pas envie de finir par être chercheuse, on peut être laborantine aussi.
Dans mon cas, si je faisais un témoignage pour madz, je ne me focaliserai pas sur ma thèse et pourquoi la recherche c'est pas drôle tous les jours (encore que, j'avoue que tout se passe très bien dans mon cas ) mais "pourquoi la chimie c'est archi trop cool, et non ce n'est pas juste la branche ultra polluante et dégueulasse qui bousille l'environnement, même qu'avec la chimie, tu peux passer de l'étude des peintures automobiles, à la confection du dernier fond de teint ou au traitement de l'eau potable". Par exemple, je suis dans le domaine de la chimie du Développement Durable. La chimie, c'est fantastique Et nombre de fois j'ai dû casser les clichés sur le domaine ou montrer l'étendue phénomale de sujets reliés à la chimie (la conservation du patrimoine aussi c'est de la chimie ! Mais comment le savoir avant d'y être ?).
Après, les problématiques de la recherche, du manque de postes, de financement, etc... c'est un autre sujet. Là, montrons tout simplement pourquoi notre domaine est trop bien, trop passionnant et pourquoi les femmes devraient y jeter un oeil