Je suis surveillante et j'ai les cheveux roses, (et j'ai des piercings et des tatouages qui se voient) je serai du coup foutrement mal placée si je devais faire appliquer ce règlement
d'ailleurs je ne suis pas là seule, il y en a chez les profs aussi (j'ai vu rose, bleu et vert jusqu'à maintenant, sans compter les couleurs"naturelles") dans l'équipe de surveillants il y a environ la moitié qui sont percé.es/ tatoué.es de manière visible. Il y a un cfa coiffure au sein du lycée, des fois je reconnais pas mes élèves parce qu'ils s'exercent souvent les uns sur les autres, le lundi c'est vert fluo et mardi violet foncé
Du coup la logique de préparer au monde du travail avec ces interdictions, bof quoi
on me parlerait ponctualité, politesse, vie en communauté ou travail en équipe je dis pas, mais ça je ne leur apprend pas avec mes cheveux
Et sincèrement, je trouve ça extrêmement triste que l'on envisage de plus en plus l'école uniquement sous ce prisme de "préparer au travail", et les ados comme devant se résigner, se conformer à 15 ans à des règles sous prétexte que plus tard ils devront"de toute façon" le faire.Pour moi, l'école c'est tellement plus que "devenir un bon travailleur" en fait
Le lycée, c'est globalement 15-18 ans, c'est la période pour ça, pour expérimenter son look, pour les expériences capillaires improbables et le maquillage ridicule a la truelle (pensée émue aux emos de mon adolescence, summum de l'incompréhension adulte à l'époque) pour les modes WTF aussi. Ça ne fait de mal à personne sauf à ton égo quand tu revois les photos 10 ans après
Pour le collège, je ne parlerai même pas de préparer au monde du travail, quelqu'un qui dit ça n'a pas mis les pieds dans un collège depuis biiiien trop longtemps
ou alors le club "bracelets en élastique", le loup dans la cour et la course pour passer vite au self ont des vertus insoupçonnées
bien sûr, fin de collège, on ne se court plus après dans la cour mais je vous mets au défi de régler des embrouilles de 3èmes pendant une journée sans en conclure que ce sont toujours plus ou moins des enfants
J'ai beaucoup de tendresse pour ça, pour cet âge de la vie si difficile, pour les voir évoluer, grandir, essayer, se rater, recommencer. Cacher mon fou rire parfois, les premiers essais de Contouring chez les internes m'ont laissé un souvenir impérissable (mais j'ai rien dit, elles étaient tellement fières
)
Je pense qu'on devrait faire preuve de bien plus de bienveillance à leur égard, les laisser grandir avec un peu moins de pression, on aurait sûrement moins d'adultes en souffrance.