Un français sur quatre est un « complotiste endurci »

[skippy01]

Pour la terre plate, on ne saura jamais si c'est du troll ou si c'est sérieux. C'est très difficile de parodier le complotisme. J'ai connu un pote qui a essayé, il s'est fait féliciter par des conspis pour sa «clairvoyance».

Je ne pense pas que ce soit forcément plus sain d'être complotiste, vu que ceux qui trinquent sont toulours les mêmes: personnes oppressées, l'intégralité de la communauté scientifique, politiciens pas assez démago (le paradoxe du politicien anti-système), presse qui cire pas les pompes de l'extrême droite. C'est une (mauvaise) réponse de l'opinion publique aux crises sociétales.

Et puis, pourquoi exclure d'office la mort accidentelle pour les personnages qui «dérangent» ? En quoi ça les destine à ne pouvoir mourir que par meurtre ? Ils ne sont pas plus que les autres à l'abri d'un accident mortel. Et puis, ceux qui auraient voulu l'éliminer eux-mêmes se douteraient bien que dans un pareil cas, ils seraient les premiers suspects.

 

[Clia10]

Ce moment où je bosse mon mémoire sur l'impact des théories du complot chez les jeunes et que je peux aller sur Madmoizelle et lire tous vos avis sur le forum sans culpabiliser de pas avancer, parce que quand même je reste dans le thème

 

[jorda]

on m'a refilé cet article (lemonde).

Déjà, l'échantillon est assez faible (1252, si je me souviens). Certes, ils disent eux-mêmes que l'échantillon fait qu'il faut relativiser les résutats du sondage, mais ils le disent très vite pour passer à autre chose, et pire, ils passent de "XX% des sondés" à "18% des Français", ce qui est très malhonnête vu qu'on ne parle que des sondés et pas des Français.
Et puis comme il a déjà été dit, il est facile de faire des sondages et de les manipuler.
Surtout si des sondages sont faits à base d'échantillons, qui pour moi ne veulent rien dire.
Un échantillon de 1000 personnes censé représenter 60 millions pour moi ne sera jamais crédible...

Après, l'autre raccourci que j'ai détesté est : les complotistes ont aussi une très forte défiance envers les médias.
Ou comment tenter de décrédibiliser toutes les personnes qui critiquent les médias en les traitant de complotiste.
Bon, ça vient d'un journal, donc il ne faut pas forcément s'attendre à beaucoup mieux, mais quand-même, c'est un procédé assez dégueulasse.

Après, à quoi s'attendent-ils, quand on a dévoilé certains mensonges des médias et des politiques?
Cette défiance est parfaitement logique.
Vous vous souvenez quand ces merdias (oui désolée mais ça m'énerve) ont raconté que le nuage de Tchernobyl s'était arrêté pile à notre frontière?
Bref...
Je dis pas que tous les médias mentent, mais entre "tous les médias mentent" et "tous les médias sont honnêtes", il y a une sacrée marge entre les deux.

Quant aux complots, quoi de mieux qu'une société qui tourne en dérision toute accusation de complot... pour justement en profiter pour en créer un en comptant sur le fait que toute la société soutienne aveuglément les acteurs du complots en criant que ça n'existe pas?
Bref...

 

[skippy01]

Et d'après l'article que j'ai linké plus haut, le faible échantillon n'est pas le seul problème.

C'est quand même ironique que des articles parlant de complotisme alimentent eux-mêmes l'idée que la presse n'est pas fiable.

 

[Ailaeen]

@Neverland90
Je suis pas sûre que l'Etat ait les moyens de produire des millions de dose de vaccins et autres médicaments chaque année, il a déjà du mal à payer le personnel de santé dans les hôpitaux ... Ce qu'il faudrait c'est imposer des seuils de prix maximum aux labos.
Sinon, en France les traitements des cancers sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale.

 

[zazouyeah]

J'ai personnellement beaucoup de mal avec les discours complotistes.
Une Madz demande plus haut ce que ça peut nous faire que certains originaux croient à des choses fausses : je pense que croire à un complot (même idiot genre "la terre est en fait plate") encourage voir justifie la méfiance envers les discours publics, le monde de la recherche, les médias. De là, on peut décider de ne plus rien croire ("de toute façon ce sont tous des menteurs") et de vivre de manière égoïste et irresponsable par rapport à la société. Par exemple : "les vaccins provoquent l'autisme / l’Alzheimer" > "je ne vaccine pas mes enfants" > risque pour la santé publique. Ou encore "le réchauffement climatique n'existe pas" > "je pollue, ne trie pas, consomme à donf, etc" > fait empirer le problème.

On parle aussi plus haut des différents types de complots : je considère comme complotistes les personnes qui n'ont pas fait l'effort de chercher plusieurs sources, se basent sur des "on-dits" ou choisissent la solution de facilité pour comprendre des phénomènes complexes "de toute façon ils mentent tous". J'ai une grande foi en la méthode scientifique, et pour moi l'exemple de Pearl Harbour donné plus haut par @Lacus_Clyne s'apparente plus à de l'esprit critique qu'à du complotisme : il y un faisceau de preuves bien documentées qui pointent vers une explication difficile à digérer/que la version officielle de l'histoire a oublié de préciser, dès lors on peut honnêtement se poser la question. Par contre les gens qui râlent vis à vis de la hausse du prix du paquet de cigarette en disant "ouais, l'état il est bien content de s'en mettre plein les poches" sans se rendre compte que c'est une technique valide de prévention pour éviter d'avoir à prendre en charge les soins de santé des fumeurs en fin de vie (et par là se rendre compte que leur addiction coûte en fait à la société), pour moi ce sont des complotistes, qui préfèrent l'explication de facilité ("les politiques sont cupides et injustes") à la recherche des vraies raisons.

@7Tangerine6 : comme expliqué dans le lien que @skippy01 a linké tout au début, il y a une question d'échelle dans les complots : s'il est tout à fait envisageable que quelques personnes soient très bonnes en manipulation, il devient plus compliqué de croire que l'entièreté du personnel de la Nasa a su tout au long de leur vie mentir sur leur rôle dans la conquête spatiale/l'alunissage. En général les complots qui sont relayés n'impliquent pas qu'une seule personne : il faudrait qu'une équipe entière n'ait aucun scrupule, mette l'argent au premier plan, se foute des victimes collatérales. Plus l'échelle du phénomène est grande, plus il y a de chances qu'au moins une personne dans cette équipe s'oppose à une action aussi malfaisante..

@Alyzea : tout à fait d'accord avec tes arguments

 

[Foxy*]

@zazouyeah Oui ça c'est dans l'idéal, mais qu'en est-il des gens qui ont signé un contrat qui leur interdit de parler de leur travail, ou des pressions qu'ils peuvent subir ? Déjà dans les boulots lambda du commerce, il est indiqué dans le contrat qu'on n'a pas le droit de parler des techniques de vente, alors vous imaginez dans les endroits plus confidentiels ? Et puis perso, à ma petite échelle j'ai déjà vu des gens corrompre tout un tas d'avocats différents, donc à leur niveau je n'imagine même pas. Regarde encore une fois Snowden: il a pris le risque d'en parler et il subit énormément, mais combien de personnes étaient au courant de l'espionnage qui était mis en place pendant des années ? On en a entendu parler au bout de super longtemps parce que Snowden est (à mon sens) très intelligent et qu'il a pris un milliard de précautions pour être sûr que son histoire et ses renseignements atteignent le grand public ! Tout le monde n'est pas capable de faire ça.
Si on se réfère à la logique, on se dit qu'effectivement, une personne qui voit une injustice va la dénoncer, mais quand on regarde la sociologie et les sciences comportementales, on se rend compte que l'humain est avant tout un animal grégaire, et qu'il va là où la meute va. Majoritairement, si tout le monde se tait, il devient très dur de parler. Si en plus on te manipule en te faisant croire que ce que tu fais n'est pas si grave ou "pour le plus grand bien", il y a de forte chance que tu finisses par le croire. On peut aussi parler de la dissonance cognitive. Bref en gros, je trouve qu'on a trop tendance à simplifier ce genre de chose et à le réduire à "si quelque chose se passait vraiment, quelqu'un le dirait" alors que c'est loin d'être aussi simple. C'est comme de dire d'une personne victime de violences psychologiques et de manipulations: "Bah, pourquoi elle/il part pas ?" C'est loin d'être aussi simple, malheureusement :/

 

[Arendal]

@zazouyeah Regarde encore une fois Snowden: il a pris le risque d'en parler et il subit énormément, mais combien de personnes étaient au courant de l'espionnage qui était mis en place pendant des années ? On en a entendu parler au bout de super longtemps parce que Snowden est (à mon sens) très intelligent et qu'il a pris un milliard de précautions pour être sûr que son histoire et ses renseignements atteignent le grand public ! Tout le monde n'est pas capable de faire ça. :/

Je crois qu'il n'y avait pas tant de personnes au courant du degré de surveillance mise en place par la NSA, il fallait un certain degré d'habilitation (donc peu de personnes) pour pouvoir utiliser ces outils, sans oublier que souvent les pontes de ce type de structures préfèrent ignorer ce qu'il se passe réellement en terme de légalité (par exemple tu n'as en théorie pas le droit de faire un truc mais dans la pratique rien ne t'en empêche) tant qu'ils ont des résultats.

Perso pour les vaccins la seule concession que je peux faire à la théorie du complot c'est concernant les liens entre Macron et Servier (labo pharmaceutique), pour faire court peut-être que le timing de cette obligation n'est pas neutre. PEUT-ÊTRE. Comme dit précédemment corrélation n'est pas causalité. Mais la recrudescence de certaines maladies mortelles passées sous le seuil d'extinction de l'OMS me semble une hypothèse beaucoup plus pertinente.

Mais pour moi y'a un problème inhérent aux théories complotistes : peut-être que ça arrange les comploteurs de faire croire/imposer telle ou telle chose, mais qu'est-ce qui permet d'affirmer que c'est forcément un mal pour l'ensemble de la population ? Intérêt personnel et intérêt général ne sont pas forcément contraires. Bon là arrive l'argument du "mais pourquoi le cacher alors", et bien peut-être parce que ça révèlerait vos liens avec des gens avec qui vous avez d'autres affaires moins avouables (on est rarement lié par une seule chose), ou pour une toute autre raison qu'on imagine pas. C'est pas parce qu'on ne trouve pas une raison valable qu'elle n'existe pas. L'autre problème pour moi c'est que ces théories correspondent à une vision romanesque de la vie, qui est souvent beaucoup plus triste : il n'y a pas forcément de collusion digne d'un film, parfois l'appât du gain/pouvoir crée un système sans réelle concertation d'ampleur (cercle vicieux, intérêt d'une stratégie individualiste vs stratégie communautaire etc)

 

[skippy01]

Le complotisme, c'est surtout symptomatique d'une perte de confiance envers les figures d'autorité (du moins, celles qui ne disent pas ce que nous voulons entendre). Cette perte de confiance se traduit par l'hypothèse qu'ils nous cachent plein de choses et mentent sur tout, le biais de validation transformant cette hypothèse en certitude (d'ailleurs, saviez-vous que c'est le scandale du watergate qui est à l'origine du scepticisme face à l'atterissage sur la lune ?). D'autres mécanismes peuvent entrer en jeu, tel que le besoin d'un bouc émissaire (théorie du grand remplacement), une erreur d'interprétation mixée à de la paranoïa (chemtrails) ou un biais d'impopularité.

Le gouvernement a sa part de responsabilité dans cette crise de confiance. À force de mentir, de faire des fausses promesses, de se remplir les poches sur le dos des citoyens et de magouiller à tout va, c'est finalement logique qu'on finisse par ne plus se fier à eux.

Paradoxalement, le gouverrnement tire énormément de profit de cette situation. Il lui suffit de dire au peuple ce qu'il veut entendre en soutenant les théories complotistes à la mode, de désigner comme boucs émissaires des gens déjà pas très appréciés par la population ou des idéologies présentées comme destructrices et de se poser en victime du «système». Et tant pis si c'est de l'imposture et que tu magouilles au moins autant que des autres. Donne un bouc émissaire à l'opinion publique et elle te pardonnera tout.

Le seul moyen d'empêcher que le complotisme gangrène les esprits, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de crise économique, politique ou sociale, autant dire une utopie dans nos """"démocraties"""" actuelles.

 

[skippy01]

Vu les conditions de l'étude, il ne fait aucun doute que le chiffre est surestimé. Mais bon, si la presse ne tordait pas les faits au profit du clickbait, ça se saurait.

 

[zazouyeah]

@7Tangerine6 :
Malgré les clauses de confidentialité, un contrat ça se termine, il y a des mécanismes de protection pour les lanceurs d'alerte (même si pas assez...) donc les "vrais complots" ont une durée de vie limitée : plus ça dure, plus il y a de chances que quelqu'un les dénoncent. Et oui, la corruption ça existe, mais d'abord ça peut toujours être dénoncé ou découvert au bout d'un moment (cfr les financement douteux de campagnes présidentielles, Bygmalion etc) et aussi on peut y trouver une motivation autre que "les politiques c'est vraiment tous des menteurs", donc pour moi ça se justifie par l'esprit critique et donc ne s'apparente pas à une théorie du complot (au contraire des chemtrails, illuminatis et autres faux alunissage). Ce que j'appelle complot c'est uniquement ce qui ne se justifie pas une fois qu'on y réfléchit un peu, sauf en considérant que les humains sont tous des connards (ce que je pense être une solution non-constructive).

Je comprends les mécanismes socio dont tu parles, mais je ne pense pas qu'ils s'appliquent encore à une si haute échelle ou pour des phénomènes d'une telle ampleur. Par exemple les nazis (point Godwin ) ont essayé de garder l'holocauste sous secret mais ça s'est très vite su, malgré la hiérarchie super cadenassée des photos ont circulé, des messages ont été interceptés, les alliés étaient au courant dès la fin 42. La sociologie/psychologie explique comment tant de personnes ont pu y prendre part, pas que ça a pu être gardé sous secret.

Je ne nie pas qu'il existe beaucoup de secrets (et encore plus lorsqu'on touche à la NSA, la CIA, qui sont par définition des cellules où les politiques ont décidé qu'il valait mieux que le public n'en sache rien..) ou de personnes suivant leur intérêt personnel. Ce que je déplore ce sont les généralisations qui amènent à une perte de confiance totale en la politique, les média, les résultats scientifiques et qui empêchent de s'y investir, d'essayer de faire bouger les choses (en votant, en s'investissant dans des assos, en repensant le financement des média,...). Il y a beaucoup de choses à faire, le découragement amené par les théories du complot me semble superflu !

 

[skippy01]

Un autre truc pour déceler les complots invraisemblables: les preuves trop évidentes pour être crédibles. En effet, il y a pas mal de prétendus complots qui partent du principe que les «comploteurs» sont assez stupides pour laisser des preuves flagrantes de leur implication dans leurs méfaits. Le meilleur exemple est celui des illuminatis qui à force de laisser des triangles partout où ils passent doivent être la société secrète la moins discrète de tous les temps, ou alors de prétendus dispositifs de contrôle de l'esprit qui bizarrement ne font même pas en sorte que tu ne saches pas qu'ils existent.