Contrairement à plusieurs Madz, je ne suis absolument pas effarée par ce récit. J'ai moi même avorté il y a environ 6 mois, d'une grossesse avancée que j'ai dû pratiquer aux Pays Bas car lors de ma demande d'IVG en France, j'avais dépassé le délai de 2 jours (???!!). Le jour de l'annonce, on ne m'a pas orientée, car à l’hôpital public en 2013, "on ne sait pas comment ça se passe l'IVG à l'étranger"; en gros, démerde toi. Je suis donc moi aussi passée par les sites pro life, qui, cachés sous des numéros verts, te font perdre encore plus de temps alors que justement, du temps, tu n'en a déjà plus. Ensuite j'ai pris contact avec un réseau d’hôpitaux aux Pays Bas (pour info, c'est CASA, ils sont très compétents et respectueux). Mais voila! pour qu'ils m'inscrivent sur la liste des interventions, il me fallait une échographie de moins d'une semaine, et le temps que je les trouvent, le délai était écoulé et je devais passer une autre echo. J'ai tout de suite appelé l’hôpital en leur expliquant ma situation; on m'a répondu que malgré l'urgence, ils ne pouvaient pas me prendre avant 15 jours (et pourquoi pas me faire une echo après l'accouchement, tant qu'à être focus et inefficaces!) Alors j'ai appelé la clinique, qui m'a donné rendez-vous une semaine après. Le jour du rendez-vous, j'avais 5 minutes de retard, à peine. Je me suis faite agressée, et par la gynéco, et par ses secrétaires, me disant qu'en gros, j'étais déjà bien impertinente de les déranger dans leur train train bien pensant, et qu'elles n'allaient certainement pas me laisser passer ces 5 minutes de retard. Bref, je n'ai pas pu faire d'écho, et j'avais attendu, depuis l'annonce, deux semaines à pédaler dans la semoule avec cet embryon qui grandissait en moi sans que je le veuille, et qui, à force de mauvaise volonté de la part du corps médical, ressemblerait bien plus à un bébé qu'à un grain de riz au moment de l'intervention. J'ai d'ailleurs pu le vérifier lorsque j'ai pris rendez vous (on en est donc au troisième établissement pour quémander une écho...) dans un hôpital a 60 km de chez moi, puisque j'étais "tricard" dans ceux de ma ville. La-bas, on m'a reçu rapidement, ce qui n'a pas empêcher le gynécologue de me flanquer l'écran devant le nez et de bien me montrer que j'avais un bébé, dans le ventre, pas un embryon. Dans son bilan, il avait écrit; un bébé avec une très bonne vitalité, en surligné. Juste au cas où je ne culpabilise pas assez, ou au cas où je sois une dinde écervelée inconsciente de ce qu'elle fait.
Après ça j'ai pu procéder à l'intervention aux Pays-Bas. Le personnel de l’hôpital n'avait strictement rien à voire avec ce que j'avais vu en France; souriant, accueillant, réconfortant, sécurisant.
Cette intervention a eu lieu à presque 17 semaines de grossesse, alors qu'elle aurait pu se faire 4 ou 5 semaines avant si j'avais été bien orientée.
Je n'expliquerai pas et ne justifierai pas mon choix dans mon témoignage, ça me regarde. Jugez moi ou pas, ça ne me regarde pas. Je veux juste faire état du parcours du combattant que c'est, et des multiples fautes professionnels du corps médical qui, il le sait, ne sera jamais inquiété car il est face à des femmes qui se sentent déjà fautives et coupables, et qui ne demanderont jamais qu'on leurs rende des comptes.
Aujourd'hui je reste amère parce que je sais qu'un moi plus faible ou plus jeune, avec moins de ressource, ce moi aurait poursuivit cette grossesse sans le vouloir, juste parce que des ignorants l'auraient décidé à sa place.