@
NimeY
Je n'avais pas vu que tu m'avais répondu! (si tu pouvais me mentionner
.)
Du coup j'allais justement poster cet EDIT qui répond peut-être à ce malentendu :
J'y pensais en relisant les derniers posts, mais ce que je voulais dire par la "culture afro des années 60/70" faisait davantage référence à un mouvement spécifique bien daté qu'à l'ensemble de la culture afro-américaine qui serait effectivement difficile à situer.
Je pensais à cette mise en avant d'un "style africain" qui passe par un changement de style (vêtements, coupes de cheveux), de modes de vie (transformation des noms - avec l'exemple classique de Classius Clay qui se rebaptise Mohammed Ali) et qui est en concomitance avec une politique plus radicale qui réinvente les Etats-Unis sur le plan théorique (Malcolm X) ou plus pragmatique (les Black Panthers).
D'où mon histoire d'association culture/société.
Si j'ai cité cet exemple, c'était simplement pour dire qu'il est délicat de simplifier les cultures, de dire "ceci appartient à telle culture exclusivement", parce que par exemple, le mouvement culturel afro a sans doute fait partie de ce qui à permis à des populations de s'émanciper du joug culturel du modèle de consommation WASP (c'est toujours difficile de parler des blancs américains comme d'une seule entité vu l'importance de l'immigration dans la culture des Etats-Unis). Je trouve que dans ce cas là, la réinvention d'une "culture africaine" (qui ne reflète pas nécessairement ce qu'est réellement la culture africaine, et n'est-ce pas absurde de parler de culture africaine au singulier de toutes façons?) a permis à toute une population de se coordonner et de s'émanciper, de réinventer son identité et son passé même si c'est au prix d'une idée simplifiée de ce qu'est l'Afrique.
Pour l'AAVE, bien sûr, ce sont les Afro-Américains qui en sont à l'origine... mais ça serait absurde de dire qu'il n'y a rien d'anglais là-dedans. Il s'agit d'une langue créole et métissée, qui a été inventée dans un contexte spécifique et bien triste de l'impérialisme, de déportation de populations et d'esclavage (d'où les sonorités "anglais des Etats américains du sud est").
Certaines cultures naissent dans la violence et l'impérialisme mais deviennent une force communautaire, on pourrait aussi parler du gospel.
Je précise tout de suite que je ne prétends pas être une spécialiste de tout ça (mouvement afro des années 60, Malcolm X, langue verniculaire afro-américaine, gospel, etc.). Je m'appuie sur ce que je connais pour l'avoir un peu étudié. Mais justement, voilà où je veux en venir: je trouve tout ça fascinant, et vos discours ici m'ont donné l'impression qu'il était malvenu que je m'y intéresse sous prétexte que je suis Française. Alors qu'en tant qu'étudiante en cultures anglophones (et je ne parle pas que de la culture afro-américaine), j'aspire à comprendre la pluralité des cultures (autant que faire se peut bien sûr), ne serait-ce que parce que c'est un excellent moyen de voir le monde autrement et de mieux comprendre les autres. Je ne peux pas m'empêcher de voir dans ce "chacun sa culture" un repli entre les cultures, alors que j'ai l'impression que le partage de la culture est souvent un lieu de rencontre idéal entre des populations/groupes sociaux qui ne se comprennent pas et un bon moyen de lutter contre la xénophobie.
Mais bien sûr, je ne parle pas de la réappropriation des codes culturels à des fins parodiques ou propagandistes/nationalistes, mais bien de curiosité innocente et d'ouverture à l'autre et à ce qu'on ne connait pas.