Nasty Wasp;2092190 a dit :Je persiste et signe.
Pour moi l'éveil des consciences et l'avancée morale ne passe pas par l'interdiction, elle passe par l'éducation.
Fixer des limites? Comment? Pourquoi? A chaque époque ses m?urs, ce qui est acceptable un jour ne l'est plus le lendemain et vice versa! Il est tout bonnement impossible de fixer des limites à la liberté d'expression, parce que c'est d'une subjectivité totale.
Chacun a son histoire, sa culture, ses idéaux et sa sensibilité, et ce qui choque quelqu'un n'en choquera pas un autre.
Ce qu'une personne considérera comme une incitation à la haine ne sera pas forcément perçu comme ça par une autre.
Trop de zones de flous, où s'arrête l'avis personnel et où commence l'incitation à la haine? Si je dis qu'à mon sens, mon voisin est un con, est-ce un avis perso ou une incitation à la haine?
Remplacez le mot voisin par n'importe quel terme lié à une culture, une sexualité, une origine, etc. Interdire aux gens de s'exprimer n'arrangera rien, ne servira à rien, et n'empêchera en aucun cas aux pensées haineuse de se développer.
On ne peut pas museler tout ce qui dérange, et c'est bien là le sens de cette phrase de Voltaire. Cette citation n'est pas censée aboutir sur un "mais", bien au contraire (le simple fait d'ajouter un "mais" enlève tout sens à son propos).
Comment se révolter et faire avancer les consciences quand on tait certains sujets pour ne pas choquer? Comment combattre des idées haineuses ou rétrogrades si elles deviennent invisibles pour les masses?
Fixer des limites à la liberté d'expression, pour moi ça revient à mettre un pansement Dora sur une hémorragie en imaginant régler le problème.
Je ne vois pas comment autoriser des rassemblements néo nazis ou quelqu'un à dire à la télé mort aux juifs, aux homos, aux arabes ou aux noirs peut faire avancer le débat.
Ces derniers siècles ont démontrés qu'une idée haineuse peut facilement arriver à faire son bout de chemin et provoquer des drames. Les camps de la mort ne sont pas sorti de nul part, dés le XIXème siècle on a vu fleurir un peu partout des journaux clairement antisémites, des partis politiques antisémites (et là je parle de la France). Et ces idées, insidieuses, se sont propagées à une vitesse alarmante. Pourquoi devrais-je avoir honte de ma propre peur ? Elle est acceptable, elle est même respectable. Une idée comme une autre, un opinion comme un autre. Ne pas aimer les noirs c'est comme ne pas aimer le bleu ou préférer les frites à la purée
Est-ce qu'il y a de l'antisémitisme en France aujourd'hui ? Oui sans conteste. Est-ce qu'il y en a moins qu'à cette époque ? Je pense pouvoir affirmer que oui.
De même, ma grand mère possède un petit manuel de géographie de la fin du XIXème siècle qui décrit dans le détail les "caractéristiques" des indigènes habitants les colonies: voleurs, paresseux, fourbes, polygames et j'en passe beaucoup. Comme l'idée que l'Afrique est un continent sans histoire, sans culture écrite, sans grands états organisés (avant l'arrivée des colons).
Il n'y a rien de plus faux, et pourtant on retrouve des traces de ces préjugés jusque dans un discours du président de la république (le discours de Dakar). J'avais entendu la phrase reprise par tous les journaux et l'indignation générale. Il aura fallu cette année pour que je lise en cours le texte en entier (nauséabond) et que je découvre les nombreux ouvrages qu'on écrit les historiens pour répondre à ces fausses affirmations. Je n'en ai entendu parlé nul part dans les médias, et si il y avait eu des reproches, c'était pour dire que le texte était "maladroit". Juste maladroit.
Tout ça pour dire qu'autoriser l'insulte, c'est lui donner de la crédibilité et surtout l'aider à vivre et à perdurer dans le temps. Les préjugés qu'on laisse en place aujourd'hui auront encore des conséquences dans 20, 30, 40 ans
Il y a des néo nazis en France. Proportionnellement il y en a certainement moins qu'au USA ou en Russie, ou ils ont le droit de citer.
L'idée qu'exprimer une idée raciste ou homophobe "soulage" la société n'a pas de sens. La haine à toujours engendrée la haine.
Preuve en est les débats successifs sur l'émigration, l'identité française etc. Les politiques ont fait du populisme, du "parlé vrai" et tout ceci à eu pour effet de faire grimper encore plus le FN.
C'est vrai que ce qui est politiquement correct change avec les époques. Et c'est vrai que dans 20 ans il sera peut être à nouveau de bon ton de prendre l'accent petit nègre. Et qu'on pourra dire très légalement à un couple gay qu'il mérite de crever. Mais pour l'instant notre société à pour principe de reconnaitre à chaque individu son humanité, lui reconnait aussi le droit à ne pas être moqué et à ne pas être considéré comme un sous homme. Et dans ce but notre société à des lois.
Tu peux dire que ton voisin est un con, aucune loi ne t'en empêchera. Tu ne peux pas dire mon voisin est un con parce que c'est un libanais et que tous les libanais sont des enfoirés.
J'ai du mal à saisir la subjectivité quand il s'agit de considérer comme des sous personnes des catégories entières d'être humains.
Si on part d'un point de vu historique ou c'est vrai avant on pouvait dire certaines choses, et c'était normal. Il était normal de considérer les noirs comme des animaux, parce qu'il ne vivaient pas comme des civilisés, (cf société occidentale), parce qu'ils n'étaient pas chrétiens, parce que entre autre l'église ne les considérait pas comme des êtres humains. Mais la société à évoluée, pour moi, dans le bon sens, et qu'on ne puisse plus dire ça en toute impunité est une avancée magnifique.
J'ai beau chercher je ne vois pas le vice versa
Laisser quelqu'un crier sa haine contre une catégorie, c'est accepter et intérioriser le fait qu'effectivement cette catégorie mérite et provoque cette mise à l'écart. Que c'est normal, une opinion comme une autre. Pour moi ce n'est pas le cas. Comment expliquer à un enfant qu'il est mal de détester, de haïr, d'injurier, comment lui dire qu'il n'est pas seul dans la société et qu'il devra vivre avec l'autre, différent mais tout aussi humain et valable que lui si partout à la télé, dans la rue, il ne voit que le contraire ?
Bref tout ça pour dire que nous vivons en société et que nous ne sommes pas des égo sur patte et qu'il faut se plier à une myriade de petite entailles dans notre "liberté" pour pouvoir vivre dans cette société. C'est peut être bête mais je crois dur comme fer à une société une et indivisible, et le communautarisme rampant en France me fait peur autant qu'il me désole. Et je crois dur comme fer au respect envers autrui, pas comme idéal, mais comme devoir citoyen. Une contre partie aux droits que nous offre cette même citoyenneté.
Je pense au contraire que dire "tenir des propos haineux n'est pas acceptable" est bien plus efficace qu'un pansement sur une hémorragie. Ca ne soigne peut être pas le malade, mais ça empêche la situation de s'aggraver.
Bon j'ai bien envie de poster un de mes cours d'anthropologie ici maintenant >>
édit: bon j'en met un bout pour le plaisir:
ma prof a dit :Ces découvertes vont bouleverser le système de représentation et de valeur de nos sociétés occidentale
Ex : découverte des Amériques
A partir de ces découvertes à la renaissance on va se pose de nb questions qui vont occuper les scientifiques mais aussi les missionnaires et les politiques :
Ou placer ces sociétés dans le tableau général de l?humanité. Ce tableau général est bien entendu en référence à la bible et aux critères judéo-chrétiens. On va se rendre compte que ces sociétés ne sont pas à l?image de nos sociétés, et ce n?est que bien plus tard qu?elles furent prises en compte dans un discours philosophique et scientifique. Avant tableau linéaire de la plus évoluée à la moins évoluée
Edmund Leach, anthropologue anglais se rendit compte en travaillant sur des écrits de voyages que les phénomènes décrits étaient très fiables, mais l?analyse qui en est faite décrit des sortes de monstres dans un univers fabuleux (à la renaissance)
Pourquoi parle-t-on de monstres ? Parce qu?ils vivent en limite du monde connu : monde connu décrit par la bible. Ces humains sont représentés comme des animaux dans des positions sportives, en train de manger et de forniquer. Bien loin donc de la morale chrétienne.
La question du cannibalisme est omniprésente au Mexique par exemple. A cette époque les européens se représentent ces populations inhumaines, non chrétiens, étranges, et ne se comportant pas comme eux. C?est ce qu?on appelle la vision théocentrée qui s?affirme beaucoup à la renaissance. Avec cette vision théocentrée il y a le pb. du nouveau monde, en dehors de la bible. Comment placer ces sociétés par rapport à l?humanité décrite dans la bible ?
C?est là qu?apparait le controverse de Valladolid, en 1550 qui va opposer Bartolomé de Las Casas et Sepulveda. Ce dernier va montrer en se fondant sur les écrits d?Aristote que le comportement des indiens les destinent à être considérés ton naturellement comme des esclaves.
La notion de prédestination marquera fortement la colonisation américaine (cf. cow boy etc). Si esclaves : pas de terres, pas de droits.
L?arrivée des européens apporte la notion de propriété privée qui n?existait pas auparavant, ce qui modifiera en profondeur leur société.
Au contraire Las Casas démontre que les indiens sont pacifiques et suffisamment intelligents pour embrasser la foi chrétienne. Cela explique aussi pourquoi il y eu des vagues d?évangélisations massives. Plus des sauvages, dignes de la foi chrétienne. Cette théorie entrainera la baisse massive des exactions des espagnols et autres envers les indiens