Dans la relation d'amitié, il y a effectivement le manque d'empathie, de conscience de la différence de nos situations, mais je réalise en en parlant ici, que ça va plus loin.
Un copine m'a raconté aujourd'hui une situation que j'ai trouvé très parlante. Je n'en connais pas les protagonistes. Je vous la transmets telle que je l'ai enregistrée.
Bidule est issu d'un milieu bourgeois. Il travaille dans l'affaire familiale, paie un loyer à ses parents pour un appartement dont ils sont propriétaires. Il est en couple avec Machine, issue d'un milieu très modeste - mère seule qui galère. Machine rêve de tour du monde. Bidule pas. La vie continue. Ils se séparent.
Bidule rend visite à sa soeur à l'autre-bout-du-monde. Elle et son mari sont aussi très aisés avec un business florissant. Là bas, il tombe amoureux... De retour au bercail, il décide de tout quitter pour rejoindre sa Dulcinée à l'autre-bout-du-monde. Le beau-frère a déjà prévu un job pour lui. Ici, pas besoin de vider l'appart' puisqu'il appartient à papa-maman - le logement d'ici attend sagement, au cas où il changerait d'avis.
Et Bidule de dire : "ah ben tu te rends compte, moi je décide de partir, et hop, je le fais, en un mois, je suis parti - alors que bon Machine, depuis le temps qu'elle en parle, elle n'est toujours pas partie".
Pour résumer, il est dans un contexte aisé, travail et logement faciles, part, certes à l'autre bout du monde, sera reçu par sa famille, a déjà un travail, et si ça marche pas avec Dulcinée, c'est pas grave, il rentre, retrouve son appart' et son job.
Et il parle
comme si la situation de Machine était comparable.
Voilà... c'est cette cécité qui me pose problème. ça n'empêche pas que si Bidule se tape le petit orteil au coin de l'armoire ça lui fait aussi mal qu'à Machine. Mais faire
comme si "partir à l'autre bout du monde" était une entreprise équivalente pour Bidule et Machine, là il y a un souci.
Bidule, je ne le connais pas. ça me navre autant que d'entendre un-e blanc-he nier les problèmes de racisme, un valide ceux d'une personne handicapée, etc. etc. mais je ne me sens pas touchée affectivement.
Venant de mes amies, cette cécité me navre
et ça me touche affectivement.
(PS : du coup,
@123pourquoi , il n'y a pas la conscience du privilège que tu évoques. )