Veille Permanente Classisme

@Dame Verveine
Je pense qu'il faudrait surtout agir en prépa effectivement, et même encore avant ^^
Après je pense que c'est tout un travail sur l'éducation en général qu'il faut faire derrière, et ça c'est pas gagné ^^ Arrêter de dévaloriser les élèves, les filières et les parcours qui ne sont pas parfaits... Pour te donner une idée, pendant des années on m'a répété que faire un bac L = pas de travail, que faire des études de lettres = devenir un glandu qui vit aux crochets de la société... Je pense que c'était un problème de genre et de classe sociale (en gros, comme j'étais une fille en ZEP, le fait que j'ai toujours des bonnes notes était vu comme "normal"... ensuite, quand j'ai été dans le privé, je réussissais encore très bien, mais c'était toujours "normal"... Paye ta confiance en toi ^^). J'ai juste un peu de mal à voir à quel point ce type de problème peut être généralisable, combien de gens n'ont pas été au maximum de leurs capacités parce qu'on a pas fait attention à leurs capacités, qu'ils ont été découragés par leurs parcours ou leur entourage... c'est difficile de savoir.
 

adita

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27 Décembre 2011
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@Dame Verveine C'est marrant que tu parles de l'ENS Cachan parce que ce matin après avoir lu vos postes à toutes j'étais justement en train de penser à ce que j'avais à dire sur le sujet (oui :cretin:) et justement je voulais parler de l'ENS Cachan (va falloir lire le poste en entier pour voir où j'en parle :lunette:).

En fait par rapport à toutes vos expériences je me sens un peu pareil mais pas trop en fait :hesite: Y'a plein de choses dans vos parcours @Croquemitaine @Dame Verveine ou @Althée qui me font penser à mon parcours, le fait de venir de province, d'avoir été en ZEP au collège, etc.
Après je n'ai pas vraiment un parcours aussi "académique", la vraie différence entre les autres et moi, c'était au lycée quand en première, alors que je faisais espagnol LV2, je me suis retrouvée dans une classe composée exclusivement de germanistes LV1 :lunette: Alors en soit faire Allemand LV1 n'est pas un critère de classe, mais quand même un peu en fait, surtout que tous les collèges ne proposent pas cette option (pas le mien par exemple :lunette:). Déjà en seconde je m'étais bien rendu compte de différence parce que j'étais la seule boursière de ma classe mais après avec mes camarades ce n'était pas du tout comme en première, je n'avais pas senti de décalages. C'est vraiment en première, et ensuite en Terminale S spécialité maths (oui j'avoue j'ai cherché) que j'ai vu vraiment un décalage avec mes camarades. Déjà rien qu'au niveau géographique, mon lycée brassait des élèves de tout le nord de la région, et tout mes camarades ou presque venaient de "la ville", et ensuite au niveau des centres d'intérêts, des ambitions, etc c'était vraiment quelque chose qui m'a marqué. Et c'est à ce moment là que je me suis dit, comme je disais la dernière fois, que je voulais pas faire de prépa "pour pas me retrouver avec ces fils à papa d'ingénieurs" :lunette:).
J'ai continuer à la fac, en mathématiques, et j'ai eu beaucoup moi cette impression que j'avais eu au lycée, il y avait vachement de mixité sociale etc. Ça vient probablement du fait que ce n'est pas une université super côté, même si elle se défend pas mal, pour la plupart c'était surtout l'université "de secteur".
En master j'ai eu deux profs qui ont fait l'ENS Cachan, l'un mathématiques et l'autre en informatique et je me rappelle que les deux nous ont fait des remarques comme quoi ils n'avaient fait "que" l'ENS Cachan et que les normaliens de la rue d'Ulm aimaient toujours à leur rappeler, et que du coup quand tu as fait l'ENS Cachan tu étais en quelques sorte obligé de le préciser hein, parce que quand même c'est pas la rue d'Ulm hein. Sur le moment j'avais trouvé ça assez triste que mes profs est intériorisé comme ça leur "infériorité" par rapport aux normaliens de la rue d'Ulm. Surtout qu'ils avaient pas à rougir de leur parcours ni rien, c'était vraiment des chercheurs très brillants.
D'ailleurs j'y ai repensé ensuite lorsque des élèves ingénieur m'ont bien fait comprendre que bon j'ai beau avoir un bac+5 et avoir un poste d'ingénieure (je l'invente pas c'est marqué sur mon contrat de travail), je ne serais jamais vraiment ingénieure, vu que je n'ai pas fait une école d'ingénieur et que j'ai "juste" un master.

Après je n'ai jamais vraiment senti de problème de légitimité, en partie parce que même si j'ai eu de la chance de faire des études supérieures ce n'était pas des études prestigieuses. D'ailleurs à l'époque où je voulais devenir professeure de mathématiques, j'avais direct écarté la possibilité de passer l'agrégation, parce que ce n'était pas "pour moi". Je comprends bien ce que tu veux dire du coup @Croquemitaine. Du coup je l'ai pas passé :lunette:
Il n'y a que maintenant que je bosse que je commence à avoir de l'ambition, je sais maintenant à peu près ce que je vaux et j'ai plus d'ambition qu'à l'époque où j'étais étudiante (je me freine encore mais plutôt pour des raisons de santé, c'est un autre sujet).

Pour ce qui est de se censurer ou de ne pas se sentir légitime... on entends souvent parler de la notion de mérite, je déteste ça mais dans un sens je trouve qu'on a tout.e.s beaucoup plus de "mérites" et sommes donc bien plus légitimes à nos places que celles et ceux pour qui la voie a été toute tracée :supermad:
En vrai j'aime pas ce genre de discours basés sur le mérite mais en même temps ça fait tellement de bien de se dire ça: On est complétement légitime, nos places on les mérites bien plus que tout ceux qui viennent de milieux privilégiés. C'est bien de se le rappeler dans les moments où on a envie de se censurer :ninja:

Pour le coup, un peu comme @madmoizelle N mes parents ne se sont jamais vraiment intéressé à mes études ni à celle de ma sœur, la question aussi c'était plutôt "Est-ce que ça va te donner un travail rapidement?". Ça va surement avec le fait qu'il ne s'y sont jamais intéressé du tout je pense, mes parents ne nous ont jamais aidé à faire nos devoirs par exemple, ni demandé nos notes ni rien, mais c'est perturbant :hesite:
J'ai vraiment senti ça quand je me suis orientée à la fac, un an après que ma sœur soit partie faire une LLCE russe, ma mère a été plutôt très déçue de voir que je ne voulais pas faire des études courtes et professionnalisantes. Elle s'était dit que c'était "perdu" pour ma sœur mais que bon pour moi y'avait encore des chances que ma formation débouche sur un travail pas trop mal payé rapidement. Elle avait peur de devoir financer nos études en fait. Après vu qu'on étaient boursière échelon max et qu'on se débrouillait sans rien lui demander ni à notre père, elle a accepté nos choix. Et en y repensant elle est contente de voir qu'on a bien réussi et qu'elles avait jugé nos parcours d'études "trop vite" (cc @Lady Stardust)

@Althée
J'ai déjà remarqué ça sur les sites de rencontres aussi, comment on rencontre finalement souvent des gens de son milieu etc, des gens "comme nous", ça s’explique en partie je trouve. Ce message est déjà beaucoup trop long, je reviendrais en parler :ninja:
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Dans les nuages
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Le salaire normalien correspond à une bourse au mérite, l'une des rares qui fonctionnent encore assez bien pour l’ascenseur social. Encore heureux que cette voie existe... Je connais quelques personnes qui n'auraient jamais pu avoir un parcours équivalent dans la voie "classique", s'iels n'avaient pas réussi les concours de l'ENS (et ça n'est vraiment pas donné, iels ont bossé dur pour le décrocher).

En fait, fournir un salaire à chaque étudiant devrait être la norme, car il est certain que ça change beaucoup de choses de ne pas flirter avec la misère pour mener des études à terme.

C'est au Danemark je crois qu'il existe déjà un système de ce genre ?

edit : @adita

Je ne peux que confirmer le classisme latent envers l'ENS Cachan...
L'un des normaliens de ma connaissance a été là bas, et même si lui ça ne l'a pas trop affecté, on a très vite compris de la façon dont il en parlait qu'il y avait un classement entre les ENS (et entre ENS et X aussi), et que les normaliens de telle provenance regardaient les autres de haut. Eux même regardés de haut par les polytechniques. :rolleyes:
C'est assez fou, ce besoin de hiérarchiser dans leur propre groupe, alors que toutes ces personnes partagent pourtant des profils et des parcours de travail relativement similaires. :neutral:
 
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adita

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@Denderah Pour la bourse au mérite, tu parles de celle obtenue grâce à une mention Très Bien?
Mon copain l'avait et en cumulant avec la bourse sur critère sociaux il me semble qu'il devait être à 650€ par mois sur 9/10 mois, ce qui est bien différent du salaire normalien. Tu parles d'autre chose du coup ou c'est moi qui suis à coté de la plaque?
 
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@Denderah Pour la bourse au mérite, tu parles de celle obtenue grâce à une mention Très Bien?
Mon copain l'avait et en cumulant avec la bourse sur critère sociaux il me semble qu'il devait être à 650€ par mois sur 9/10 mois, ce qui est bien différent du salaire normalien. Tu parles d'autre chose du coup ou c'est moi qui suis à coté de la plaque?

Non en effet je ne parle pas de celle donnée au bac qui se nomme effectivement "bourse au mérite" (désolée pour la confusion), mais du fait que le salaire normalien peut être considéré comme une bourse au mérite, dans le sens, qu'elle n'est pas attribuée sur critères sociaux.
Et pour les personnes en limite pour les bourses sociales (parce que les parents touchent à la fois "trop" et pas assez), le salaire normalien (et polytechnique) reste donc la seule voie possible pour mener de grosses études.
 
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Et moi non plus j'aime pas parler de mérite, mais quand même, j'en ai marre de me sentir comme une imposteuse, je mérite ma place quoi...
Et j'aime pas non plus voir des gens autour de moi qui ont tellement l'habitude de voir des bons élèves se la péter, les rabaisser et étaler leur culture m'ont trouvé impressionnante à ma première participation en cours et pensaient que j'étais snob et hautaine et n'ont pas osé venir me parler pendant toute l'année... J'ai su ça à la fin de l'année à une soirée, et ça m'a fait de la peine. Meuf, je viens pas du 93 mais je viens de banlieue aussi, moi aussi je surveille mon langage pour pas parler wesh, moi aussi j'aime la bière et les gros mots et les vidéos débiles, et bien sûr que je veux bien t'aider pour ton devoir...
Ça me chagrine de voir que certaines personnes ont pu en rabaisser d'autres comme ça au point de conditionner dans leur tête un réflexe bon en cours = snob qui déteste tout le monde...

Sur cette partie-là notamment ^^
(Même si moi c'est encore pire, je n'ai pas d'imposture à ressentir vu que je n'ai pas eu de place quelque part encore ^^)
 
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Réactions : Dame Verveine
22 Décembre 2012
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Le critère des boursiers pour évaluer l'accès des classes plus populaires me semble finalement assez limité car effectivement, être échelon 0 ou 6 n'est pas la même chose, et même dans un même échelon, cela recouvre trop de situations différentes. Enfin, on en parle souvent ici mais les histoires de capital culturel et de capital social (c'est con mais moi mes parents n'avaient ni dans leurs amis ni dans la famille des personnes qui avaient fait de longues études et étaient donc en mesure de me renseigner - après, mes soeurs ont fait des études longues et sont plus âgées que moi donc j'avais déjà ce repère) sont difficilement quantifiables et pourtant ô combien importantes dans ces questions...

@adita Oui moi aussi j'aurais des choses à dire sur le sujet "accointances, attirances et classisme" :lol:
 

Pochemuchka-Lilou

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La différence entre ma vie d'avant et ma nouvelle vie est super violente. Ca me met mal à l'aise.

Un jour j'avais dix-neuf ans, j'ai dîné au Georges V. Ce restaurant si chic et rutilant qu'il ne peut qu'etre sur l'avenue du même nom. Un vague cousin m'avait invitée parce qu'il avait oui dire que j'etais la seule gamine sauvable de la famille (ou personne n'a passe le cap du bac). Je l'ai sagement écouter cracher sur l'inculture de ses parents et renier ceux avec qui il avait grandi et je me suis jurée de ne jamais finir comme lui. J'ai jamais voulu jouer à déterminer le capital culturel de mes parents ou à me déterminer sur une échelle du misérabilisme. Peut-etre que mon frère est mécanicien mais je suis soufflée par ses capacités mathématiques. Qui sait monter un moteur ? Bien peu de gens. Un illuste philosophe disait que le capital culturel n'est pas tout dans notre héritage. Et si mes parents ne lisaient pas Bourdieu, ils m'ont pousse à être curieuse, impertinente et moi-meme. Cette dimension me semble importante aussi. Le respect et l'encouragement de l'enfant.

Élevé touriste, j'ai brille dans la médiocrité pendant longtemps. Pas mauvaise, ni exceptionnelle. J'ai eu l'audace de refuser d'aller en prépa préférant (naïve que j'etais) faire la fête dans un appartement estudiantin. Et d'un coup je me retrouve dans la même école que ce membre de ma famille, arrogant et riche (pas la même antenne). Double peine, en double-master je rentre dans les arcanes du système. Et je regrette la vie d'avant. Ma fac délabrée, la moins bien classé de France. Nos profs engagés, la tolérance pour les étudiants qui travaillent. J'ai commencé impressionnée par ceux qui sont mes camarades. Ils viennent tous des classes aisees et méprisent ceux qui comme moi, sont issus des 'prepas diversite'. Au fil du temps le malaise à prit le pas. Dans ceux qui auront des emplois à responsabilité il y a un mépris de classe, une haine du pauvre, de la moquerie. Je ne me sens pas à ma place, que j'ai l'impression d'avoir vole (pourtant je suis arrivée premiere). J'hesite à arrêter. J'ai peur de dépérir ou de devenir comme mon cousin et de m'eloigner de ma famille.
 

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