Veille Permanente Classisme

[Valentina-]

Ca me fait penser qu'un autre truc qui m'agace c'est ce partage entre les bons pauvres et les mauvais pauvres :

En gros, caricaturalement le "guide du bon pauvre" : Travailler sa race 50h/semaine et faire des heures supplémentaires, le dimanche compris, sans prendre de vacances, épargner un max, manger minimal, faire de cadeaux à personne et encore moins à soi-même, etc j'en oublie sûrement.
Et soi-disant, ainsi, tu vas forcément grimper les échelons (ça peut arriver, mais dans de multiples cas, non, tu vas juste être très malheureux voilà)​

Je n'arrête pas de voir ou d'entendre des critiques type : "Soi-disant il est pauvre mais il a un écran plasma/un iPhone/mange de la marque Panzani et pas de la marque Lidl, il fait ceci ou cela". Mais quand les loisirs te sont pas accessibles, oui ton dernier loisir c'est peut-être la télévision, et oui certains pauvres peuvent le cacher en s'achetant des iPhones ou fringues de marque, quant aux choix alimentaires, c'est pas quand tu bosses 50H par semaine que tu as le temps de devenir un expert diététique.

En gros pour être un bon pauvre, tu subis en disant rien, tu assumes une vie métro-boulot-dodo sans aucun espace de liberté et en plus, tu ne dois pas te plaindre. Et si tu fais le moindre écart, que tu oses te faire plaisir, tu te manges le jugement de tous les autres dans la face, génial. Comme tu le dis, la santé ou un minimum de bien-être c'est aussi pouvoir voir ses proches, avoir du temps pour soi etc etc !

Je ne dis pas que savoir gérer son budget est inutile, loin de là, mais j'en ai marre des jugements car les gens trouveront toujours un point X ou Y à critiquer, comme si le pauvre, en plus d'être pauvre, devait être parfait et irréprochable.

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@Dame Andine cogite Big up Je suis un peu pareille et oui madmoizelle est un forum très safe où j'apprends aussi beaucoup ! Avoir le point de vue des autres et lire autant d'expériences différentes ça ouvre vraiment l'esprit. D'ailleurs je vais arrêter de squatter ce topic et je vais laisser la place à d'autres (je réalise que quand je me lance j'ai 12 000 choses à dire )

 

[schizophrenia]

Ce tweet. Comment les futures élites de 22 ans pensent, c'est fascinant.

 

[Haunted]

@schizophrenia On peut pas lire si on follow pas. Possible de mettre une capture d'écran ou de copier le texte stp ?

 

[schizophrenia]

Ouais, ce gros lâche a supprimé sa publication devant le tollé. Dommage, j'ai eu le temps de prendre une capture d'écran.

 

[schizophrenia]

@-Jeanne- : Oh compassion. Moi aussi j'ai le droit à un noël libéral de droite. J'ai prévu du xanax et beaucoup de champagne.
C'est assez consternant, j'aimerais bien mettre un pied dans les écoles de commerce pour savoir exactement quels sont les enseignements et surtout, comment tu peux en arriver à penser de cette manière.

 

[schizophrenia]

@-Jeanne- : Je trouve ce que tu me dit très interessant. J'ai l'impression, sans pouvoir le constater sociologiquement, qu'il y a une défiance de certains jeunes issus d'un milieu modeste envers ce milieu. Finalement, parce qu'ils arrivent à s'en sortir en adoptant "les bons codes sociaux", il rejettent en bloc ceux de leur milieu d'origine avec le mantra "quand on veut on peut". Une partie de mes ex beaux parents étaient comme ça, parce qu'eux venaient d'une famille modeste et s'en était très bien sortis, ils étaient d'autant plus jugeants. Mais ils oubliaient, dans cette équation, a quel point ils avaient bénéficié de coup de pouce et de sacrifices de la part de leurs parents pour en arriver là.
EDIT : a tiens, ca me fait penser à ma cousine et à ses uggs hors de prix aussi. Qui recevait des tee-shirts a 90 balles pour noël.

 

[Haunted]

@-Jeanne- @schizophrenia
Ça me paraît logique, cette histoire de défiance. Je viens d'un milieu modeste et j'ai fait des études sup qui requièrent un bon capital culturel, pendant très longtemps j'ai eu le sentiment de ne pas être à ma place, parce que je n'avais pas les codes, les bonnes références, LA culture. J'ai longtemps eu honte d'avoir des parents pauvres, d'être pauvre. J'ai appris à l'accepter mais je comprends un peu les gens qui sont dans le rejet, c'est "plus facile". Tu te fonds dans le moule, tu déranges pas, on te fais pas chier, et puis c'est assez valorisant aussi, de se dire que Toi tu as réussi, alors que tou.x les autres non. C'est plus facile de blâmer les individus, ces feignasses de pôvres, que le fonctionnement de la société, surtout une fois que tu en profites.

 

[schizophrenia]

@Haunted : C'est marrant, merci pour ton partage.
J'ai fait des études sup' censées requérir un gros capital culturel aussi. J'ai vraiment eu du mal avant d'y entrer : j'avais peur de ne pas être à la hauteur, j'étais paniquée à l'idée qu'on découvre mon imposture. J'étais tellement angoissée que je faisais relire mon travail à d'autres camarades avant de le rendre, comme s'ils étaient mes supérieurs.
Avec le recul, je me suis rendue compte que ce qui les caractérisait, en tant qu'enfants de l'élite destinés à devenir l'élite, c'était une confiance aveugle en eux et ce qu'ils disaient. C'est aussi ça qui a joué ensuite pour s'intégrer dans la vie active. Et j'ai jamais vu des gens aussi peu curieux, a toujours analyser les choses en surface, à ne jamais lire un livre pour le plaisir ou avoir un avis un minimum argumenté. Juste, une bonne grosse confiance en eux, que nous les enfants de prolos on a pas. D'ailleurs, c'est ce qu'on retrouve chez beaucoup de gilets jaunes, l'impression d'être nuls, moins forts et moins brillants.

@-Jeanne- : Non mais quelle violence, quelle violence. Comment réagissent ton oncle et ta tante ?

 

[schizophrenia]

@Mamy_Plug : Blanquer s'est engagé a augmenter le financement des écoles privées sous contrat et faire en sorte que les surveillants puissent avoir des heures d'enseignement dans le public. (Ils ne sont absolument pas formés pour ça et touchent une misère). Donc ça ira pas en s'améliorant.

@-Jeanne-

 

[Liluuuy]

@schizophrenia ca me rassure moi aussi j'ai prévu le Xanax pour les fêtes (mais il me le faudrait au quotidien.... )

J'ai une école trés problématique là dessus avec des grosses remarques sur les pauvres bons qu'a toucher les alloc et à servir à rien et je ne sais pas quoi faire... Car elle m'ont étiqueteté gauchiasse féministe qu'il ne faut pas écouter.. Ca m'enerve... Il n'y a même pas de dialogues.
Donc Noël ca sera juste une redite ^^

 

[Liluuuy]

Dp parce que j'avais pas lu ce qu'avait mis @Mamy_Plug mais moi je vis ça en enseignement de ma fac de médecine . Même si je ne fais pas médecine ma promo se gargarise en majorité d'être dans une fac de médecine, ne veut sortir qu'avec des ingé ou des médecins (veridique). Parce que elles en ont chié à avoir le concours, que quand on veut on peut , que faut pas être feignant si on veut réussir blablabla.
Quand je les mets devant le fait accompli que elles ont fait pour 88% une prépa privé (voir plusieurs) qui coute plusieurs milliers d'euros, et que donc il y a inégalité des chances... je me fais huer.
De plus certains médecins que nous avons en prof nous laissent clairement entendre des choses à gerber sur les "pauvres" "les précaires" "les immigrés" "ceux qui profitent des alloc" et tout le champ sémantique nauséabond qu'ils peuvent y adjoindre.
Donc à partir de là je comprends d'avoir croiser autant de soigants dans le jugement le mépris etc...

 

[DarkVador-au-sauna]

@schizophrenia ça a bien été étudié par des sociologues (notamment François Dubet si je me souviens bien de l'article que j'avais lu là dessus et que je n'arrive pas à retrouver ). C'est pour ça qu'il prône l’égalité des places plus que l'égalité des chances parce que :
1. ben déjà l'égalité des chances, la méritocratie, c'est bien beau mais dans les faits on démarre pas tous à égalité donc il y a un gros biais
2. et justement les personnes qui sont issues de milieux plus défavorisés et qui vont réussir vont entretenir cette vision méritocratique. Si elles sont arrivées là c'est que c'est possible et que donc quand on veut, on peut. Et au final ces jeunes qui ont, par exemple, bénéficié de places réservées dans des grandes écoles pour "promouvoir la mixité sociale" vont se ranger du côté des "élites" : puisqu'elles elles ont réussi c'est que les autres n'ont pas fait suffisamment d'efforts et/ou n'avaient pas les capacités. Du coup, si on peut dire, ça créé une petite mixité mais assez superficielle vu que les personnes rejettent leur milieu et nient les difficultés des gens qui en font parti (mais c'est quelque chose qu'on retrouve aussi chez certaines femmes à des postes importants qui vont nier le plafond de verre auquel peuvent être confrontées les femmes vu que la preuve elles elles l'ont fait).