@Pinceau_
Oui, je l'avais vu l'an dernier, et en fait, moi il m'a laissé un gout très mitigé, d'une part à cause de certaines incohérences dans le message lui-même, d'une naïveté frôlant la caricature au point de desservir le message qui pourtant partait vraiment bien, mais aussi parce que il a un coté essentialiste désagréable, tendant presque vers le slut-shaming* par moments.
* Le passage où l’héroïne questionne la femme qui l'héberge sur son rouge à lèvres : "mais pourquoi tu en mets, c'est pour qu'on t'aime ?". Et tout le passage qui insiste bien sur le fait qu'elle n'en met forcément que pour le regard des autres et pour plaire, et qui sous entendu assez lourdement que c'est pas bien d'en mettre, que c'est stupide, etc.
Et genre, elle ne pourrait pas juste mettre du rouge à lèvres parce que ça lui plait, à elle ? A aucun moment cette éventualité n'est suggéré, et de là à sous entendre que maquillage ou fringues c'est pareil (surtout avec la tendance "rien à fiche de ce que j'ai sur le dos ou de à quoi je ressemble" de l’héroïne et ses compatriotes), et que si une personne s'habille sexy, ou se met juste "en valeur", c'est forcément pour plaire et séduire, et pas juste pour elle, il n'y a qu'un pas vers un des clichés du slut shaming habituel.
L'une des incohérences qui m'avait le plus frappé, c'est quand ils prétendent ne pas manger de viande.... Mais au tout début du film, l'un des compatriotes de l’héroïne lui file des chaussures en... peau d'agneau. En insistant même là dessus "tiens c'est de l'agneau, c'est tout doux". Ils sont au courant que pour avoir de la peau d'agneau, faut le tuer le petit, où la scénariste baignait dans l'idée béate que ça pousse tout seul sur les arbres ?
Et puis ils racontent vivre en plein air et dormir à la belle étoile. Ok pas de soucis, puisque soit disant leur planète a un climat tellement stable et idyllique qu'ils ne souffrent ni du froid ni de la pluie ni de la chaleur excessive. Heureusement qu'on précise bien que c'est sur une autre planète et que la Terre est un chouilla différente.
Surtout qu'ils portent des habits, manifestement tissés ou cousus, ont des outils pour leurs cultures (où les stockent-ils ?), etc. N'importe qui travaillant un peu en plein air sait qu'il ne faut pas laisser des outils dehors, car sinon ils se détériorent très vite. Et ne parlons même pas du stockage des céréales vs les intempéries, les insectes et les rongeurs.
Pareil pour les gens d'ailleurs. Le coté "oui on vit très longtemps, en bonne santé, ET on a a l'air jeunes". Alors les deux premiers points oui. Le troisième... Nan, quand on vit dehors en permanence, le soleil le fait bien payer surtout aux peaux claires (on notera d'ailleurs que tout ce beau monde est blanc, à part une courte incursion chez les Aborigènes australiens), et tu peux certes vivre longtemps et en bonne santé, mais faut pas s'attendre à garder aussi une peau de bébé pendant 200 ans. Bon, on va dire que ce sont pas vraiment des humains en fait, et que leur métabolisme est différent. Mais le sous entendu du film penche plutôt lourdement sur le fait que leur secret de jeunesse n'est qu'un choix de mode de vie...
Le point "on a le temps pour des loisirs" j'ai trouvé ça très naïf aussi. Ben tiens, c'est sur qu'après avoir travaillé la moitié de la journée à la main dans les champs, puis à tisser, coudre ou que sais-je, t'es tout à fait d'attaque pour ensuite encore aller faire des pirouettes et des sauts périlleux la seconde moitié de la journée. Un métabolisme d'enfer ce peuple.
L'un des derniers trucs qui m'a achevé, c'est leurs "concerts de silence".
Si on passe sur le coté essentialisme forcené qui rappelle certaines des communautés les plus réacs qui refusent l'usage et l'écoute de la musique parce que soit disant "ce n'est pas naturel", il n'y a qu'un citadin pour prétendre que la nature est silencieuse. Si on reste sans faire soi même de bruit dans un lieu extérieur, on n'en entendra que mieux tous les petits bruits naturels : oiseaux, animaux, insectes, vent dans les végétaux, sur les minéraux, etc. Parler de silence, c'est aussi condescendant et présomptueux que le "monde du silence" du Commandant Cousteau quand il parlait du monde sous-marin.
Alors peut-être qu'ils savent que justement en ne faisant pas de bruits, ils pourront du coup entendre mieux tout le reste (un passage à la fin le laisse penser, quand ils rient tous), mais dans ce cas, pourquoi justement parler de silence ?
On a un peu l'impression que cette idée de concert de silence a surtout été posé là par la réalisatrice pour railler le fait que notre société moderne fait trop de bruit et ne prend plus le temps d'écouter, mais sans aller beaucoup plus loin dans la réflexion.
Après, il y a quand même beaucoup de petites choses chouettes (le passage avec la boulangerie qui vend des produits rassis, les réflexions sur la société de consommation, sur notre société en général etc), il y a quand même une volonté bienveillante certaine (mais maladroite) qu'on voit rarement, et il sort déjà bien des sentiers battus habituels. Peut-être que c'est parce que j'en espérais trop, je m'attendais à quelque chose de plus militant et réfléchi, alors que sans doute que ce film ne voulait que raconter une jolie histoire un peu naïve.
Oui, je l'avais vu l'an dernier, et en fait, moi il m'a laissé un gout très mitigé, d'une part à cause de certaines incohérences dans le message lui-même, d'une naïveté frôlant la caricature au point de desservir le message qui pourtant partait vraiment bien, mais aussi parce que il a un coté essentialiste désagréable, tendant presque vers le slut-shaming* par moments.
* Le passage où l’héroïne questionne la femme qui l'héberge sur son rouge à lèvres : "mais pourquoi tu en mets, c'est pour qu'on t'aime ?". Et tout le passage qui insiste bien sur le fait qu'elle n'en met forcément que pour le regard des autres et pour plaire, et qui sous entendu assez lourdement que c'est pas bien d'en mettre, que c'est stupide, etc.
Et genre, elle ne pourrait pas juste mettre du rouge à lèvres parce que ça lui plait, à elle ? A aucun moment cette éventualité n'est suggéré, et de là à sous entendre que maquillage ou fringues c'est pareil (surtout avec la tendance "rien à fiche de ce que j'ai sur le dos ou de à quoi je ressemble" de l’héroïne et ses compatriotes), et que si une personne s'habille sexy, ou se met juste "en valeur", c'est forcément pour plaire et séduire, et pas juste pour elle, il n'y a qu'un pas vers un des clichés du slut shaming habituel.
L'une des incohérences qui m'avait le plus frappé, c'est quand ils prétendent ne pas manger de viande.... Mais au tout début du film, l'un des compatriotes de l’héroïne lui file des chaussures en... peau d'agneau. En insistant même là dessus "tiens c'est de l'agneau, c'est tout doux". Ils sont au courant que pour avoir de la peau d'agneau, faut le tuer le petit, où la scénariste baignait dans l'idée béate que ça pousse tout seul sur les arbres ?
Et puis ils racontent vivre en plein air et dormir à la belle étoile. Ok pas de soucis, puisque soit disant leur planète a un climat tellement stable et idyllique qu'ils ne souffrent ni du froid ni de la pluie ni de la chaleur excessive. Heureusement qu'on précise bien que c'est sur une autre planète et que la Terre est un chouilla différente.
Surtout qu'ils portent des habits, manifestement tissés ou cousus, ont des outils pour leurs cultures (où les stockent-ils ?), etc. N'importe qui travaillant un peu en plein air sait qu'il ne faut pas laisser des outils dehors, car sinon ils se détériorent très vite. Et ne parlons même pas du stockage des céréales vs les intempéries, les insectes et les rongeurs.
Pareil pour les gens d'ailleurs. Le coté "oui on vit très longtemps, en bonne santé, ET on a a l'air jeunes". Alors les deux premiers points oui. Le troisième... Nan, quand on vit dehors en permanence, le soleil le fait bien payer surtout aux peaux claires (on notera d'ailleurs que tout ce beau monde est blanc, à part une courte incursion chez les Aborigènes australiens), et tu peux certes vivre longtemps et en bonne santé, mais faut pas s'attendre à garder aussi une peau de bébé pendant 200 ans. Bon, on va dire que ce sont pas vraiment des humains en fait, et que leur métabolisme est différent. Mais le sous entendu du film penche plutôt lourdement sur le fait que leur secret de jeunesse n'est qu'un choix de mode de vie...
Le point "on a le temps pour des loisirs" j'ai trouvé ça très naïf aussi. Ben tiens, c'est sur qu'après avoir travaillé la moitié de la journée à la main dans les champs, puis à tisser, coudre ou que sais-je, t'es tout à fait d'attaque pour ensuite encore aller faire des pirouettes et des sauts périlleux la seconde moitié de la journée. Un métabolisme d'enfer ce peuple.
L'un des derniers trucs qui m'a achevé, c'est leurs "concerts de silence".
Si on passe sur le coté essentialisme forcené qui rappelle certaines des communautés les plus réacs qui refusent l'usage et l'écoute de la musique parce que soit disant "ce n'est pas naturel", il n'y a qu'un citadin pour prétendre que la nature est silencieuse. Si on reste sans faire soi même de bruit dans un lieu extérieur, on n'en entendra que mieux tous les petits bruits naturels : oiseaux, animaux, insectes, vent dans les végétaux, sur les minéraux, etc. Parler de silence, c'est aussi condescendant et présomptueux que le "monde du silence" du Commandant Cousteau quand il parlait du monde sous-marin.
Alors peut-être qu'ils savent que justement en ne faisant pas de bruits, ils pourront du coup entendre mieux tout le reste (un passage à la fin le laisse penser, quand ils rient tous), mais dans ce cas, pourquoi justement parler de silence ?
On a un peu l'impression que cette idée de concert de silence a surtout été posé là par la réalisatrice pour railler le fait que notre société moderne fait trop de bruit et ne prend plus le temps d'écouter, mais sans aller beaucoup plus loin dans la réflexion.
Après, il y a quand même beaucoup de petites choses chouettes (le passage avec la boulangerie qui vend des produits rassis, les réflexions sur la société de consommation, sur notre société en général etc), il y a quand même une volonté bienveillante certaine (mais maladroite) qu'on voit rarement, et il sort déjà bien des sentiers battus habituels. Peut-être que c'est parce que j'en espérais trop, je m'attendais à quelque chose de plus militant et réfléchi, alors que sans doute que ce film ne voulait que raconter une jolie histoire un peu naïve.