Ah et tiens j'en profite pour faire comme toi et faire revivre un peu le sujet, avec cette fois un retour d'expérience positif tiré de la réponse que je t'ai postée. Il y a tellement de comportement odieux envers les gens en surpoids ou obèses, tellement de situations dégradantes envers l'aspect physique en général, j'avais envie de vous apporter un peu de lumière.
Aloooors on y va, comment buter des clichés rapido:
On commence par le commencement, l'hérédité. Raté mon pote, je viens d'une famille de gens exclusivement minces. Ils mangent tout ce qu'ils veulent, et prennent pas un gramme.
Enfant, j'ai fait exploser les courbes de tailles et de poids. A 10ans, je toisais les copains de mon mètre soixante-z-et quelques cm, et mes 66/67 bons kilos. Ce qui amène au second cliché: l'alimentation.
Raté là aussi. Mes parents, tous deux dans le médical et n'ayant jamais eu de problèmes de poids, ont consulté diététiciennes et nutritionnistes, psys et j'en passe, donc alimentation ultra équilibrée et saine pour moi. Mon frère souffrant d'une surproduction d'insuline, sucre absolument proscrit à la maison. Je n'ai jamais bu un soda de ma vie, goûté un bonbon à l'âge de 20ans, et j'en ai détesté le goût. J'ai mangé un hamburger dans ma vie. J'ai pas aimé non plus. Bref, élevée à la campagne au poulet fermier, aux légumes du jardin, au pain complet, avec des menus hebdomadaires équilibrés. J'ai toujours mangé peu, jamais mangé de façon compulsive, et de toute façon je ne suis pas habituée à la nourriture lourde et grasse, si j'en apprécie le goût, je finis la journée au dessus de la cuvette des W.C...
Donc bon il me restait qu'un seul espoir pour faire quelque chose de ce corps que je percevais comme "hors normes" et terriblement encombrant: le sport. Là aussi discipline stricte. Une à deux heures chaque jour en semaine. Environ 6h réparties sur le weekend. Là encore on va démonter un autre cliché, j'ai pas perdu un gramme, par contre j'ai pris vachement de poids et de volume... c'est lourd le muscle! Donc me voilà adolescente, carencée à force de me restreindre au niveau alimentaire, et en béquilles because trop d'efforts intensifs, les ligaments ont lâché bim! Alors oui forcément j'ai eu droit au médecin qui sort le splendide "ah ben faut maigrir". HAHAHA! Ducon!
Alors non maigrir manifestement à part si je crève là tout de suite ça va être compliqué je vais tenter autre chose: assumer. On remarque mon corps parce qu'il a des dimensions "hors normes"? Eh ben vazy tant qu'à faire qu'on me remarque tout court. Non seulement je n'ai jamais été harcelée à l'école à cause de mon poids et ma taille, mais j'ai été respectée pour ça. Comme la fille qui en impose. Alors je dis pas, ça a pas été toujours simple de faire comprendre aux autres que s'ils ont un problème avec mon corps, et les corps ronds en général, moi je n'en ai aucun. Mais le comportement des gens a changé, mes parents les premiers. Ma mère qui voulait tant me faire maigrir a fini par me pousser vers le mannequinat. Grandes tailles of course.
Et alors là révélation. Je me suis retrouvée au milieu de femmes toutes plus agées, plus grandes et plus rondes que moi. Et le seul truc que j'ai vu c'était pas "oh il y a plus ronde que moi" non non, c'était "waouuuh mais elles sont toutes absolument sublimes!!!". Des femmes qui s'assumaient, pétillantes, pleine de joie de vivre, magnifiques. Donc hop! un autre cliché à la poubelle. Oui tu peux être ronde ET heureuse, ET bien dans ta peau, ET féminine, ET classe... et tout ce que tu veux en fait.
Ah un autre cliché que j'ai démonté dans ma réponse à
@Léona B. (le cliché, pas Léona!), les gros et le sport. Je faisais du judo, de l'équitation, de la danse et de l'athlétisme. Bon à part en danse où vraiment j'ai pas la vibe, j'ai remporté des championnats (départementaux hein faut pas pousser) dans chaque discipline. En athlétisme, je me suis distinguée au 100m haies et au 400m. Malgré un entraîneur qui a voulu au départ me coller au lancer de poids parce que... comment dire... ça collait mieux à mon apparence quoi. J'ai effectivement lancé un poids. Sur ses pieds. Puis je suis partie courir.
Pendant mes études, j'ai continué le mannequinat et des jobs de modèle. J'ai eu plusieurs compagnons et quelques sexfriends faut le dire, mon corps n'a jamais posé le moindre problème à aucun de mes partenaires
Puis un jour on me trouve une pathologie hormonale. Ah ben voilà t'es grosse mais c'est pas ta faute! Du coup on va pouvoir te faire maigrir. Donc je me retrouve à bouffer un traitement soi-disant pour mon bien, qui me fait perdre 30 kilos très rapidement, et je passe de grosse en super santé à très mince qui fait des malaises régulièrement. Yeah! Je ne reconnais plus mon corps, je le déteste, me renferme, et décide d'arrêter le traitement. Constat: j'étais plus heureuse et épanouie grosse. Une taille 38/40 ce n'est tout simplement pas mon corps, pas moi. Non pas que l'on soit défini.e par son corps, c'est pas ça, mais le mien c'était juste pas celui-là.
Bref, un looooong témoignage mais juste pour dire que oui, il y a toujours des connards pour faire des remarques déplacées, des clichés qui ont le vie dure, mais finalement c'est pas à eux d'émettre un avis sur notre corps. Et on est pas forcément obligé.e.s de vivre un calvaire parce que notre corps rentre pas dans les standards. Ce corps vu comme "hors norme" peut être aussi une force. En espérant vous avoir apporté un peu de positif aussi!