M
Membre supprimé 116050
Guest
J'ai pris des claques quand j'étais enfant et adolescente, et des fessées, et des coups de pieds, de laisse de chien, de livre et de cravache d'équitation. Pas (trop) souvent, pas (trop) violemment, et à chaque fois pour une "bonne raison". Clairement je n'en suis pas morte, sinon je ne serais pas là pour en témoigner. Je n'en garde aucune séquelle physique non plus, et bizarrement, très peu de séquelles psychologiques. Et aujourd'hui, j'ai de très bonnes relations avec mes parents.
Je n'en suis pas moins à 200% en faveur de l'interdiction des "violences éducatives ordinaires". D'abord, parce que sur le coup ou sur un temps plus long, c'est traumatisant pour l'enfant, sa confiance en elle/lui, son rapport aux autres et à son propre corps (j'en sais quelque chose, moi qui ne peux m'empêcher de me faire du mal d'une façon ou d'une autre à chaque fois que je me sens coupable). Ensuite, parce que c'est totalement contre-productif: personnellement, je me souviens de la violence, de la douleur, de l'humiliation et de la vague de haine à l'égard de mes parents et de moi-même, mais rarement de ce qui a entraîné la punition et jamais de mes parents m'expliquant pourquoi ce que j'avais fait était mal. Or d'après les personnes qui le perpètrent ou le défendent, le but premier d'un châtiment corporel est de faire prendre conscience à l'enfant que ce qu'elle/il a fait était mal pour qu'elle/il ne recommence pas. Échec total en ce qui me concerne donc. Enfin, parce que, comme l'a souligné Mymy, l'enfant intériorise les comportements vus et/ou vécus, et ceux-ci vont l'influencer plus tard, à l'adolescence et à l'âge adulte. Par exemple, plusieurs études montrent une prévalence des actes violents (et notamment des violences conjugales) chez les personnes ayant subi des violences dans leur enfance. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu'un enfant qui a reçu une claque deviendra forcément un-e adulte violent-e, mais tout de même, ça fait réfléchir.
Ce que je regrette, c'est que par "violences éducatives ordinaires", on entende les claques, les fessées et autres coups. Quid des violences psychologiques? Dans mon cas, ce sont elles qui ont laissé des traces. Et bien qu'elles n'en soient certainement pas les seules responsables, je pense que des phrases comme "t'es grosse, t'es moche, t'es con" (ma mère quand j'avais sept ans), "t'es pourrie de l'intérieur" (ma mère encore, dix ans) et "tu mériterais d'être lapidée" (ma mère toujours, treize ans) n'ont pas été pour rien dans le développement de mes troubles de la personnalité et du comportement alimentaire ainsi que de mes idées suicidaires.
IL N'Y A PAS DE VIOLENCE ORDINAIRE.
J'espère que la loi sera adoptée. J'aurais aimé cependant qu'elle aille plus loin qu'une interdiction "de principe": il faudrait que les professionnel-les de l'éducation, de la santé, du social et de la justice soient mieux formé-es à recueillir la parole des enfants afin que celles-ci puissent faire part "même" d'une fessée et que les parents soient alors convoqués. Avec à l'issue l'injonction à participer à un stage de communication non-violente, par exemple. On impose bien des stages pour mieux conduire, pourquoi pas pour devenir de meilleurs parents?
Je n'en suis pas moins à 200% en faveur de l'interdiction des "violences éducatives ordinaires". D'abord, parce que sur le coup ou sur un temps plus long, c'est traumatisant pour l'enfant, sa confiance en elle/lui, son rapport aux autres et à son propre corps (j'en sais quelque chose, moi qui ne peux m'empêcher de me faire du mal d'une façon ou d'une autre à chaque fois que je me sens coupable). Ensuite, parce que c'est totalement contre-productif: personnellement, je me souviens de la violence, de la douleur, de l'humiliation et de la vague de haine à l'égard de mes parents et de moi-même, mais rarement de ce qui a entraîné la punition et jamais de mes parents m'expliquant pourquoi ce que j'avais fait était mal. Or d'après les personnes qui le perpètrent ou le défendent, le but premier d'un châtiment corporel est de faire prendre conscience à l'enfant que ce qu'elle/il a fait était mal pour qu'elle/il ne recommence pas. Échec total en ce qui me concerne donc. Enfin, parce que, comme l'a souligné Mymy, l'enfant intériorise les comportements vus et/ou vécus, et ceux-ci vont l'influencer plus tard, à l'adolescence et à l'âge adulte. Par exemple, plusieurs études montrent une prévalence des actes violents (et notamment des violences conjugales) chez les personnes ayant subi des violences dans leur enfance. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu'un enfant qui a reçu une claque deviendra forcément un-e adulte violent-e, mais tout de même, ça fait réfléchir.
Ce que je regrette, c'est que par "violences éducatives ordinaires", on entende les claques, les fessées et autres coups. Quid des violences psychologiques? Dans mon cas, ce sont elles qui ont laissé des traces. Et bien qu'elles n'en soient certainement pas les seules responsables, je pense que des phrases comme "t'es grosse, t'es moche, t'es con" (ma mère quand j'avais sept ans), "t'es pourrie de l'intérieur" (ma mère encore, dix ans) et "tu mériterais d'être lapidée" (ma mère toujours, treize ans) n'ont pas été pour rien dans le développement de mes troubles de la personnalité et du comportement alimentaire ainsi que de mes idées suicidaires.
IL N'Y A PAS DE VIOLENCE ORDINAIRE.
J'espère que la loi sera adoptée. J'aurais aimé cependant qu'elle aille plus loin qu'une interdiction "de principe": il faudrait que les professionnel-les de l'éducation, de la santé, du social et de la justice soient mieux formé-es à recueillir la parole des enfants afin que celles-ci puissent faire part "même" d'une fessée et que les parents soient alors convoqués. Avec à l'issue l'injonction à participer à un stage de communication non-violente, par exemple. On impose bien des stages pour mieux conduire, pourquoi pas pour devenir de meilleurs parents?