De mon point de vue, il est un peu tôt pour s'étonner du manque de diversité chez VS. Il n'y a pas encore eu de "virage body positive". Il y a eu quelques initiatives récemment, mais la norme est reste au type de standard qu'on voit transparaitre à travers les critères de sélection des Anges (ou du moins, c'est ce que je vois en principe dans la promotion de lingerie). Victoria Secret n'est pas en retard, c'est Fenty x Savage qui est précurseur.
Tant que le but des défilés de Victoria Secret voire de la marque de façon générale sera de vendre du rêve, elle mettra nécessairement en avant des corps susceptibles d'en inspirer. Des corps qui suscitent autre chose que des préjugés négatifs ou un "rappel à la réalité". Telle que je la vois, la marque n'est que le reflet d'un idéal plus ou moins collectif. Le jour où celleux qui achètent VS s'émerveilleront massivement devant des corps différents de ceux des Anges ou juste devant plus de corps, je pense que la marque s'adaptera. Seulement, la réalité, c'est que beaucoup n'en sont pas là. Que voir des corps sortant des standards de beauté, ça a parfois plus tendance à soulager un peu par rapport à ses complexes qu'à faire rêver.
Je me souviens que quand j'étais au lycée, la plupart des mes camarades de classes (filles) regardaient le défilé avec admiration. Je ne suis pas sure que les choses auraient été pareilles si les mannequins ne se distinguaient pas par leur adéquation à un certain idéal de beauté. Encore aujourd'hui, quand je vois les publications que mes amies aiment sur Instagram ou quand on discute, je remarque biens quels types de corps fascinent, suscitent l'envie ou la jalousie. Et pourtant je suis entourée de personnes très favorables aux initiatives body positive, mais "c'est super qu'elle s'assume! puis elle est plutôt mignonne", ce n'est pas la même chose que "
" (<- leur tête devant les photos et défilés de la plupart des mannequins dans les canons habituels du milieu). Il y a encore un travail important de déconstruction de la notion de beauté à faire pour la plupart d'entre nous et ça prend un peu de temps. En attendant, Victoria Secret me semble miser sur un valeur encore "sure" aujourd'hui, et je pense que c'est le plus pertinent à faire pour atteinte leur but (vendre du rêve, et surtout récolter de l'argent).
Par contre, j'ai lu un peu l'itw Vogue et Ed Razek a l'air tellement frustré et imbus de lui-même quand il s'exprime, c'est vraiment étrange. Il aurait du laisser Monica Mitro gérer seule, c'était presque gênant de lire ses interventions quelques fois.
Mais la vérité c'est que c'est eux qui créé le rêve en fait. J'étais totalement de ces lycéennes qui adorent VS, qui regarde le défilé avec ses copines, qui adoraient les modèles (mes préférées étaient Miranda Kerr et Adriana Lima) et la beauté. Mais pas la beauté à mon goût, non, celle qui était "officielle", relayée par les médias, les films, etc... (l'idéal étant les 2)
En fait les filles nous grandissons avec cette injonction à la beauté et d'être désirables aux yeux des hommes. C'est pourquoi nous sommes influencées par l'image et les représentations qui y correspondent :
Victoria's Secret c'était officiellement la représentation du canon de beauté, le paroxysme de la sexitude et c'est ça qui me fascinait, plus que leurs traits naturels (en vrai je les trouvais trop grandes et pas des visages oufs non plus).
Bref, maintenant j'ai grandi et je sais à peu près différencier mes influences de mes goûts personnels (même si parfois c'est lié).
Mais je remarque la même chose chez les nouvelles ados et jeunes filles avec de nouveaux modèles ou mannequins, avec en plus les réseaux sociaux comme Instagram, les fitness girls ou des filles comme Kylie et Kendall Jenner, Gigi Hadid, etc.
Au final, auprès de qui ces filles ont-elles du succès ? Auprès des filles. C'est les filles qui sont fans de Kendall, c'est les filles qui la suivent, veulent l'imiter, se maquiller, s'habiller comme elles. Des études montrent que lorsqu'une femme rencontre un homme et une femme, son regard va davantage se poser sur la femme que sur l'homme. Les filles sont davantage dans la comparaison, observatrice du physique, de par notre éducation et nos pressions à la beauté.
Et en fait, des filles jolies et bien plus belles que Cara Delevingne ou Bella Hadid, faut pas déconner, y en a plein. La différence c'est que celles-ci sont populaires, et considérées comme belles aux yeux des grandes marques, ce sont les modèles mis en avant au maximum que ce soit par les photos sur Insta, ou de shooting au maquillage et mises en scène ultra pro, spots de pubs pour parfum super léchées, défilés à paillettes…
Au final c'est ça qui leur donne ce prestige, plus que leurs jolis traits. Si demain les mêmes médias mettaient en avant d'autres modèles de beauté, c'est ceux-là que les jeunes suivraient (plusieurs années en arrière, le corps des VS serait considéré comme trop sportif, trop masculin, on suit ce qu'on nous donne comme modèles). Cependant les codes de beauté mettent du temps à changer, surtout pour les générations déjà influencées dans l'enfance et à l'âge adulte. La bonne nouvelle c'est que pour les générations à venir, rien n'est perdu, si on se tourne vers la diversité et l'abolition de tous ces codes dès à présent.