C'est carrément une façon de dire aux femmes qu'elles n'ont pas le droit de se défendre; en tout cas pas en tuant, car vos vies valent moins que celles des hommes
Non, pas en tuant effectivement. Et c'est ... normal. On parle de tuer quelqu'un. Il faut qu'il y ait des circonstances extrêmement précises qui soient réunies pour le légitimer et franchement je trouve ça rassurant.
Dans ce cas c'est absolument terrible et on peut en déduire que la vie de cette femme vaut moins que celle de son agresseur c'est qu'il y a eu des plaintes, des témoignages, rien n'a été fait pour la protéger, rien. Elle a presque été poussée à ce meurtre je dirais pas tout un système qui dévalorise la vie de la femme, qui sous-estime les violences conjugales. Qu'elle ne réunisse pas parfaitement les conditions à la légitime défense (et j'en doute mais je doute aussi que le système judiciaire, jusqu'en appel, se soit tant mépris que ça, on serait sur une erreur judiciaire complètement chaotique comparé à ce que la justice a envie de montrer en ce moment), c'est une chose mais elle paie pour la défaillance du dispositif de prise en charge des victimes de violences conjugales qui a mon avis sont, dans leur globalité, aussi coupables qu'elle qui a pourtant commis l'homicide.
Les arguments de l'avocat général que je trouve inaudibles sont quand même :
- qu'elle aurait ajouté des éléments de violence au fur et à mesure de l'instruction -> ce qu'on peut comprendre quand on vit un tel traumatisme, c'est de ne pas arriver à tout lâcher d'un coup, enfin, on en révèle potentiellement au fur et à mesure que l'on arrive à gérer les conséquences du traumatisme (notamment si l'on sent qu'on a perdu un premier procès, ça peut un peu aider à vouloir + se livrer de crainte de payer un prix trop fort, c'est compréhensible).
- qu'elle témoigne de situations dans lesquelles elle était seule avec son agresseur -> les violences conjugales ont de ça d'insoutenables que c'est généralement une parole contre une autre (ici en l'occurrence contre celle du personne notoirement violent) et que oui, dans un couple, les interactions se font pour beaucoup en huis clos, au creux du couple, comme les mécanismes d'emprise
Je ne comprends pas que ça puisse être reçu comme argument quand on sait que l'agresseur correspond factuellement au profil décrit par la victime. La preuve: il en est mort en fait. C'est pas parole contre parole parce qu'il était à ce point violent et jamais arrêté qu'il fallait le tuer pour qu'il cesse.
Je trouve cette décision d'un sévérité terrible.
Je suis contre la reconnaissance systématique du cadre de la légitime défense.
Force est cependant de constater que je ne vois pas forcément en quoi elle s'en affranchit ici. C'est dingue.