« Vive l’EPS ! » se réjouit Blanquer, réveillant les traumas des cours de sport humiliants

[Olduvaï]

Je rejoins l'ensemble des témoignages, l'EPS à été une torture pour moi, pour l'ensemble des raisons qui ont été évoquée.

J'étais harcelé au collège, plus petit que la moyenne, j'avais pas du tout l'esprit de compétition, beaucoup de problème de proprioception et de rythme (malgré mes efforts j'ai jamais réussi à faire une chorée de step sans me planter), un strabisme et de mauvais yeux.

Résultat, les jeux de ballon en collectif j'étais nul à chier, toujours choisi en dernier, j'avais peur de la balle et souvent je me tenais à l'écart dans un coin de terrain parce que les autres élèves étaient brusques, ne me faisaient pas de passe et me gueulaient dessus quoi qu'il arrive.
Les trucs styles badminton, j'aimais bien le principe mais j'avais énormément de mal à évaluer les distances donc je testais sur le dernier terrain tout le temps.
L'accrosport et sports assimilés, le contact avec les autres élèves (encore plus en pleine période de harcèlement hein) me faisaient faire des crises d'angoisse.
La piscine, j'étais pas particulièrement mal à l'aise avec mon corps, par contre comme beaucoup de jeune mecs trans on a cru longtemps que j'étais lesbienne et les filles étaient HORRIBLES. Dans les vestiaires je regardais mes pieds, je me mettais dans un coin, et elles venaient se serrer contre moi, me toucher, pour ensuite aller raconter que je les mattais dans les vestiaires. Elles faisaient semblant de m'apprécier à ce moment là pour mieux me détruire ensuite.

On nous a très peu enseigner de règles de bienveillance, de soin de soi. Connaître ses limites ? Ahahah.
De la même manière que les autres madz, j'ai souvenir qu'on était censé connaître les règles des sports.

J'ai fait un blocage énorme, j'ai abandonné. A partir de là cinquième je m'asseyais et j'attendais, j'ai eu des zero pendant des années. On m'a dit que je faisais aucun effort, que je ne voulais pas participer : c'est vrai, mais franchement, est ce que j'avais vraiment le moindre autre choix ?


Aujourd'hui je vais souvent à la piscine, je fais de l'escalade en salle et j'ai découvert que c' était un sport GENIAL ! Les gens sont ouverts, bienveillants, quand on fait du bloc on a besoin de personne mais les autres nous donnent des conseils et nous laissent faire à notre rythme, c'est vraiment cool.

Clairement, c'est l'EPS qui m'a dégouté du sport pendant de longues années.

 

[Olduvaï]

Rapport au handicap, ce serait sympa aussi que l'éducation nationale ait le memo rapport au fait que beaucoup de handicap ne sont pas diagnostiqués, qu'il y a de l'errance médicale, que beaucoup d'ado ne comprendront qu'iels ont une condition physique/psy/neuro particulière qu'une fois adultes, et que du coup ben non, c'est pas parce que t'as pas de dispence ou quoi que ce soit que ça veut forcément dire que tu simules tes difficultés.

De toute façon, même quand ça se voit... bordel j'avais des lunettes, un œil qui se fait la malle c'est pas franchement discret, alors pourquoi me torturer avec des sports qui demandent de l'acuité visuelle ?

 

[CCCC]

@Olduvaï tiens, ça me fait penser que moi aussi, strabisme (opéré) + amblyopie, personne ne m'avait expliqué que je ne voyais pas en relief. (Merci l'ophtalmo !) Du coup j'aurais peut-être pu me faire dispenser de ping-pong au bac
C'est beaucoup plus tardivement, genre vers 25 ans, qu'en discutant avec mon ophtalmo (un autre), c'est venu incidemment sur le tapis que, bah non, un film en 3D c'etait même pas la peine. Donc dans ma tête, je passe de "j'ai jamais réussi à toucher une balle parce que je suis nulle" à "en fait, je n'ai pas la capacité physique de rattraper la balle".
Du coup, je trouve que la question de l'EPS rejoint pas mal celle de la medecine en général, et de la medecine scolaire en particulier. Heureusement, on a plein de personnel medical scolaire, hyper bien formés et qui ont plein de temps à consacrer à... oh no, wait....

Moi je garde le souvenir de ces malheureux profs qui avaient la classe juste apres les 2h d'EPS et qui devaient supporter l'odeur de chacal. Enfin, 2h moins l'habillage et le rhabillage, quand il avait lieu... pas de douches, hein, chez nous les douches ne marchaient pas de toutes manières, à notre grand soulagement car c'était des douches collectives, et les profs de sport râlaient sur le fait qu'on perdait trop de temps à s'habiller et se deshabiller. Or, c'est bien connu, les adolescents n'ont pas besoin d'hygiène corporelle !
Moi ça ne me gêne pas, en soi, les douches colectives, mais uniquement si l'environnement est bienveillant ! Ce qui, on le sait bien, est rarement le cas au college et au lycée.
Lors de mon échange avec ma correspondante autrichienne, j'avais pu apprécier la différence ! Comme quoi c'est possible en collectivité.

 

[Olduvaï]

@CCCC mais... la même !!! D'ailleurs, on ne m'a réellement jamais expliqué pour la vision en relief, je l'ai compris grace à... Futurama et le perso de Leela. Mais comme le fait que je le sache ne changeait pas grand chose et qu'on m'avait déjà catalogué nul, avec une personnalité opposante, ben il a vraiment fallu que j'attende mes 23 ans et d'autres recherches pour vraiment réaliser.

Edit : d'ailleurs, je trouve que ça en dit long mon anecdote Futurama, sur tous les discours qu'on m'a servi à propos des jeunes qui se s'intéressent à rien, ne veulent pas apprendre et passent trop de temps sur les écrans. Ben OK mais en attendant si c'est une série humoristiques américaine qui m'en apprend plus sur moi et sur le handicap que l'école où les medecins, c'est pas de ma faute

 

[Victoria Grace]

De mes souvenirs, ça dépend énormément du prof.
J'ai eu la chance d'avoir une excellente prof sur la fin de mes secondaires mais les autres ...
En primaire, il humiliait les élèves
Début secondaire, elle nous mettait une pression à la performance
L'enfer
Par contre, fin secondaire, elle était top.
Elle nous notait en fonction de notre implication plus qu'en fonction de notre performance et nous encourageait.
Elle nous a fait faire en plus toute une variété de sport dans l'espoir de nous faire découvrir et que nous accrochions à une pratique sportive sur le long terme.
Et elle était intransigeante sur la sécurité.
Par contre, la piscine, ça me paraît indispensable.
Plusieurs de mes camarades n'avait pas appris à nager en primaire, donc l'école nous envoyait à la piscine pour être sûrs que tout le monde sache nager.
Le point qui peut aider aussi : en Belgique, au secondaire, les cours de gym ne sont plus mixtes mais séparés filles/garçons.
Cela ôte pas mal de pressions et de sources de malaises

 

[CCCC]

@Olduvaï Punaise, c'est fou ! Je pense que mon ophtalmo quand j'étais gamine avait dû expliquer des trucs à mes parents mais en utilisant des termes techniques type "vision binoculaire" ou "amblyopie", mais bon même si mes parents ont un solide capital culturel, je ne suis pas sûre qu'on leur ait fait comprendre les conséquences au quotidien (j'imagine même pas pour des personnes ne parlant pas bien français !). Pourtant, entre la chirurgie et les séances d'orthoptiste (il fallait mettre l'oiseau dans la cage !), ils m'ont accompagné dans un parcours medical assez long. On en a rediscuté recemment et ils m'ont dit leur stupéfaction de n'avoir jamais bien compris tout ce que ca impliquait.
Jamais le mot "handicap" n'a été prononcé, parce que bon, ca reste leger et peu handicapant au quotidien, mais ça m'aurait peut-être aidé.

 

[Olduvaï]

@Victoria Grace
Ça enleve sans doute pas mal de malaise... pour la plupart des enfants cis et hetero, et encore. Ça c'est pas uniquement de la responsabilité de l'école, c'est un problème global d'apprentissage du respect des personnes, de la différence des corps. Le collège c'est des années de développement bouleversants et les rapports sociaux y sont particulièrement cruels et basés le plus souvent sur un rapport de force en France, dans ces conditions ca me paraît être une idée dangereuse de faire se déshabiller des ados pour une pratique obligatoire et notée. Et pas top comme message concernant le respect de l'intimité et des limites de chacun. Y'aurait sans doute des tas d'autres moyens à tester pour faire en sorte que tout le monde sache nager en arrivant au secondaire !

 

[CCCC]

@Victoria Grace pour ce qui est de la natation, c'est vrai que c'est très important que les enfants sachent nager, je trouve. Mais à mon sens il faut mettre le paquet au niveau primaire ! Pour etre à l'aise dans l'eau, c'est pas en mettant 30 pre-ados dans une piscine où ils ont pas pied que tu vas générer de la confiance en soi...
Or, de nombreuses communes sont complètement sous-dotées, ou avec des équipements vétustes, ou pas adaptés. Pour certaines communes rurales, il faudrait des sous pour organiser le transport vers une plus grande ville. En quatre ans, ma fille n'a fait que 2 fois 5 séances de piscine, ce que je trouve peu, normalement il faudrait qu'ils y aillent tous les ans, mais la piscine de la commune n'a pas assez de creneaux pour toutes les écoles.

 

[Victoria Grace]

@Olduvaï c'était des camarades n'étant sur le territoire que depuis un an ou deux.
C'est là que je vois que le professeur joue encore un grand rôle : des remarques ou autres ne passaient pas et elle n'avait rien dit à une fille qui avait un truc plus "combinaison de plongée" (le genre qui s'arrête aux genoux). L'important était qu'elle aie une tenue de natation.
C'est mieux de mettre le paquet en primaire, ne serait-ce qu'au niveau sécurité (si un enfant tombe à l'eau) mais si ce n'est pas fait, il faut bien rattraper la sauce.
Puis nous avons été 4 fois sur toutes mes secondaires, surtout pour apprendre les bases de natation à celles qui ne savaient pas et des bases de sauvetage aux autres.
Maintenant, la politique de l'école en matière de harcèlement et de discrimination était très stricte, tout le monde en était imprégné et ça se ressentait, y compris dans les espaces comme les vestiaires.
@CCCC en primaire, nous allions carrément dans la piscine d'une autre commune, la nôtre était un petit machin à ciel ouvert, squatté par le club de natation hivernale en période scolaire, et ayant son âge.
Mais il y avait des accords et une volonté politique au niveau local.
HS : d'où les différences souvent ahurissante de résultats pour les partis aux élections selon que ce soit les communales ou les fédérales.
Autre HS : mais cette piscine locale a fait l'été de plusieurs générations, malgré ses défaults.

 

[Olduvaï]

Par contre j'ai de meilleur souvenir de la natation en primaire. C'était les maître nageur qui nous faisaient cours, on était moins nombreux, on nous séparaient en groupe de niveau et iels mettaient le paquet pour que les enfants qui ne connaissent pas du tout l'eau puissent à défaut de savoir bien nager, avoir le minimum de bons réflexes. Et on avait la chance d'avoir une piscine dans la ville aussi.

 

[eLLuLa]

Je trouve ça terrifiant de vous lire. J'ai toujours détesté l'EPS et j'avais l'impression d'être LA "nulle" en sport. Rétrospectivement je comprends que, par exemple, au collège, ce qui a posé problème

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Une des pires humiliation de ma vie:

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A la fin du lycée j'ai eu une prof qui a essayé de faire de son mieux avec moi mais le mal était fait. Je la remercie quand même d'avoir utilisé un système de notation individuel qui mesurait les progrès et les efforts et pas la performance en elle-même.

Maintenant je réalise à quel point toutes ces années ont eu un impact sur moi, je n'ai aucune pratique sportive, je n'aime pas le sport, et je vous parle pas de l'image de moi que je me trimballe, aussi bien physiquement que psychologiquement. Je dis pas que c'est le seul facteur mais ça a franchement pas aidé.

 

[lilith_ever]

Oh la la... L'EPS ça fait remonter beaucoup de souvenirs très douloureux !
Cette activité était pour moi une humiliation permanente pendant mes 4 ans de collège. Je n'étais pas athlétique du tout, pas à l'aise avec mon corps d'ado, et pas "populaire" au collège. Bref, un chaton chétif dans la fosse aux lions des cours d'EPS.
Je me rappelle de la solitude extrême de ne plus avoir la force de grimper à la corde, tétanisée, suspendue à 2m du sol, au dessus des autres 25 élèves qui faisaient leurs commentaires à haute voix "c'est parce que ton cul il est trop gros! lol", et le prof qui ricanait avec eux ! Incroyable quand on y pense...
D'ailleurs, j'ai remarqué qu'il y avait toujours une espèce de connivence malsaine entre le prof de sport et les élèves bons en sport (souvent des mecs évidemment). Je me souviens même que certains allaient négocier les notes avec le prof à la fin du cours en mode "Monsieur, vous allez pas me mettre que 16, ça va me baisser ma moyenne".
Les sports collectifs et l'humiliation d'être choisie en dernier ou avec la casquette "remplaçante". Les chasubles dégueu qui puaient la sueur, les ballons de volley dans la figure, les coups de sifflets tyranniques du prof "on change de côté!" (ah bon? il y avait un côté?), la cruauté entre meufs dans les vestiaires "ah tiens, tu portes encore des brassières?" (bonjour la sororité).
Bref, une période de ma vie que je préfère oublier, trop de cruauté et d'injustice.