J’ai vécu une expérience quasi-similaire…
J’ai 23 ans, et j’ai vécu en couple avec une fille pendant deux ans. J’étais en mode Bisounours quand c’est arrivé.
De mai 2012 à mai 2013, j’ai travaillé en tant que graphiste en service civique, dans une association dont les initiales signifient en partie « Justice, Égalité et Paix », quelque chose de génial quoi ! Elle était en majorité composée de turques, tous musulmans. Ce n’est pas ma foi, je suis agnostique, mais au début je m’en moquais et j’étais même contente de servir à quelque chose dans cette Alsace assez… rétro. Sauf que les débats commençaient à propos du mariage, et que j’ai bien compris que tout le monde à part moi dans l’asso était carrément homophobe.
Ça commençait par des blagues entre eux (en général en turc) que mon référent m’a traduite « Oh il l’a juste traité d’homosexuel » (il ne parlait pas parfaitement français, du coup je pense avoir échappé au « pédé ») et comme les médias parlaient de plus en plus de la loi, je me suis mise à les interroger. Je crois que je n’oublierai jamais ce fameux référent.
« Pour moi il y a deux catégories d’homosexuels. Il y a ceux qui font ça pour s’amuser et du coup c’est un péché et ils doivent arrêter, et ceux pour qui c’est une maladie. »
Oui monsieur, je suis malade, et à 17h en sortant, je vais retrouver ma copine et lui rouler une grosse galoche en pensant à toi.
J’ai eu peur plusieurs fois. Il y avait un homme qui ne m’appréciait pas beaucoup, qui me parlait un peu bizarrement, et je pense l’avoir croisé une fois dans la rue, main dans la main avec ma copine, mais je ne voulais pas que mon travail empiète sur ma vie en dehors. Je ne voulais pas les provoquer en leur « imposant » ma sexualité, mais je ne voulais pas m’empêcher de vivre.
La parole la plus « tolérante » que j’ai entendu avait été prononcée par une collègue qui m’avait dit : « Bon les homos j’aime pas ça mais bon j’ai des potes homos, ils font ce qu’ils veulent. » No comment.
Je ne pense pas qu’ils aient deviné mon orientation sexuelle (pourtant c’est presque marqué sur mon front, sans être masculine je ne suis pas trèèès féminine). Peut-être qu’ils étaient dans le déni, où qu’ils avaient tellement besoin de moi à l’époque qu’ils n’ont préféré rien dire. Mystère.
Tout ça pour dire que je comprends tout à fait le besoin de ne pas s’exprimer et de se cacher dans le milieu du travail.