Y a-t-il des « harceleuses » prêtes à témoigner ?

14 Janvier 2013
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@Tommen

Je pense que tout simplement, même si c'est dur à croire, les gens sont capables de changer. Particulièrement à cet âge là.
Sans parler de harcèlement, on connait tous "la peste" de nos années primaires qui est ensuite devenu une fille tout à fait "normale" non?
 
22 Septembre 2011
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Je réagis après avoir lu plusieurs post du type "j'aimerais juste comprendre les actes des harceleurs, mais attention, je ne cherche en aucun cas à les justifier!".

Mais pourtant, comprendre les actes de quelqu'un, c'est les justifier, voire les excuser non?

Imaginons un collégien d'apparence tout à fait normale qui harcèle sauvagement un de ses camarades pendant plusieurs années. C'est effroyable, on est d'accord. Puis on creuse un peu et on découvre que ce même collégien a des parents alcooliques et un grand frère qui l'exploite (donc un modèle parental chaotique et une représentation du bien et du mal déséquilibrée) (et oui je caricature, mais c'est fait exprès) ce qui l'amène à se venger et à exprimer sa colère, sa frustration sur quelqu'un de plus faible que lui.

Quelle est votre réaction ?

Est-ce tout s'éclaire ? Considérez-vous que vous auriez probablement agi de la même manière à sa place ? Que vous-même n'auriez aucune limite ?
Ou alors vous ne comprenez pas la douleur qu'a pu aussi ressentir cet enfant et trouvez-vous ses actes impardonnables?

Je suis totalement contre une représentation manichéenne du monde et selon moi tout s'explique, tout se pardonne car tout le monde est à la fois fautif et innocent. Oui car pour reprendre mon exemple, on peut considérer que la responsabilité retombe sur les épaules des parents alcooliques. Mais pour quelles raisons sont-il alcooliques? Peut-être parce que leurs propres parents les ont négligés auparavant... et ainsi de suite, c'est sans fin.


J'aimerais idéalement qu'on arrête de taper sur les doigts des harceleurs, car ils ont probablement été harcelés également, sous une autre forme, peut-être plus subtile.
Alors bien sûr quand on est enfant et harcelé, on en veut à la terre entière et on n'imagine pas une seconde que nos bourreaux souffrent également. Mais avec le recul que vous avez d'une personne mûre, vous pouvez peut-être y songer, non?
 
K

katnissvsw

Guest
@Peutwishia Ce que tu dis est vrai mais ce n'est pas parce que j'ai subi du harcèlement scolaire que je vais le faire subir forcément à quelqu'un (on a toujours le choix de ne pas commencer): c'est ce qu'on appelle la résilience . Pourquoi ne l'ont ils pas fait ce choix, les harceleurs?
 
22 Septembre 2011
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nymphadora-thonks;4095232 a dit :
@Peutwishia  Ce que tu dis est vrai mais ce n'est pas parce que j'ai subi du harcèlement scolaire que je vais le faire subir forcément à quelqu'un (on a toujours le choix de ne pas commencer): c'est ce qu'on appelle la résilience . Pourquoi ne l'ont ils pas fait ce choix, les harceleurs?

C'est très difficile de répondre à cette question car en vérité il faudrait traiter du cas par cas. Heureusement que tous les harcelés ne deviennent pas des harceleurs, mais tout le monde ne trouve pas d'échappatoire ou une aide à porter de main. Certes il y a des associations publiques de soutien mais faut-il encore savoir qu'elles existent et y croire.
 
14 Janvier 2013
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Je n'ai jamais dit que le fait d'avoir été harcelée est une excuse pour devenir harceleur, seulement a 12 ans, les personnalités ne sont pas encore forgées, et quand on possède aucun avis d'adulte (puisque, personnellement, je ne racontais rien à ma mère de cette époque là, je cachais tout, le harcèlement dans un sens comme dans l'autre), la "réponse" que l'on choisit n'est pas forcément celle que l'on aurait aimé choisir 8 ans après.
Bien sur que j'aurais préféré me rebeller, faire un rassemblement de "harcelés" et faire comprendre à ces petits cons que ce qu'ils font fait beaucoup de mal, mais je n'avais pas cette présence d'esprit à 12 ans.

Edit : après en aucun cas tout ca ne peut servir "d'excuse". Mais je pense comme beaucoup, qu'une amélioration de la communication collégiens/Profs/administration/parents aideraient beaucoup. Et surtout, apprendre aux enfants qu'ils peuvent parler, et qu'ils le doivent. Je me rend compte maintenant que c'est assez impressionnant tout ce qu'une gamine de 12 ans (que j'étais) peu garder pour elle.
 
Dernière édition :
6 Avril 2006
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Clermont Ferrand
Je vais sans doute me faire jeter des pierres, mais tant pis.

J'ai été un peu dans les deux rôles, même si j'ai passé plus de temps dans la peau de celle qui est harcelée. Quand j'ai changé de collège en quatrième, je suis arrivée dans un petit établissement, où tout le monde se connaissait depuis un bail. J'ai eu beaucoup de mal à m'intégrer, et va savoir pourquoi, je suis devenue le souffre-douleur d'une fille de ma classe, et de plusieurs de ses copines.
Je n'avais rien de bien exceptionnel, si ce n'est que j'étais la nouvelle, timide, plus jeune d'un an que mes camarades, et construite comme une enfant de dix ans.
Ca a suffit pour que cette fille me prenne en grippe.
Elle m'a fait un sacré paquet de vacheries. Les insultes et moqueries étaient quotidiennes. On était à côté l'une de l'autre en cours et dès que je prenais la parole en cours elle me pinçait ou me tirait les cheveux en douce. On nous a ensuite changé de place, elle s'est retrouvée derrière moi, et elle me collait des coups de pieds en cours, quand ça lui prenait et surtout quand je prenais la parole. L'élève qui participait beaucoup que j'étais s'est mise à se taire, et même aujourd'hui, à la fac, j'hésite avant de lever la main durant un TD, j'ai toujours une demi-seconde où je dois me dire "Elle n'est plus là" pour me rassurer. Avec ses copines,elles me planquaient mon sac pour que j'arrive en retard aussi, et elles me volaient des affaires pour me les rendre à la fin de la journée.

J'étais extrêmement seule à cette période, et je n'ai osé en parler à personne.

Il y avait un garçon, dans ma classe, qui était lui aussi harcelé, mais vraiment par l'ensemble de la classe (alors que moi c'était vraiment concentré sur ce groupe de filles). J'ai essayé de me rapprocher de lui au début, mais il a du juger que ce serait mauvais pour sa côte de popularité, parce qu'il m'a envoyé bouler. J'ai donc fermé ma bouche et laissé couler. Jusqu'au jour où, va savoir pourquoi, mon prof de sport à juger bon de mettre dans la même équipe de course d'orientation mon harceleuse, moi, et ce garçon. Elle a passé son temps à lui pourrir la vie, et moi je faisais ce qu'il y avait à faire pour me faire oublier. Je l'ai laissé récolter les lauriers du prof lorsqu'on a eu fini, et elle est venue me chercher des noises alors que je m'étais assise à l'écart. Je l'ai giflée. On était en tête à tête dans la forêt et je lui ai dit (alors que je n'y croyais pas une minute), que je n'avais plus peur d'elle. Elle n'a pas réagi et elle est partie.
Après ce jour, elle continuait de me faire des vacheries, mais ça s'est incroyablement calmé. En troisième, elle était de nouveau dans ma classe, et elle a demandé à en changer. Je me suis fait des amies, et ses insultes se sont mises à me passer au dessus de la tête.

Des années plus tard, je devais être en première, un mec dans ma classe est devenu le souffre-douleur. Et j'ai participé à lui faire des crasses (je n'ai rien fait en particulier, j'étais simplement de la masse anonyme qui se marre et reprend les surnoms dégradants). Tout pour ne pas revivre ce que j'avais vécu en quatrième, j'ai suivi la masse. Quelques jours. Et puis un jour, j'ai vu un mec le pinçait au moment où il devait lire un document en histoire. Ca m'a glacé le sang, et je ne l'ai plus jamais emmerdé. J'ai essayé d'aller lui parler, mais j'ai découvert que c'était un sacré connard. Il m'a dit des saloperies pas possible. De là, je ne lui ai plus vraiment adressé la parole et je suis restée spectatrice passive des brimades qu'il recevait. J'ai pris sa défense deux fois je crois, et il m'a envoyé paître. Alors j'ai renoncé. Puis il a changé de lycée.

Aujourd'hui, je n'en veux plus à celle qui m'a harcelée. Parce que je sais que c'était une personne très malheureuse, qui n'avait rien pour se faire apprécier si ce n'est gâché la vie des autres. Je ne veux plus avoir de contact avec elle, mais je n'y pense plus, sauf dans le cas dont je parlais plus haut.
Je m'en veux toujours un peu de ne pas avoir plus défendu ces garçons harcelés, mais j'ai tendance à penser que je n'aurai pas pu faire grand chose de plus.

Ce que j'aimerais comprendre, ce sont les mécanismes qui poussent les meneurs à faire du mal aux autres. Les suiveurs et les spectateurs, je peux comprendre, j'en ai été. Mais les meneurs, ceux qui choisissent leur victime et la pourrissent, je ne comprend pas ce qui les y pousse vraiment.
 
L

lautrestitich

Guest
Les harceleurs, je me fous de leur point de vue personnellement. Des petits cons cruels qui savaient qu'ils faisaient mal sans pour autant changer leur comportement. Les remords, les regrets 15 ans après, j'en ai pas besoin. Le pourquoi j'en ai pas besoin non plus.

Parce que j'ai été dans le rôle d'harcelée toute ma scolarité. J'ai une fois été dans la position où j'aurai pu devenir harceleur.
R. une de mes nombreuses harceleuses est allée trop loin, j'ai pété un câble je l'ai tabassée. Elle a terminée à l'infirmerie. ça m'a donné énormément de pouvoir, surtout que la rumeur a transformé "elle est un peu K.O et est restée une heure à l'infirmerie avant de retourner en cours" en "Elle est dans le coma à l'hopital".
Bref. J'ai du pouvoir après ça, et c'est jouissif, j'étais suivie mais j'ai jamais, jamais harcelée quiconque pas même R.
R. je l'ai ignorée ensuite. Mon pouvoir, je l'ai utilisée pour arrêter les actes d'harcélement que je voyais. Vu que j'avais la possibilité de mettre les personnes dans le coma impunément dans leurs yeux, ils m'écoutaient et les harceleurs arrêtaient.
Tant que je ne les voyais pas mal âgir je leur foutais la paix.
Donc "j'ai été harcelée" est encore une fois qu'une excuse.

En revanche moi c'est les adultes qui m'interessent. Eux là je leur en veux le plus.
Pourquoi les autres ont cru que je pouvais les tabasser impunement ? Parce que c'est ce qu'il s'est passé avec R.
J'ai été convoquée dans le bureau du principal. J'ai confirmé que c'était bien moi qui l'avait tabassée, j'ai refusé de dire pourquoi, de dire qu'elle me harcelait depuis deux ans et que j'ai juste pêté un câble ce jour là vu qu'elle avait dit que mon père n'était pas mort d'un accident mais l'avait certainement provoquée quand il a vu ma gueule à l'a naissance.
J'ai juste confirmé que oui, c'était bien moi qui avait frappée, oui j'avais conscience que c'était mal.
Je n'ai jamais reçue de punition car j'avais des circonstances atténuantes, surtout après tout ce temps.

Mots exacts de Mr le Principal du collège.
Donc les adultes savaient. Ils ne sont jamais intervenues.

Mais ils ont surtout empirer la situation pour la majorité.
Je n'était pas une victime silencieuse tout le temps.
Je me suis plainte plusieurs fois, peut-être une fois par trimestre on va dire.
Ma mère intervenait à chaque fois, allez parler au parents des gosses que je désignais (je vis dans une petite ville, tout le monde connait tout le monde). Cependant, elle n'avait pas compris que c'était régulier. Elle pensait que ce n'était que des évènements ponctuels. La majorité des parents de mes harceleurs lui répnodait que ce n'était qu'un jeu, qu'on était que des gosses et qu'ils ne faisaient que rigoler.

Quant au adultes du systèmes éducatifs je devais, je cite dans le désordre et pour ce dont je me souviens
- grandir
- être moins suceptibles
- m'endurcir
- être moins naïve
- M'habiller autrement
- Ne pas rire aussi fort, aussi
- Ne pas être aussi gentille avec les gens
- Eviter de donner mon opinion quand je sais qu'elle est contraire à celle des autres
- Changer de coiffure
- Cacher que j'aimais telles ou tels artistes ou séries télévisés
- Peut-être parler
- à mon médecin et mes parents pour voir si on ne peut pas faire quelques choses pour ma difformité (qui m'a désigné comme cible bien sûr).
- Ne plus traîner avec L. (qui était homo (et l'est toujours d'ailleurs) et harcelé aussi).

Ils m'ont tous conforté dans l'idée que c'était de ma faute, que si j'étais victime, c'était que je l'avais mérité.
Et encore aujourd'hui j'entends beaucoup de choses comme ça. Pas plus tard qu'il y a deux semaines j'ai entendu ma tante, dire à propos de son neveux "mais il est très gamin pour son âge. S'il est comme ça au collège tu m'étonnes qu'ils s'en prennent à lui"

Alors parler aux adultes ? Mouais peut-êtree, mais pas n'importe lequel. Parce que bon nombres sont ceux qui ignore le mal qu'un harcèlement scolaire peut faire, ou pire le dédramatise, en diminue la porté, crois tjs que ce sont de simples jeux entre gosses, que ça fait pas de mal.
Comme je dis, j'ai jamais été une victime silencieuse, et certains membre de ma famille s'interrogent sur mes tendances asociale voire agoraphobe. Elles ne savent pas d'où ça vienne. Et quand je souligne que c'est dû à mon harcelement scolaire....je dramatise, je cherche  je fais du mélo... c'était pas si grave, tout le monde a eu des moqueries au collège.

Comment faire comprendre à ma tante que son fils a qui on a dit "t'es gros" une seule et unique fois, bien que j'admets blessant et on aurait jamais dû lu dire ça,  n'a absolument pas vécu la même chose que moi, où le harcèlement a été quotidien par des dizaines et des dizaines de gamins, avec insultes, surnom, brimade, bousculades, scènes d'humiliations, dessins à caractère sexuels et menaces en tout genre pendant 4 ans, puis moins régulier mais tjs présent durant les trois années de lycée ?
 
22 Janvier 2013
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Oulala, c'est passionnel ici... :erf:
J'aimerais réagir parce que je trouve dommage que certaines filles s'en prennent plein la gueule pour franchement pas grand-chose (je pense notamment à @hecate-dog qu'on a accusé de faire du victim shaming alors que son premier post montrait en fait plutôt bien la mécanique du harcèlement j'ai l'impression).

J'ai été victime de harcèlement, peut-être pas les formes de harcèlement les plus graves auxquels on puisse penser, ça m'a quand même laissé des séquelles. Il y a deux ans, je me mettais à pleurer en en parlant. Maintenant, l'évocation de ce passé me laisse parfaitement sereine. Si je croisais un de mes anciens harceleurs, je ne pense pas que je mourrais d'envie d'aller boire un café avec lui (à part dans le cas d'une fille qui s'est arrêtée très rapidement et avec qui on s'est mis à avoir des rapports assez chaleureux une fois que je ne me résumais plus à "la fille qui marche tête baissée et a 20 dans toutes les matières" pour elle), mais l'idée de reprendre un jour le dialogue avec eux ne me gêne pas, j'en suis même assez curieuse.

Et je pense que ce qui m'a permis d'acquérir- assez soudainement- ce recul, c'est de comprendre pourquoi ça s'est passé et ce que cherchaient mes camarades de classe en me harcelant. Alors s'il y a d'autres madz qui sont dans le même état d'esprit que moi il y a deux ans -assez de recul pour y réfléchir de façon moins passionnelle, mais pas encore assez pour ne plus se sentir blessée- je pense qu'un article donnant le point de vue des harceleurs peut les aider. S'il y en a qui sont pas encore prêtes à franchir ce pas, ou ne le voudront jamais, elles peuvent aussi bien ne pas lire l'article.

Le deuxième genre de personnes à qui ce genre d'articles pourrait servir, ce sont les jeunes adultes (c'est à dire pas mal de monde ici) qui vont potentiellement se retrouver dans une situation d'éducateurs pour savoir comment réagir. J'ai peut-être pardonné depuis longtemps aux gamins qui croyaient que c'était drôle de s'acharner sur moi jusqu'à ce que je pleure, parce que ça leur semblait une bonne façon de passer le temps et que ça permettait de consolider le groupe, j'ai plus de mal par contre à pardonner à mes parents ou à certains profs leurs réactions de merde: me conseiller de les ignorer (génial, comme ça tout le monde voit qu'on peut me marcher sur les pieds), ou me faire culpabiliser, ou encore suggérer des explications à deux balles pour m'aider à prendre du recul, mais qui n'avaient rien à voir avec ce que je vivais. Et je suis profondément convaincue (pour avoir moi-même déjà eu à gérer en tant qu'adulte des conflits et harcèlements entre enfants) que si on veut protéger les victimes, il faut aussi comprendre les agresseurs. Se contenter de leur mettre deux heures de colle comme on pourrait le faire pour un chahut en classe ou un devoir non rendu, c'est pas franchement ça qui va leur permettre de se remettre en question...

Par contre, je suis pas sure qu'un article aide qui que ce soit à ne pas se faire harceler, parce qu'une fois qu'on a été identifié comme victime facile, il y a plus grand-chose à faire malheureusement, c'est aux adultes ou témoins de régler le problème. "Ignore-les", c'est ce qu'on ma toujours dit, c'est un fiasco; "remballe-les" ça marche si on a eu une superbe répartie la première fois que quelqu'un est venue chercher les ennuis, mais si c'est déjà arrivé deux ou trois fois sans qu'on y arrive, se défendre va seulement faire monter l'agressivité, et une ou deux bonnes réparties bien placées peuvent acheter 5 minutes de tranquilité (voire 5 minutes de gloire pour les meilleurs) mais ça dure jamais; et la violence physique, well... inutile de développer.
Ceux envers qui on peut faire de la prévention par contre, c'est ceux qui pourraient tomber dans le harcèlement juste pour suivre le groupe, parce qu'ils sont eux-mêmes des victimes potentielles, le savent, et que rire d'une autre victime limite les risques qu'ils se trouvent un jour dans ce rôle. On le dira jamais assez, mais identifier quelqu'un comme "ennemi" ou "victime", ça crée une énorme cohésion de groupe et c'est ce que recherchent beaucoup de collégiens. J'ose croire qu'ils ne rechercheraient pas autant la cohésion par le harcèlement si le système scolaire ne les mettait pas autant en concurrence les uns avec les autres; si on avait une école qui favorisait l'entraide et le vivre-ensemble.
 
27 Novembre 2012
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paris
cahierdesconneries.tumblr.com
Pour ma part j'ai été dans les deux cas et je vais témoigner pour les deux ...

En premier lieu j'ai été harcelée.
Après avoir passé toutes mes années de primaire dans la solitude ,je suis entrée dans la jungle du collège et la 6ème.
Physiquement j'étais précoce: acné, seins, poils. Tout ça été sujet de moquerie et d'insultes, j'en ai beaucoup souffert mais au final ça n'est pas allé bien loin. Je pense que mes harceleurs ( aka les 3/4 de ma classe) n'avaient pas vraiment un mauvais fond et il a suffit d'un grand débat en classe , organisé par la prof principale, pour calmer tout ça .

Puis j'ai déménagé et changé de collège.
Comme je suis très peu sociable j'ai eu beaucoup de mal à m'intégrer. De plus j'étais en pleine période ingrate, je m'intéressais définitivement à la culture gothique et au métal...Bref j'étais en marge. Je me suis plus ou moins intégré par le biais d'une de mes camarade dans un groupe de skateurs complètement malsains. La fille elle même étaient très instable émotionnellement (la mort tragique de son père et d'autres faits douloureux y sont pour beaucoup).
Avec cette fille on est devenues comme cul et chemise.  On avait de la haine contre le monde entier. J'étais vraiment composée de colère et de rage à cette époque. Je cassais tout, je me faisais du mal et au final j'en ai fait aux autres.
On a commencé à s'en prendre à une fille de 3ème (donc âgée de 2 ans de plus que moi) parce qu'on trouvait qu'elle s'habillait comme une pute. (coucou slutshaming je ne connaissais pas ton nom à l'époque)
Pantalon très moulant, maquillage très voyant, cheveux blond décolorés. Pour nous c'était rien de plus qu'une pale bimbo et l'insulter ça nous faisait rire.
Au début il n'y avait que moi et mon "amie" qui faisions ça. Mais très vite le reste de la bande nous a rejoint et ça a dérapé. Une "fresque" lui a été envoyé via un "pigeon voyageur" sur laquelle ont été écrit des tas d'horreurs. A ce moment là j'ai été absente et je n'ai donc pas participé à cette "fresque".
Le lendemain, alors que j'étais seule dans un couloir, la fille que nous harcelions est venue me voir en larmes, folle de rage et m'a jeté la fresque à la figure en me traitant de connasse. Sur le coup j'ai pas compris mais  de la voir dans cet état m'a serré le coeur.
Je me suis donc risqué à aller la voir pour discuter en lui disant que je n'avais pas participé à ce mot.
Sur quoi elle m'a dit que c'était dégueulasse ce qui était écrit: "va te faire enculer par ton père".
Hélas son père était mort deux ans auparavant. Je l'ignorais.
A ce moment là j'ai pris conscience de mes actes. Je me suis trouvée merdique. Je n'ai pas su quoi dire sur le coup mais toujours est-il que je ne lui ai plus jamais fait de remarques. J'en ai parlé aux autres mais ils s'en fichaient. Et au final j'ai été jetée de la bande.

Tant mieux!
Les deux années suivantes, je me suis à nouveau trouvée victime. Insultes, fausses rumeurs ( comme quoi j'étais une nazie, et que je dévorais des cadavres...etc), coups, jets de nourriture en pleine tête, destruction de mes affaires...
Mais j'ai gardé en moi la cruauté dont j'avais fait preuve à l'encontre de cette fille. Et j'ai laissé pisser sans rien dire, j'ai trouvais que je méritais tout ça, c'était ma punition. J'en ai souffert oui , mais moins que de ma propre méchanceté.

Je ne cherche pas à me faire plaindre, ce que j'ai fait est impardonnable .

Si je témoigne de cette histoire c'est pour dire que non, à 13 ans on est pas toujours conscients de nos actes. On sait que harceler c'est mal, mais quand on le fait on ne s'en rend pas forcément compte.
Je crois qu'il ne faut pas généraliser et mettre tous les harceleurs dans le même panier. Je pense que pour beaucoup, y a surtout besoin d'une bonne claque pour les réveiller. Pour d'autres j'en sais rien.

Je répète qu'encore une fois je ne cherche pas à me donner bonne conscience, à minimiser mes actes ou encore à discréditer les victimes.

Si la rédac de Madmoizelle souhaite utiliser mon témoignage, il n'y a aucun soucis.
 
L

lautrestitich

Guest
hecate-hedog;4095704 a dit :
@tessy merci ça me touche beaucoup de savoir que mes propos n'ont pas blessé tout le monde et que d'anciennes victimes aient bien compris ma pensée :)
En tant qu'ancienne victime, j'ai très bien compris aussi où tu voulais en venir t'inquiète pas. Comme j'ai dis, j'avais une difformité, j'étais un peu rêveuse  à la fois très gamine sur certains points et très matures pour d'autres et en prime, ma culture générale était plus étendue que celles des autres enfants et je ne le cachais pas (au début) J'étais en décalage et en prime petite et menue. J'étais bien sûr une victime toute désignée. Non pas que je considère que c'était de ma faute et qu'aurais dû être autrement. Loin de là. Je suis juste consciente de comment ça fonctionne.

Ceci étant dit, pense que des adolescents actuellement victime peuvent te lire. Et eux, ne comprendront pas forcement. Ils ne liront pas que tu disais que le profil des victimes se ressemblent, mais ils comprendront que puisqu'ils ont se profils, alors, ils doivent être victime. Surtout qu'ils ont été conditionnés par leur harceleurs à penser comme ça.

C'est pour ça qu'un article de témoignages des harceleurs peut être dangereux. Je suis d'accord avec Hecate, si tout les harceleurs décrivent leur victime, on retrouvera le même type de profils. En tant qu'adultes, on comprendra très bien que ce n'est pas la faute des victimes. Ceci dit, un harcelé actuel qui lira ça, je suis pas sûre qu'il ne voit pas un validation des actes de ses harceleurs.

(et je suis consciente que c'st aussi vraie pour le témoignage de victimes. AutreStititch était comme moi, elle a été harcelée, donc c'est normal que moi je suis harcelée, pourrait se dire un gamin. C'EST FAUX;
Mais c'est aussi pour cela que c'est très très difficile à réglé comme problème et qu'il n'y a pas de solutions miracles, outre éduquer les enfants, rééduquer les adultes, changer aussi le mode de penser et arrête de croire que les enfants dramatisent et qu'un ado, de toute manière, est toujours trop susceptible).

@Tessy : Je vois qu'on a eu les mêmes conseils parfaitement inutiles, pleins de bonnes intentions, mais qui montraient combien ils ne comprennaient pas et nous faisait sentir encore plus seuls.
Et pour la répartie, je ne sais pas toi, mais moi, ils arrivaient toujours à les retourner contre moi, même les meilleures.
Et même tenter de se fondre dans le moule ne marche pas. Si aujourd'hui, un ado dit être fan de Bieber par exemple (il semble être à la mode en ce moment), ils sauront s'en servir contre toi (ex : Quoi ? Et tu crois qu'il sera ton ami ? Mais s'il te voyais, Justin te détesterai, il aurait envie de vomir face à ta sale gueule. Tu mérites même pas d'écouter sa voix).

Ignorer ne sert à rien, répondre ne sert à rien, changer ne sert à rien.  Et, avec la réaction actuelle de la majorité des adultes et de la société, parler peut être très dangereux, et va souvent conforter l'ado dans l'idée que c'est de sa faute et que les autres ont le droit de faire ça. Surtout que plus sa dure, plus il va être conditionnés à accepter cette position et prendre tout ce qui est dit, tout ce qui est fait contre lui.

Une fois qu'on a été désigné victime et harcelés, si les autres n'interviennent pas directement et surtout auprès des agresseurs, il n'y a plus rien à faire.

Je ne veux pas dire que c'est sans espoir, mais tant que la société n'acceptera pas de voir que c'st très grave, que ce n'est pas que des histoires d'enfants on est loin d'y arriver.

On a beau en parler et ouvrir le sujet, énormément de monde croient encore que ce n'et pas grave au mieux que ça fait le caractère donc c'est un mal pour un bien, que ça te servira t'apprentissage pour la vie active car c'est aussi un monde de requin et que du coup tu y rentres mieux armée que les autres. (Oui, un adulte m'a dit ça. J'ai demandé si je devais pas envoyé un carton de remerciement à mes harceleurs, a y être).

Et pour dire combien la société n'est pas prête à changer, aujourd'hui surtout twitter il y a eu le hastag #TuMéritePasMonRespectSi  dans le top 5 français.  lisez les tweets, les amis, et soyez horrifié vous aussi. Et si c'était dans le top 5 c'est qu'il y a quand même  beaucoup, beaucoup de monde qui considèrent qu'on peut ne pas respecter quelqu'un pour des raisons aussi futile qu'aimer ou pas un groupe de musique (les 1 Direction et Justin Bieber, donc, musique surtout écouter pour adolescent), porter ou non tels ou tels vêtements ou marques ou apprécier ou non tels films ou telles séries et j'en passe. (Lisez, c'est édifiant).
C'est un peu loin du harcèlement scolaire, diront certain, mais pour moi, c'est aussi là que ça commence.
 
L

lautrestitich

Guest
Désolée pour le double post mais j'avais pas vu le témoignage de @Kettu Water-Fox et j'aimerai commenter.

Alors, tout d'abord je ne veux pas que tu te sentes insultés ni rien. Mais ton témoignage prouve que ça n'aide pas beaucoup. Ce que j'en retiens, c'est que tu as été harceleuse, mais tu ne sais pas vraiment pourquoi.

Encore une fois, c'est des questions sincères, c'est les questions que je poserai à mes agresseurs. Pas tant le pourquoi moi, ça je sais, mais pourquoi c'était si drôle de me voir m'énerver, pourquoi c'est drôle d'insulter les gens, pourquoi c'est drôle de les voir pleurer ?
Pourquoi c'est amusant de faire du mal ?
Je ne sais pas pour la fille que tu harcelés, mais personnellement, j'ai sû que très tard retenir mes larmes. Donc voir quelqu'un pleurer à partir de 6 ou 7 ans on sait traduire ça en souffrance. Alors pourquoi ils continuaient ? Pourquoi ils n'ont pas arrêté ? Pourquoi ils se sont acharnés ?
Pourquoi c'était si drôle et si amusant ? (Si des témoins passifs peuvent y répondre, ça serait pas mal aussi.)

Moi personnellement, même avant d'être harcelés, même à la maternelle, quand je voyais quelqu'un pleuré, j'avais pas envie de rire, j'avais plutôt envie de le consoler.

Et c'est là où je rejoins Antigone. Du moment où une personne commet des actes qui provoquent une souffrance chez quelqu'un et que cette personne ris d'être témoin de cette souffrance et se vante d'en être la cause, c'est qu'il y a un problème.

Il semble que tu t'es arrêté au moment où tu as été témoin de la souffrance de la jeune fille, et que tu ne t'en ai jamas vanté ensuite, bien au contraire. C'est qui est déjà mieux que la plupart de mes harceleurs, mais j'ai toujours et encore, et malgré les quelques témoignages que j'ai pu lire, du mal à comprendre pourquoi c'était si drôle et si amusant pour eux de faire du mal.
 
13 Avril 2013
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lautrestitich;4096112 a dit :
Encore une fois, c'est des questions sincères, c'est les questions que je poserai à mes agresseurs. Pas tant le pourquoi moi, ça je sais, mais pourquoi c'était si drôle de me voir m'énerver, pourquoi c'est drôle d'insulter les gens, pourquoi c'est drôle de les voir pleurer ?
Pourquoi c'est amusant de faire du mal ?


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