Blabla général littérature

M

Membre supprimé 153117

Guest
Hello :jv:
Est-ce que certain.e.s d’entre-vous vont participer au Pumpkin Autumn Challenge? :halloween: Est-ce que vous aimeriez que j’ouvre un topic? Je le fais volontiers :-)

Le lien de la vidéo de présentation:
 
9 Mars 2013
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Il y a des personnes qui sont saoulées de lire des textes écrits de manière inclusive (c'est plus long, on ne respecte pas notre si belle langue française (:crying:), etc.) mais je me rends compte que je me suis un peu trop facilement habituée à elle. Les deux derniers essais que j'ai lus l'employaient (dont un qui traite frontalement des questions de genre, donc c'est plutôt logique, et l'autre qui vit simplement avec son temps) (deux livres publiés au sein de la même collection, donc pas de hasard).

Mais du coup, pour le livre actuel : l'autrice est une femme mais on dit d'elle qu'elle est "docteur" (au sens de : a passé sa thèse) (et elle s'appelle Camille -certes, on pourrait tenter une langue queer et non simplement binaire, mais bon : j'ai du lire deux paragraphes pour me dire "ah, c'est une femme qui parle"). Sa directrice de recherche est une femme : elle est "professeur". Bon, ce sont peut-être des choix éditoriaux sur lesquels elle n'a pas la main.

Cependant, l'expression "ville de province de plus de 600 000 habitants", là, c'est elle qui l'a choisie. Contenu informatif du terme "province" ici = 0. Pertinence d'utiliser ce terme = 0.
Vous me direz, au moins, il ne s'agit pas d'un essai de géographie. :cretin::troll:

C'est de la sociologie de l'alimentation, la quatrième de couverture semblait prometteuse (Manger sain n'est pas si sain, C. Adamiec)
 

nezentrompette

Le train de vie d'une noix de Saint-Jacques
13 Décembre 2014
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@Slaw Il date de quand cet essai?
Je travaille avec beaucoup de maisons d'édition et à vrai dire, quand elles cherchent à atteindre un public le plus large possible, elles sont particulièrement frileuses à adopter les changements: les vieux veulent la tradition, les jeunes font avec. Certaines le font, quelques-unes par engagement, d'autres pour se démarquer et toucher une partie spécifique du lectorat mais les généralistes, au maximum elles sont ok pour écrire autrice et c'est tout.
En 1990 il y a eu une grosse réforme de simplification de l'orthographe mais aucune maison d'édition ne l'a appliquée parce que ça aurait outré une large partie du lectorat pour qui la lecture=savourer la belle langue française avec toutes ses difficultés et la rigueur qu'elle implique. Au pire elles acceptent les quelques rares trucs qui sont passés dans l'usage (genre "entretemps" "entre-temps").
Si une réforme officielle d'il y a 30 ans n'a pas pris, la question d'inclusivité qui est sur le devant de la scène et fait débat depuis à peine quoi? Deux ans? ne risque pas de se voir partout dans l'année qui vient.

Après, je sais que ça fait débat, et même si j'aspire moi-même à ce que la langue intègre tout le monde, pour moi la langue ne change pas les mentalités, c'est les mentalités qui changent la langue. Le jour où tout le monde prendra pour acquis que tout le monde, quel que soit le (non)genre, est à égalité (ce qui à mon sens adviendra dans plusieurs générations. Ca bouge, les esprits s'ouvrent, des parents -dont moi- commencent à éduquer leurs enfants dans cette idée mais d'autres sont encore à la traîne. Patience, la génération éclairée arrivera) cela sera totalement naturel de penser/parler inclusif, et donc de l'écrire. Comme je disais: la réforme de 90 'est tolérée seulement lorsque cela concerne ce qui est passé dans l'usage. Les locuteurs décident, l'écrit suit.

Bonne lecture malgré tout :)
 
9 Mars 2013
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@nezentrompette
hey! Il date de 2017, cet essai (qui dit adopter une perspective genre). Ceux que j'ai lus en écriture inclusive ont été publiés quant à eux en 2019 ou 2020 (c'est la collection L'envers des Faits, dirigée par Beaud (pour le coup, il doit être plutôt vieux) (:cretin:) et Truong : il y a un engagement politique clair derrière).

Dans tous les cas, il s'agit de sociologie, et il n'ont au final que deux ou trois ans d'écart (ça veut dire que ça peut bouger vite si les maisons d'édition se saisissent de cette possibilité). C'est encore un choix militant mais je le vois dans certaines publications en ligne aussi... j'ai l'impression que ça s'accélère mais je me rends compte que c'est très orienté par mes lectures, forcément (m'étonnerait que Zemmour adopte l'écriture inclusive mais je ne vais pas aller vérifier). :cretin:

Écrire autrice, je trouve ça pas si mal (franchement, lire aujourd'hui d'une femme qu'elle est "auteur", ça me fait un peu mal au cul). Et je me souviens qu'en 2016-2017, dans le cadre de mes études, j'écrivais "auteure" parce que le terme d'autrice m'était inconnu : en trois ans, je l'ai entendu et lu un peu partout (et tant mieux : "auteure" ne fonctionne qu'à l'écrit). Il n'est certainement pas employé par tout le monde et il permet sans doute à celleux qui l'emploient de se positionner (le maire de ma ville l'avait employé dans un discours, par exemple : il prenait ainsi une posture égalitaire pour 0€). :cretin: De manière un peu similaire, Annie Ernaux s'était d'abord opposée au fait qu'on parle d'auteure ou d'autrice pour la désigner avant de changer d'avis sur le sujet : les lignes bougent.

Pour ma part, je pense qu'il y a une interaction plutôt qu'un lien de causalité simple entre les deux (changement de mentalités => changement de la langue), surtout si on épouse une perspective diachronique. Je pense aux termes "cisgenre" ou "hétérosexuel" qui viennent nommer ce qui ne l'était pas auparavant car placé sous le sceau de l'évidence (pourquoi en parler, alors ?). Certaines personnes ont certes conceptualisé ces termes, mais, de mon côté, c'est la rencontre avec ceux-ci qui m'a fait réfléchir à plein de trucs. Il se trouve que j'étais plutôt ouverte à ce questionnement là (j'y aurais été rétive, j'aurais pensé qu'il s'agissait d'une nouvelle manifestation de la bien-pensance islamo-gauchiste ou que sais-je), donc la langue ne suffit pas à faire changer qn d'avis, pour sûr. Mais comment penser des choses qu'on ne peut pas dire ?

Ce que tu dis sur la réforme de l'orthographe et sa non-application me fait rire un peu jaune. On ne se prive pas de critiquer l'écriture inclusive pour sa dimension élitiste qui exclurait les personnes DYS (entre autres). Et je peux l'entendre, d'ailleurs. Mais quand je vois, d'après ce que tu écris, que personne ne semble s'en préoccuper dès lors que cela ne recoupe pas des questions de visibilisation des femmes, je me dis que ça confine au foutage de gueule. :goth:

Pour ma part, je ne pense pas que le changement ni le progrès arrivent naturellement : s'il y a des changements, c'est parce que des personnes comme toi éduquent différemment leurs enfants. Mais ces choix éducatifs n'ont rien de naturel : elles sont le fruit d'une réflexion et d'un positionnement politique au sens large. Et je t'en remercie. :v:
 

nezentrompette

Le train de vie d'une noix de Saint-Jacques
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@Slaw Merci pour ta réflexion, c'est très intéressant et je te suis parfaitement.
Pour ton questionnement:
Mais comment penser des choses qu'on ne peut pas dire ?
En fait, c'est très possible: celleux qui ont imaginé fabriquer le premier ordinateur avaient le concept avant le nom.
Tu appréhendes une réalité et ensuite tu lui apposes une étiquette linguistique: soit un néologisme, soit tu étends le sens d'un mot existant, soit tu lui colles la belle étiquette "truc, machin, bitoniau" (genre moi face à des outils et des morceaux de machin à monter :yawn:). Regarde les gamins qui apprennent à parler: c'est quoi? comment ça s'appelle? Ils peuvent voir un couple homo dans la rue en revenant de l'école et demander des précisions le soir à table, où on lui donne le mot pour désigner cette réalité.
Dans les années 90, j'étais lycéenne. On parlait à peine d'homo (et encore, homo = mec qui aime les mecs. Les lesbiennes là-dedans, zéro représentation), les a-genre, les trans je te jure que dans le monde dans lequel j'évoluais ils étaient invisibilisé.e.s à 1000%. Pourtant il y avait une personne qui travaillait à ma cantine, femme très masculine ou mec très androgyne, que tout le monde, comme des cons qu'on était, appelait "madame monsieur". Vingt ans plus tard, je comprends que cette personne était clairement trans. A l'époque, on n'avait pas le mot, mais sa réalité était sous nos yeux. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'à part un surnom naze (qui ne s'est pas pris un surnom naze dans le secondaire?) iel n'a jamais eu droit à du harcèlement en bonne et due forme pour sa différence, que mine de rien on acceptait, et peut-être même que ce surnom n'aurait pas existé si on avait su ce qu'était la transexualité (je m'aperçois en écrivant que le correcteur orthographique me souligne "transexualité", le français écrit et sa tolérance...soupir). Enfin bref, ne pas (encore) pouvoir désigner sous un nom une réalité ne rend pas aveugle pour autant.

Ensuite, la langue est assez "monolithique" j'ai envie de dire: ce qu'on met derrière les mots changent bien plus que le mot lui-même: il n'y a qu'à voir les basculements de sens. "Maison" s'écrit "maison" parce qu'à une époque très lointaine on disait un truc genre "maïssone": la prononciation a changé, pas l'écrit. Autre exemple tout con: il pleut. Cékicékoi ce "il"? Ben à la base, ce il qu'on croit impersonnel désignait "dieu": dieu-qui-est-toutes-choses pleut. Qui a encore conscience de ça en disant "il pleut"? Même les ultra-croyants ne le savent pas. L'Eglise a perdu du terrain depuis des siècles et pourtant grammaticalement dieu pleut encore :cretin:

Mais malgré tout mon exposé (pas trop barbant j'espère...) je suis d'accord que oral et écrit sont pas non plus strictement dissociés et peuvent s'auto-alimenter pour faire évoluer les esprits.
 

Pochemuchka-Lilou

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@nezentrompette Si ton correcteur te corrige "transexualité", c'est sans doute parce qu'il y manque un s : il y a celui du préfixe trans- et celui du radical sexualité:happy:. Mais de toute façon ce terme n'est vraiment pas à privilégier il me semble, d'une part parce qu'il peut laisser penser qu'il s'agit d'une orientation sexuelle, d'autre part parce qu'il renvoie à la transidentité comme maladie, donc bon, si les correcteurs ne l'intégraient pas ce ne serait pas une grosse perte je pense haha.

Par contre je suis désolée de revenir sur ce qui est sans doute un détail mais d'où tu tiens que le "il" dans "il pleut" renvoie au dieu de l'Église ? Parce que pluere en latin était déjà impersonnel, et est attesté bien avant la naissance du christianisme...
 
  • Big up !
Réactions : nezentrompette

nezentrompette

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Si ton correcteur te corrige "transexualité", c'est sans doute parce qu'il y manque un s : il y a celui du préfixe trans- et celui du radical sexualité:happy:
:yawn: Mais oui, que je suis nounouille! Ca m'apprendra à écrire vite et à même pas m'interroger quand un mot m'est surligné.
Merci aussi pour ta précision quant au choix du terme, j'essaie de bien faire mais je ne maîtrise pas encore tout :fleur:

d'où tu tiens que le "il" dans "il pleut" renvoie au dieu de l'Église
De mes cours de linguistique diachronique. Je me suis peut-être mal exprimée: ce sont les locuteurs qui ont chargé le "il" de ce sens.
 
18 Janvier 2012
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Dernier livre en cours : Chez soi, de Mona Chollet :jv:

Je n'ai pas fini mais j'ai tellement Sorcières, la puissance invaincue des femmes, cette écriture vivante et passionnée, cette rigueur intellectuelle et cet engagement à avancer des idées modernes, que je n'ai pas résisté et dans la foulée j'en ai acheté un 2ème. Je suis de nouveau conquise et je demanderai tout le reste de sa bibliographie et plein de références qu'elle cite pour Noël.

Elle m'a réconciliée avec le format de l'essai, de laquelle je n'étais pas tellement fan, souvent à cause de beaucoup trop de mots ronflants, ou encore d'une bonne dose de mauvaise foi intellectuelle ou d'envie de faire naître des polémiques ou de faire juste des bons mots (j'ai lu Big brother de Raphael Enthoven au printemps et quel enfer, j'ai failli jeter le livre au feu).

Bref, j'adore Mona Chollet :top:
 

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