Les divergences d'opinion au sein d'un même groupe d'idées, c'est logique et moteur; le problème c'est quand on en arrive à se déchirer juste parce que "je suis pas d'accord sur les points 2/58 et 6/58 du propos donc tu es mon ennemi-e"...
C'est d'ailleurs l'une des raison pour lesquelles j'ai arrêté le militantisme sur Facebook (avant d'arrêter Facebook tout court, en fait) : dès que j'osais émettre une opinion un peu déviante du courant de pensée général, je me faisais lyncher. C'était hyper violent.
Et IRL, quand on voit comment NouesToutes a dégénéré...
Ceci étant c'est pareil dans les autres mouvements militants : un végé se fera lyncher dans un groupe vegan, un cis qui est "juste" homosexuel pourra être rabaissé dans un groupe de militant-e-s LGBTQIA+ etc. et les réseaux amplifient le phénomène.
Par contre, je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça aussi, dans les mouvements à dominante féminine, c'est un reliquat du patriarcat. On a appris aux femmes à se monter les unes contre les autres, pas à faire front ensemble. La fraternité oui, la sororité quézako? Et que dire des stéréotype de "oh lala tu ne travailles qu'avec des femmes? Ça doit être horrible, elles doivent se crêper le chignon ou se faire la gueule tout le temps!".
Une notion que je vois souvent revenir dans les propos de ci de là, c'est le "féminisme modéré". Je m'interroge dessus.
Sachant que la définition du féminisme c'est (selon wikipédia) : "un ensemble de
mouvements et d'idées
politiques,
philosophiques et
sociales, qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les
inégalités homme-femme".
Dans ce cadre-là, je me demande ce que c'est d'être "modérée" ou "extrémiste": t'as un quota horaire? T'as un quota de situations sexistes à laisser obligatoirement passer ou pas par semaine? Non parce que moi je suis pour l'égalité en fait, point, et tout le temps, pas juste de temps en temps, quand j'ai envie ou quand ça m'arrange...
Je crois que ce qui me hérisse le plus le poil c'est quand les gens disent "je suis pas féministe je suis égalitariste!" C'est comme s'ils disaient "je mange pas de viande rouge, je suis végétarien-ne!"... Juste, non. C'est méconnaître l'égalitarisme.
Je suis féministe et alliée égalitariste. Pourquoi? Parce qu'en tant que femme blanche cis obèse en couple avec un mec, les seules discriminations auxquelles je suis confrontées sont liées à mon genre et à ce qui y est relié dans l’inconscient collectif (exigence de minceur, supposition sur mon choix d'avoir des enfants vu mon âge etc.).
Dans les faits, le racisme, la transphobie, la bi-homo-pan-phobie, la discrimination liée à la religion etc. je ne les ai pas expérimentées, donc je ne vais pas m'attribuer une étiquette militante égalitariste. Et c'est là que je recoupe avec le propos sur "les concerné-e-s" et "les allié-e-s", que je trouve logique et assez sain : si tu te dis égalitariste (et c'est souvent ce qui se passe sur les réseaux), tu te donnes le droit de confisquer la parole des concerné-e-s qui, désolée mais c'est un fait, ont une vraie expérience des discriminations.
Si tu te dis égalitariste, alors tu te dis militant-e contre TOUTES les oppressions, et clairement jamais je ne m'afficherai comme telle car je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre sur plein de sujets.
Sinon, le mieux, à mon sens, si on ne fait pas de militantisme, c'est de se dire "sympathisant-e" ou "allié-e". Ça permet de ne pas confisquer la parole des concerné-e-s tout en apportant sa pierre à l'édifice et en affichant son inclination.
Mais tout ça c'est du débat de forme. Dans le fond on s'en fout. Le principal c'est de niquer le patriarcat blanc valide hétéro et cis-centré!!!!