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Crise des enseignants : l’Éducation nationale est-elle en roue libre ?
Crise des enseignants : l’Éducation nationale est-elle en roue libre ?
Déjà, rien qu'au niveau du concours, si on pouvait laisser une certaine priorité aux gens d'un département ou d'une région, d'y rester... ( bonjour, je viens de Bretagne. La région très demandée. )
@Aelianaaa
Je suis d'accord sur le fait que le système de mutation décourage fortement d'exercer ce métier, et qu'il serait difficile à modifier.
Je ne suis pas d'accord, en revanche, quand tu écris que tu trouves "juste" que les affectations les plus prisées soient une récompense pour les anciens. Je trouverais sûrement ça juste si les conditions d'enseignement des jeunes enseignants n'étaient pas aussi déplorables. Réserver les établissements les plus prisés aux anciens, pourquoi pas, mais faire presque systématiquement commencer les jeunes dans des postes avec des conditions de travail très difficiles, certainement pas.
J'ai été titularisée il y a un an et je fais partie des jeunes enseignants qui ont eu beaucoup de chance dès le début pour les mutations. J'ai dû déménagé mais ma région est sympa quoique très peu demandée par les enseignants en général, mon établissement a un public plutôt défavorisé, nous avons nos "cas", et nous sommes en milieu rural isolé, mais globalement les conditions de travail sont bonnes et j'aime y travailler. J'ai eu beaucoup de chance ; ce n'est pas le cas de la majorité des enseignants de ma promotion. Presque tous les jeunes profs qui ont fait leur année de stage en même temps que moi ont été envoyés dans des zones très difficiles de banlieue parisienne. Les deux personnes avec qui je suis restée en contact sont toutes deux tombées en dépression lors de l'année écoulée, et ont dû être arrêtées par leur médecin. L'une d'elles a été agressée par un élève et a reçu des menaces de mort d'un autre élève (tout deux lycéens) et elle n'a absolument pas été soutenue par sa hiérarchie.
Malgré leur mal-être et les conditions de travail extrêmement difficiles, elles ont choisi de rester dans leur poste parce que quand tu obtiens un autre poste, tu perds énormément de points liés à l'ancienneté justement. Or, dans le meilleur des cas (en restant au même poste très difficile donc), il leur faudra au minimum dix ans pour retrouver leur région d'origine et leur famille (ce à quoi elles tiennent).
Mais certains collègues n'ont même pas eu la chance de connaître une année de stage dans un établissement tranquille et ont connu ce genre de choses alors qu'ils étaient stagiaires. La réalité, c'est que plusieurs d'entre eux ont eu l'impression d'être balancés dans une fosse aux lions, et ce sans aucune formation avant la rentrée (mais de manière générale, notre formation est une blague, nous apprenons par nous-mêmes, en enseignant).
Ce n'est pas juste qu'il faille d'une manière générale attendre des années et des années pour avoir des conditions de travail correctes et ne pas se sentir en danger quand on va au boulot. Que les plus anciens aient les établissements les plus prisés pourquoi pas, mais envoyer des jeunes avec aucune expérience ou très peu dans des établissements aussi compliqués, ce n'est pas possible.
Ce n'est pas juste non plus pour les élèves. Les établissements difficiles sont situés dans des zones où les élèves sont en grande partie issus d'un milieu défavorisé : est-ce que c'est juste de leur donner les plus jeunes profs, donc les moins expérimentés, et de réserver les enseignants les plus expérimentés pour les établissements prisés ? (avec souvent une population déjà beaucoup plus favorisée de base) A un moment l'école devrait donner les mêmes chances à chacun et essayer de réduire les inégalités sociales non ?
Certes, même en modifiant notre système de mutation actuel, peu d'enseignants seraient volontaires pour enseigner dans des établissements difficiles. Car la vérité c'est que jeunes ou anciens, personne ne devrait travailler dans des conditions pareilles. Mais là encore il y a des choses à faire : peut-être que si les conditions de travail n'étaient pas aussi déplorables dans certains établissements, que la hiérarchie tenait la route et que les primes étaient plus élevées pour y travailler, on aurait plus de volontaires. Il y a des établissements avec des élèves en majorité difficiles qui fonctionnent très bien, parce que la hiérarchie tient la route, parce que les effectifs par classe sont faibles, ou parce qu'il y a des aménagements et des expérimentations pédagogiques qui tiennent compte du public.
La majorité des enseignants ne veulent pas particulièrement avoir un poste dans un établissement "prestigieux" et très prisé, mais juste un poste dans un établissement avec des conditions de travail décentes. Aller au travail en n'ayant pas la peur au ventre, ça devrait être le cas pour chacun d'entre nous. Et ces dernières années, les conditions de travail se sont fortement dégradées et le gouvernement ne semble pas s'en soucier du tout.
Non le problème principal c'est le salaire gelé depuis des lustres et inférieur de mille euros aux salaires des autres fonctionnaires de catégorie A. Alors qu'on exige d'eux moins d'années d'études pour le recrutementLe lieu d'affectation, en particulier en début de carrière, est évidemment le problème principal de cette profession
Entre ça, découvrir son lieu d'affectation la veille pour le lendemain, découvrir quel niveau ils enseignent la veille pour le lendemain, il a l'air d'y avoir un ENORME problème d'organisation (et un manque de respect flagrant)
Non le problème principal c'est le salaire gelé depuis des lustres et inférieur de mille euros aux salaires des autres fonctionnaires de catégorie A. Alors qu'on exige d'eux moins d'années d'études pour le recrutement
Pour le point soulevé dans la citation qui suit ça a toujours été comme ça helas