@Aelianaaa L'année de stagiairisation dans la fonction publique c'est différent des stages de formation.
On forme pas les futur fonctionnaires à faire le taf. On vérifie qu'il le font et de la manière désirée.
Pour les professeurs c'est particulier parce-qu'en réalité ils n'ont plus de stages avant leur année de stagiairisation (corrigez-moi si je me trompe).
Je crois qu'il y a un système de tutorat mais c'est juste un collègue plus expérimenté avec qui le "T1" peut échanger.
En comparaison dans mon travail, lorsque j'ai un stagiaire: je me renseigne sur ce qu'il a appris à l'école (à la fois sur le plan théorique et pratique), je le forme en lui montrant puis en l'accompagnant, je l'évalue, et après si tout va bien je peux le laisser en autonomie sur cette "tâche" et encore en vérifiant derrière.
Alors que le professeur qui a sa classe la première année il est seul dans la classe (il doit gérer la préparation des cours, les cours, la gestion des élèves, les parents... tout quoi).
Sinon en plus des salaires, des conditions de travail et de la taille des classes qui posent problème, j'ai jamais compris la
taille des collèges en soit. Franchement plus de 1000 ados au même endroit, qui se retrouvent majoritairement entre eux, faut pas s'étonner qu'il y ait des incivilités.
Encore plus quand les élèves cumulent d'autres difficultés: souffrent de précarité, vivent dans des zones violentes, ont parfois des familles défaillantes ou impuissantes, et ont souvent problèmes de santé et d'apprentissages mal suivis. A cela on ajoute la difficulté d'avoir eu des des professeurs moins expérimentés, et de multiples remplaçants, depuis déjà 8 ans (c'est pas une critique des profs qui y peuvent rien).
Je comprend l'idée de rassembler les ressources au même endroit mais le pendant c'est qu'on rassemble également les problèmes au même endroit. Un microcosme de 1000 ados c'est 1000 fois plus complexe qu'un microcosme de 300.
Pour donner un exemple:
- 3 CPE dans un collège de 1000, même en se répartissant les niveaux, ils peuvent se retrouver à gérer 1 élève d'un niveau qu'ils ont pas et doivent donc connaître en théorie 1000 élèves différents.
- 1 CPE dans un collège de 300 ils doit se familiariser avec 300 élèves, avec en réalité une petite centaine qui arrive et qui part chaque année donc ça parait plus faisable.
Pareil pour le suivi des élèves dans les différents niveaux: avec moins de profs et moins d'élèves les suivis sont plus facile à mettre en place.
@Camility Jane Juste pour rebondir un peu sur cette partie de ton message: "34 gamins par classe en lycée n'est pas un problème s'ils ne sont pas accrochés à leurs téléphones ou à vouloir jouer à tester les limites".
Je suis (en partie) d'accord: il y a des conséquences à l'éducation donnée par les parents. Là où je suis moins d'accord c'est l'idée sous entendue que les soucis de comportement serait uniquement dû à cette éducation.
Les lycéens n'ont pas que l'éducation des parents. Ils ont aussi passé un temps non négligeable de leur vie en milieu scolaire. Le comportement à avoir en classe et dans l'établissement, la "posture d'élève" ce sont des choses que les enfants apprennent à l'école. Les parents peuvent passer derrière, guider, expliquer, sanctionner mais ils peuvent pas gérer des situations auxquels ils n'assistent pas.
Honnêtement on laisse les élèves, dès la sixième, livrés à eux même hors des cours, sous la houlette de quelques personnes qui sont là uniquement pour sanctionner les débordements. C'est une socialisation par âge et peu de contact avec des adultes (et contact sous le joug de l'autorité: les profs évaluent les élèves et les CPE et surveillants sanctionnent les comportements). A un âge où on est particulièrement bête et grégaire. Si on les laisse entre eux, faut pas s'étonner après que leurs centres d’intérêt se limite aux réseaux sociaux, aux jeux vidéo et mauvaises influences qu'ils ramènent de dehors (drogue, violence).
Après on a d'un côté les profs se plaignent du comportement des élèves et de l'autre les parents se plaignent que leurs enfants apprennent des gros mots à l'école, des jeux violents en récré, les tannent pour avoir des vêtements de marque et un portable, pour être comme les autres... C'est un peu facile de dire que c'est aux parents de tenir bon: ils veulent pas que leur gamin se fasse ostraciser parce-qu'il sera le dernier du collège sans smartphone.
La socialisation influence souvent plus le comportement d'un élève que l'éducation qu'il a reçu.
L'image ça serait un plan de classe, mais à l'échelle de l'établissement. Lorsqu'une classe est, relativement calme et bosseuse le plan de classe n'est pas nécessaire. Mais lorsqu'une classe est agitées, avec des élèves qui bavardes et des perturbateurs, le plan de classe permet de séparer les perturbateurs et de limiter les bavardages.
Donc en gros qu'est-ce qu'on met en place au sein de l'école (collège, lycée) pour limiter les points négatifs de la socialisation entre pairs?
On en revient à l'idée d'établissement plus petit, avec moins d'adultes différents, plus de repères et plus de faciliter à changer des choses.
Pour revenir à l'article, un métier sous payés dans lequel on te dit "tu vas en chier sévère, tu vas travailler dans des conditions indignes et tu pourras avoir des conditions normales de travail, là où tu veux travailler, seulement au bout de 15 ans". Sérieux, qui s'étonne qu'il manque du monde?
C'est pas normal qu'il existe un tel niveau d'incivilités dans certains établissements scolaires et c'est pas normal qu'on se préoccupe plus de trouver des personnes à mettre devant les élèves, pour prétendre à un enseignement, que de travailler sur le véritable problème. Les établissements en rep sont devenus des "no man land" de la république où on sont banalisées les insultes et la violence. C'est pas normal. Ni pour les personnes qui y travaillent ni pour les enfants qu'on y envoie.
(Désolée pour ce pavé, j'espère qu'il sera bien compris. Surtout le message n'était pas de dire "c'est de la faute du prof" mais une réflexion sur un système global. Peut-être que je suis complètement à l'ouest, j'avoue volontiers me baser uniquement sur mon vécu d'élève et sur quelques expériences une fois adulte.)