Madmoizelle, merci pour un article encore une fois intelligent, relativement complet et très bien écrit. Vous êtes un site en qui j'ai "confiance" car vous essayez toujours d'être le plus neutre possible et de donner la parole à des gens de tous les points de vue, ça m'aide à comprendre (à défaut de pardonner).
J'ai été harcelée, et j'avoue que 4 ans après c'est toujours un sujet très sensible pour moi. Le harcèlement pour moi, c'est la majorité de ma vie, ça a duré de mes 8 ans à mes 15 ans presque sans relâche. A 9 ans, j'ai dit à ma mère que si je ne changeais pas d'école j'allais tomber en dépression. Imaginez votre gosse vous dire ça... Heureusement ma maman n'a pas éclaté de rire en se demandant où j'avais été chercher ça et comment je connaissais ce mot, elle m'a emmenée chez une psychologue qui a malheureusement confirmé qu'à 9 ans, j'étais bel et bien au bord de la dépression...
J'ai changé d'école, menti sur mon age pendant un temps pour ne pas qu'on sache que j'avais passé une année, essayé d'avoir l'air cool... Je m'étais confiée à une seule "amie". Un jour cette "amie" a commencé à harceler une autre fille: lui voler ses affaires, les mettre à la poubelle, se moquer de son physique... J'ai voulu la défendre, ça s'est retourné contre moi et le harcèlement à recommencé.
Pendant des années j'étais malade de stress (vomissements, etc.) presque tous les jours avant d'aller à l'école. Je ne voulais pas que ma mère fasse quoi que ce soit de peur que ça s’aggrave. Je faisais tout mon possible pour me faire oublier, pour disparaître.
Encore aujourd'hui j'ai incroyablement peur que ça recommence, j'ai peur de l'avis des autres, peur d'être différente, peur d'être moi...
Et pourtant, en lisant ces témoignages, je crois que j'ai un peu mieux compris. Je crois que j'ai pardonné mes harceleurs il y a un petit temps parce que cette colère ne faisait du mal qu'à moi même, j'ai juste décider de "let go" comme on dit en anglais. Mais cet article m'a permit de comprendre que ce n'était pas ma faute, que je n'ai rien fait de mal, et que peut-être que mes harceleurs s'en veulent/ne réalisaient pas. Dans un sens ça me redonne un peu d'espoir, ça me permet de me dire que personne n'est "fondamentalement méchant/mauvais", simplement en souffrance ou inconscient de la gravité de ses actions.
Je pense vraiment que plus doit être fait de la part des professeurs, surveillants et parents des deux côté: faire comprendre aux harceleurs la gravité et les conséquences de leur actes et aider les harcelés à se reconstruire, à reprendre confiance en eux et à se débarrasser de leurs angoisses et de leur colère.
Encore une fois MERCI à toute la rédaction et à celles qui ont témoignés. Je vous souhaite de faire la paix avec vous-même et d'être plus heureuse à l'avenir (surtout pour celles elles-mêmes victimes de violence).