En dehors de ce qu'a déjà dit @glouns que je partage, je trouve qu'il est risqué de se focaliser autant sur la réussite au bac. Pour certains élèves en difficulté, obtenir un bac es, c'est autant une fierté qu'un danger. Un bac général n'est pas une fin en soi, cela ne qualifie à aucun métier, c'est une porte qui s'ouvre vers d'autres études. Si l'élève a été porté à bout de bras, a eu son bac de justesse, c'est formidable mais le plus difficile pour lui l'attend. L'enseignement supérieur n'est pas fait pour tout le monde, ce n'est pas qu'une question de déterminisme social. C'est très gratifiant pour un professeur que ses élèves réussissent au bac, mais ce qui compte, c'est ce qui se passe après. Or, le lycée doit aussi apprendre une certaine autonomie. Vérifier tous les jours que les élèves (de 17 ans !) ont fait leurs devoirs, leur courir après pour qu'ils travaillent, c'est bien, ils vont le faire, par pression ou par affection pour l'enseignant. Mais après ? Quand ils s'inscriront à la fac et que personne, non seulement ne vérifiera leur travail mais ne leur dira ce qu'ils doivent faire ?
Nous ne devons pas seulement faire obtenir coûte que coûte le bac à nos élèves, nous devons aussi les préparer à la suite. Et cela passe aussi par le fait de les laisser, parfois, par le fait de nous dire que leur avenir ne nous appartient pas, que nous devons aussi lâcher prise et cesser, passé un âge, de les couver à l'excès car on ne fait que repousser le problème.
Dans une moindre mesure, il me semble que nous devons, à l'instar des parents, aussi apprendre progressivement à nos élèves à se passer de nous, les mener vers l'autonomie dans le travail et une certaine indépendance.
Enfin quoiqu'il en soit, ce dont parle l'article, c'est ce que des centaines d'enseignants font. J'approuve la mise en lumière de cette démarche, mais je suis déçue par le fait que cela soit présenté comme une exception. Quand je lis : "D’autres membres de l’équipe pédagogique commencent à partager les informations avec le professeur principal des Terminales ES2 : untel ne travaille pas, l’autre perturbe le cours… Les profs communiquent sur le comportement et les résultats sans attendre le conseil de classe, et Jérémie Fontanieu informe les parents par SMS, régulièrement."
Je n'ai pas vu un seul établissement scolaire où cela ne se passe pas comme ça. Tous les profs communiquent sur les élèves, dans la salle des profs, par mail, par téléphone. Cela me semble incroyable qu'on pense que ce genre de démarche a quelque chose d'exceptionnel. Pareil pour les appels aux parents, pour le fait de se tenir au sanction, c'est même le b.a.-ba de l'enseignant que de tenir sa parole quand on annonce une sanction.
La seule chose que je réprouve totalement finalement, c'est l'utilisation de Facebook, Twitter pour encourager ces pauvres poussins. Mon dieu, cela me mettrait aussi mal à l'aise que mes élèves