Puisque beaucoup parlent de cet article de "mythe de l'homme battu", je trouve que le "nous ne nions pas la violence" est complètement décrédibilisé par le reste de l'article, le passage avec "tendre le micro avec avidité" n'a rien à faire dans une analyse (considération subjective) et est tout simplement un exemple du mépris des auteurs pour cette catégorie de victime, tout comme le fait de dire que Maxime Gaget est immédiatement cru - en sous-entendant que toutes les victimes le sont alors que ce n'est pas le cas, (le 3919 fait par exemple état de moins de 2% d'appelants hommes alors qu'ils sont enregistrés à 10-12% chaque année par les enquêtes de victimation de l'ONDRP, facilement vérifiables) ou le fait de dire qu'ils n'existent tout simplement pas, (avec 10-12% du total des victimes, c'est fort de dire qu'ils n'existent pas) en invoquant le fait que "ce n'est pas systémique donc ça ne compte pas ou c'est "une autre violence", histoire de bien les écarter du sujet et de les silencier.
Et cela, c'est sans compter qu'avant les statistiques officielles, le discours était "0 statistiques = ces hommes n'existent pas".
Les hommes victimes qui liraient un tel article seraient "ravis" d'apprendre qu'ils n'ont en fait pas été victimes de violence conjugale, de même que les femmes auteures de ces violences seront réellement ravies (cette fois, pour de vrai) d'apprendre qu'elles n'ont pas exercé de violence conjugale non plus. (car nier ces hommes victimes, c'est aussi quelque part encourager les femmes auteures à continuer).
Or ce n'est pas en invoquant la magie du "c'est pas symétrique/systémique" que ça va les faire disparaître.
Ce n'est pas parce qu'on avance que ce n'est pas systémique que les actes des personnes ne sont plus, comme par magie, de la violence conjugale (bien que par certains côtés - du genre la société qui accuse les hommes victimes de ne pas être des hommes, je trouve que ce n'est quand-même pas 100% non-systémique... ça sent quand-même assez mauvais le patriarcat; la société est très loin de soutenir les femmes, mais également très loin de soutenir les hommes victimes, vu que pour la société patriarcale, "homme victime" n'est pas "homme").
Je vois pas en quoi utiliser le même mot, quand il s'agit d'un même fait, empêche de trouver des causes différentes. Rien n'empêche d'utiliser le même mot mais d'y trouver des explications différentes. Une agression demeurera une agression, quelles que soient les raisons. Je ne vois pas où est le problème. Et je ne vois pas par quelle magie on devrait changer de terme parce que le viol/l'agression a été commise par une femme et que "les raisons ne sont pas les mêmes". Je pense qu'on ne peut pas séparer le système de l'individu. Victimiser les femmes en tant que groupe opprimé ou criminaliser les hommes en tant que groupe oppresseur, sans tenir compte des comportements individuels, je suis contre.
Par contre, en changeant la dénomination de ce que subissent la minorité de victimes, on change aussi la définition de ce qu'elles vivent, et c'est une manière de les mettre à l'écart. Ce à quoi je m'oppose.
Rien n'empêche d'analyser les phénomènes sans se sentir obligée de changer les mots "car on rentre pas dans les mêmes cases". Un viol reste un viol, une agression reste une agression, de la violence conjugale reste de la violence conjugale. Et rien n'empêche d'en analyser les différences de mécanismes sans en changer le terme. Si les raisons peuvent différer (même s'il faudrait aussi faire du cas par cas, les auteur.e.s de violences conjugales ont quand-même toutes la volonté de dominer/détruire leur conjoint.e), les actes subis/perpétrés demeurent une réalité inébranlable.
Et je ne vois pas par quelle magie un viol ou une agression devrait porter un nom différent sous prétexte que c'est une femme et qu'elle fait partie du "groupe opprimé" et que c'est commis sur un homme qui fait partie du "groupe oppresseur".
Il existe des individus ayant des comportements agressifs et des comportements de soumission/fuite chez tous les genres.
Tout analyser uniquement sous la coupe systémique, sans s'intéresser également à l'aspect individuel, me semble également une erreur d'analyse. C'est également trop réducteur.
Quoi qu'il en soit, "conjugale" = dans le couple. C'est même une circonstance aggravante de la violence quand ça passe au tribunal.
C'est triste car c'est avec ce genre d'article et d'argument que certaines personnes se mettent à se méfier/haïr le féminisme ou à le fuir alors que ça les intéressait.
On devrait au contraire accueillir les victimes sans distinction aucune au lieu de les trier en fonction de leur genre. Mais force est de constater que le chemin est encore très long...
Je remercie d'autant plus Madmoizelle de parler de cette minorité, du coup.
Au niveau du podcast, maintenant. J'ai été également touchée par ce témoignage et on entend à sa voix que témoigner n'a pas été facile. Je reconnais que même si je ne suis pas d'accord avec tout, certaines choses qu'il dit sont intéressantes et font réfléchir, et on peut voir qu'il a un peu réfléchi à certaines de ces questions.
Il a eu également beaucoup de courage pour avoir traversé tout ça, aussi bien les agressions sexuelles que le violent rejet des autres personnes, aussi bien femmes que hommes.
J'ai un ami qui est aussi passé par ce déferlement de haine et qui est passé près du suicide à cause de ça, que j'ai aidé en tant que féministe; et depuis il a un peu changé sa vision du féminisme (le fait de comprendre qu'il y avait plusieurs féminismes l'a pas mal aidé à changer sa vision), mais il demeure toujours très méfiant à chaque fois qu'il entend parler de "féminisme" car il ne sait pas à quoi s'attendre. C'est en tout cas bien triste d'en arriver à refuser systématiquement d'entendre cette souffrance...
Pour la définition du viol, effectivement à présent, la loi, qui a longtemps nié l'existence des hommes victimes/femmes auteures, a reconnu leur existence dans la loi du 3 août 2018.
https://www.village-justice.com/art...ar-loi-schiappa-aout-2018-2018-703,29423.html
En effet également, certains hommes peuvent essayer de parler de leur vécu dans des débats sur les violences faites aux femmes, tout simplement parce qu'ils ont l'impression de n'avoir aucun espace de parole pour en parler : le gouvernement ne les encourage pas à parler, le 3919 est officiellement adressé aux femmes (même si des hommes peuvent appeler; en tout cas ce n'est pas mis en évidence), la "journée contre les violences conjugales" s'est transformée en "journée contre les violences faites aux femmes", les associations de soutien d'hommes victimes qui sont automatiquement estampillées "masculinistes" (parfois à raison, malheureusement) et auxquelles les victimes n'ont généralement aucune envie d'être associées, et si on ajoute à cela les stéréotypes genrés ainsi que la difficulté de se reconnaître victime pour un homme en raison de la masculinité toxique, certaines victimes essaient de parler là où ils peuvent, en espérant qu'une personne les entende.
En tout cas, bravo à lui pour avoir témoigné, et courage à lui.