On va pas se mentir, je reviens de loin. Du bout de ton monde d'où on ne voit presque rien.
On va pas se mentir, je suis fatiguée par la route. J'aimerais bien dormir un peu mais j'ai la mélancolie des choses qui n'ont jamais existées qui me prend aux tripes parfois le soir.
Au bout de ton monde on tourne en rond et reviens encore et toujours au coeur du mien une passerelle en miette et des envies d'ailleurs.
Au bout de ton monde je me demande ce qui te retiens, je me demande ce que ces landes désertes et stériles ont de mieux, ont de plus doux mais j'en reviens.
Au début de mon monde il y a presque rien, façon Minecraft en début de partie je panique doucement, le genre de terreur qui a l'élégance de rester silencieuse.
Au début de mon monde, si longtemps déserté, si longtemps considéré comme acquis, il faut reconstruire petit à petit ce que tu n'auras jamais vu, touriste feignant probablement, on bien aventurier trop téméraire de son propre nombril.
On va pas se mentir, ton monde, j'en suis revenues. Mais du bout du mien j'entrevois encore à peine l'horizon alors parfois, j'ai la nostalgie des choses qui auraient pu exister, un monde rond et sphérique façon corps de femme enceinte, un monde fécond qui fait qu'on l'aime. Ce fut sans doute la faute d'un faux contact mais faute de tact mes landes à moi en jachère depuis longtemps longtemps se rappellent avec envie ton insouciance, celle du jardinier qui s'en fou, pratique de la terre brulée et tant pis pour ce qui aurait pu être ; tu es étranger à ma nostalgie des choses qui aurait pu exister.
Du début de mon monde juste après la fin du tiens et mes souvenirs et tant de travail à venir, mais du bout de ton monde on ne voit plus rien, à peine un précipice, je préfère encore mes landes hostiles et farouches, trop longtemps oubliées elles savent cependant la valeur de ce qui est.