J'écris ici car je ne sais pas vraiment où écrire, parce qu'aussi je ne sais plus vraiment quoi dire.
Depuis vendredi soir, même si je ne suis pas à Paris, même si j'ai la chance incroyable que mes amis et ma famille soient tous en sécurité, je suis terrifiée, choquée, angoissé, en colère, paniquée, triste, effondrée... De nature très anxieuse, je suis dépassée par la multitude d'émotions que je ressens, par ce sentiment d'impuissance qui m'étouffe. Chaque bruit aussi insignifiant soit-il me plonge dans la panique, je ne dors plus, je ne suis qu'une boule d'angoisse. Je pense inlassablement aux victimes de ces monstres, à ce qu'ils ont subis sans aucune justice, sans aucune raison, sans aucune justification, juste parce qu'ils étaient là, heureux, vivants, un vendredi soir comme les autres. J'ai la gorge nouée, les larmes aux yeux, la peur au ventre, le coeur en miettes. J'ai envie d'envoyer de l'amour partout, de continuer à vivre, à rire, à chanter, à aimer, à manger, à sortir, mais je reste cloitrée chez moi, terrorisée, incapable détourner les yeux des horreurs, en pleurant inutilement sur mon canapé. Je m'en veux, je culpabilise de rester prostrée, de ne pas dormir car la perspective de devoir sortir mon chien ou me rendre à la fac me terrifie, de tirer les rideaux sur mes fenêtres car j'ai trop peur du monde extérieur. Je m'en veux car je voudrais croire qu'on peut avoir peur et ne pas laisser la peur nous ronger, mais j'avoue me laisser entraîner dans un gouffre de panique.
Alors même si je n'arrive pas à envoyer de l'amour du dehors, je vous en envoie des tonnes depuis mon canapé, c'est peu, j'aimerais faire tellement plus... Je vous souhaite de voir toutes ces blessures de l'âme et toutes ces blessures du corps guérir. Toutes mes pensées s'envolent vers les familles et proches des victimes, des blessés, des témoins de ces moments d'horreur, ainsi que vers les autres qui ont peur, qui sont terrifiés, vers tous ceux qui continuent à vivre.