Déjà, dire que des films sur la banlieue, on en voit tout le temps, c'est faux. Perso, un film sur ce sujet là, c'est la première fois que j'en vois un.
Peut-être que ce "stéréotype" comme tu dis (sympa pour toutes les personnes qui se reconnaissent dans ces personnages de les traiter de stéréotypes, au fait... ) est souvent véhiculé, mais à quel moment ces bandes de filles sont autre chose que les copines de l'héroïne (comme dans ce film que tu as encensé dernièrement, un film révolutionnaire où la jeune fille mince a une copine noire rigolote et un beau père con, incroyable d'originalité) ? A quel moment la caméra leur donne droit de Cité au sens littéral du terme ?
Céline Sciamma s'est intéressée à ces filles et a voulu les filmer. C'est sûrement parce qu'elle les a trouvé touchantes, originales, fortes, cinématographiques. Le problème, en fait, c'est que c'est une blanche qui filme. Elle n'est pas légitime à tes yeux pour filmer des noires. L'était-elle pour filmer un gosse trans ? Pourquoi n'a-t-elle pas le droit d'être touchée par une bande de filles noires ou plutôt pourquoi ça dérange ? Est-ce qu'on ne peut raconter que ce qui nous ressemble ? Et pourquoi une noire me ressemblerait moins qu'une blanche de façon absolue ? Si je me reconnais plus dans une bande de filles de Cité que dans un rassemblement de la manif pour Tous ?
Ce que je lis dans cet article, c'est "cachez moi cette banlieue que je ne saurais voir, je préfère on me raconte une belle histoire de banlieusarde qui aime les Belles Lettres."
J'ai bien conscience de mon privilège, mais je fais quoi ? J'attends qu'une femme noire filme le même film et qu'on l'encense sur Madmoizelle alors que sur Libé on dira "un film communautaire qui peine à sortir des clichés." ? Procès d'intention dans les deux cas.
Je n'ai pas encore vu ce film, mais la bande annonce m'a traversée, la musique a l'air incroyable, la réalisation ouf, et les actrices magistrales. Mettre un article en demi-teinte sur ce film sur Madmoizelle, je ne comprends pas l'intérêt.