« Bande de filles », un film encensé pour de mauvaises raisons

15 Mars 2014
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@besilent : Je pense que le problème n'est pas qu'elle ne soit pas noire mais qu'elle n'a pas l'expérience de cette exclusion et de ce qu'elle pense être une violence nécessaire face à un milieu hostile. D'où les personnages qui semblent très clichés et la poursuite des stigmates raciaux.
 
23 Août 2013
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strasbourg
Je ne sais pas si c'est parce que tu te sens directement visée par mes postes, que tu me prêtes des propos que je n'ai pas écrit, mais j'ai justement dit que pour moi la couleur de peau n'était pas un critère déterminant.

J'ai même cité des Mads Blanches qui n'ont pas connu directement le racisme pour dire que j'étais souvent d'accord avec leur vision du racisme, celui-ci n'étant pas égocentré.

Si on ne sait pas de qui ou de quoi on parle, il faut se renseigner et faire des recherches à mon humble avis.

Si j'étais réalisatrice, il ne me viendrait jamais à l'esprit de faire un film "politique" sur les Rom's, en me basant sur mon intuition, ou une quelconque fascination. Je ferais en plus extrêmement attention à ne pas stigmatiser davantage, une population qui est déjà souvent montrée du doigt.

"Concernant ta phrase en gras, ce raisonnement s'applique à la plupart, dont toi..." Encore heureux. Cf. l'exemple des Rom's ci-dessus. Je peux aussi te prendre l'exemple du harcèlement de rue. Personnellement, j'en suis très rarement victime, mais ce n'est pas pour autant que je me base uniquement sur ma propre expérience pour en déduire que ça n'existe pas ou que je minimise la situation en faisant passer celles qui le subissent pour des fabulatrices ou des filles qui le cherchent bien.

Quand on discute d'un sujet sociétal, ça me parait logique de ne pas s'en tenir à ce qu'on vit. Quand je parle de la représentation problématique des Noirs dans le cinéma français, je ne me base pas sur ma propre expérience, puisque je ne suis pas comédienne, mais sur les nombreux témoignages et enquêtes que j'ai lu, que j'ai entendu, et toute une filmographie française.

Maintenant, chacun fait comme il veut. Mais oui, je trouve ça déplacé, de s'en tenir uniquement à son expérience personnelle, pour en déduire que tel problème dans la société existe ou n'existe pas.

Pourquoi me sentirais-je visée?
Pour le reste de ton post, je suis partagée.
Traiter d'un sujet sans rien y connaitre, quand on a des velléités sociologiques ou ethnologiques, ok, c'est farfelu. Mais dans le cas de Celine Sciamma, comme elle parle davantage d'esthétique, j'y vois une démarche se reposant davantage sur un sentiment, une émotion, que sur une base sociale. Ce n'est donc pas gênant en soi(de mon point de vue).

A lire certaines, il faudrait que chaque sujet soit traité par quelqu'un de concerner, donc ici une réal noire issue de banlieue si possible. Je trouve malheureux d'avoir une telle mentalité, et dans ce cas,combien d'oeuvres littéraires et cinématographiques ne devraient même pas exister(au pif E.T ou Les voyages de Gulliver).

Je vois dans cette diatribe contre Sciamma une démarche plus communautaire que sincère. Peut-être que je me trompe, je l'espère, mais Sciamma est loin de la personne réac ou raciste. Elle semble aimer décrire des personnes qui sortent du cadre, voilà tout.

Le souci en France c'est qu'on s'offusque à la fois de faire et de ne pas faire. Ce qui engendre une sorte d'immobilisme qui déteint sur la société, c'est dommageable.
 
23 Août 2013
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C'est sympa de cracher ainsi sur les sentiments de celles qui se sont senties offensées par cette représentation. Vraiment les réactions sur ce sujet et le premier article consacré à ce film ne te semble pas sincère ? Et les madz non-noires qui sont du même avis et Marie-charlotte , sont-elles dans une démarche communautaire aussi ?
N'ayant pas été insultante, je trouve ta remarque déplacée et orientée.
J'ai constaté que certaines se sont senties offensées, cela n'empêche que j'ai un sentiment différent de la chose. cela n'engage que mon opinion, et ne remet pas en cause vos idéaux, un peu de respect ne ferait pas de mal pour le coup...

Pour les madz non noires, j'imagine qu'elles veulent simplement "bien faire". Avant l'article de Marie Charlotte il y a deja eu un sujet sur Bande de filles, et je me dis que, peut être, Marie Charlotte s'est inspirée de ce sujet. Enfin, je ne doute pas de sa sincérité dans sa démarche, mais moi je n'adhère pas aux critiques faites à quelqu'un comme Sciamma.

J'aime le cinéma, l'art en général, et le cinéma n'est pas toujours question de réel et je voyais davantage ce film comme une représentation plutôt qu'un documentaire. A partir de la, je me dis que le réal peut laisser libre cours à son imagination et son ressenti, tant qu'il n'affirme pas avoir de démarche sociale et ethnologique.
 
22 Septembre 2010
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Je souhaitais juste rebondir sur cette partie de ton commentaire. Le problème n'est pas tant que ces filles volent, sèchent les cours,... et que cela les amusent (ou en tout cas qu'elles ne le jugent pas comme mal). La littérature et le cinéma sont pleins de groupe de jeunes plus ou moins en rébellion, qui se réalisent à travers la transgression ; qui apprécient ces moments pendant que les adultes ou autres représentants de la société, condamnent plus ou moins fortement ces actions (La route de Keruac, L'oiseau moquer de Lee, Harry Potter voire même Marie-Antoinette). Là où le bât blesse, selon moi, est que l'image dans ce cas ne s'éloigne pas des clichés sur les banlieues et les filles noires de façon générale, mais les encense voire les magnifie. Tu n'y fais peut-être pas attention, mais les documentaires et films faits sur la banlieue ou la condition noire en France (merci Zone interdite, 66 minutes et Envoyé spécial btw :facepalm::mur: ) tournent généralement autour de la délinquance, du sexisme, de l'intégrisme religieux ou du désir de s'en sortir. Comme si on ne pouvait pas être en banlieue et / ou non-blanc ET de classe moyenne (voire plus), n'avoir jamais fait un truc illégal, sortir en micro-short et ne pas écouter du rap. Pour rappel, Neuilly, Boulogne et Rueil sont des banlieues mais personne ne leur assigne cette image. Parc qu'on associe malheureusement banlieue et pauvreté, banlieue et France "non blanche", banlieue et échec (selon le modèle social général, bien sûr, chacun voit midi - et le bonheur- à sa porte).

Dans le même sens, contrairement à ce que tu sembles penser, les autres films qui mettent en avant des personnes typées sont ceux justement avec des banlieusards qui rêvent de sortir de leur "cité" et qui vont utiliser le sport, l'art ou les études pour se faire. Bien sûr ils sont tiraillé entre leurs amis délinquants plus ou moins gentils et leurs grandes aspirations souvent représentées par une romance avec un blanc. L'analyse du blog "le cinéma est politique" de ces films est très intéressante pour le coup. Par exemple : http://www.lecinemaestpolitique.fr/neuilly-sa-mere-humilier-et-punir-le-gosse-des-cites/ . Sans oublier les films sur les couples mixtes, soi-disant au service de la déconstruction des clichés par le rire...

Pour finir, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il faut arrêter de vouloir imposer un modèle de réussite à toute une société. Mais pour cela, il faudrait aussi arrêter les clichés clivants et laisser les personnes être ce qu'elles sont : des individus à part entière, au-delà de leur poids, de leur sexe, de leur couleur et de ce qu'elles aiment faire entre les draps (ou ailleurs).

Je comprends tes arguments et je suis justement d'accord avec toi sur les faits mais pas sur les conclusions. Dans les films sur les jeunes de banlieue (et là je ne parle pas de couleur de peau), on va souvent montrer, comme tu dis, quelqu'un qui essaye de "s'en sortir" et qui est tiraillé entre deux milieux. Et les films sur les jeunes qui transgressent, montré comme quelque chose de positif, sont aussi monnaie courante, mais l'intersection entre les deux est nulle (ou presque, je pense). Je veux dire qu'en gros, on montre jamais un jeune de banlieue qui fait quelque chose de socialement pas "normal" (au sens propre) comme quelque chose de positif. Par exemple, Thelma et Louise qui volent, ont des flingues, fuient, c'est montré comme positif. Le jeune qui a un flingue dans "la journée de la jupe" c'est très très mal. Comme si tout ce qui était transgressif ne pouvait être positif qui si ça venait de gens dont on ne s'attend pas à ce qu'ils agissent ainsi.
Donc voilà, je me demande en quoi c'est mal de glorifier ces actions venant de filles de banlieues, alors que ça ne l'est pas dans d'autres cas. Donc je sais qu'on va me répondre que c'est parce que ça renforce un cliché, mais là ces filles sont des personnes à part entière parce que c'est elles qui tiennent l'histoire parce qu'elles sont les sujets de l'action. Je reprends la journée de la jupe : les jeunes de banlieue y sont des clichés parce qu'ils ne sont là que pour montrer l'histoire de la prof, ils sont des objets, et des objets qui posent problème au sujet. Là ce n'est plus le cas.

Voilà, pour moi ça change tout mais je me trompe peut-être. Depuis des plombes on nous parle "d'aider les jeunes de banlieue à s'extraire de leur milieu", de leur donner des modèles pour ça etc. Et en fait quand tu écoutes bien ces propos, ils sont horribles, ils veulent dire qu'il faut les faire rentrer dans le moule, ce que beaucoup de personnes souhaiteraient. Mes c'est quoi ce moule ? En quoi il est bien ? Jusque là il n'a pas tellement prouvé qu'il rendait les gens heureux.

Donc ce qui me satisfait dans ce film c'est qu'il n'y a pas de jugement. Les gens peuvent en mettre un bien sûr, et d'ailleurs beaucoup de madz l'ont fait, en percevant comme négatif le fait qu'elles volent ou se battent ... Mais ça n'est pas le but : on montre des filles de banlieue qui sont sujet de leur vie et qui donc ne "posent pas problème". Si on avait montré des filles qui "s'en sortent" (quel que soit ce que ça veut dire), finalement ça n'aurait fait que conforter le fait que les jeunes de banlieue posent problème et qu'il vaut mieux s'éloigner de ce modèle pour être quelqu'un de bien.

Je sais pas si je suis claire, mais j'essaye ^^

Un autre truc avec lequel j'ai du mal c'est le fait que sur Madmoizelle, on avait présenté qu'est qu'on a fait au bon dieu comme un super film, pas du tout raciste (je l'ai vu depuis, et je suis désolée mais c'est un horrible film très raciste), et là on montre celui-là comme un film problématique. Je suis un peu dubitative.
 
23 Août 2013
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"Le souci en France c'est qu'on s'offusque à la fois de faire et de ne pas faire. Ce qui engendre une sorte d'immobilisme qui déteint sur la société, c'est dommageable."

Ben ouais, c'est tellement duuuuuuuuuuur de donner aux Noirs les mêmes rôles qu'aux Blancs, je plains les réalisateurs, les producteurs et les scénaristes à qui incombent cette lourde tâche.

J'attends l'argument "ils n'ont qu'à faire leur film, c'est facile !" LOL. Sauf que ça reviendrait à te contredire ("communautarisme").

J'apprécierais un ton moins sarcastique, je n'ai insulté personne.
Mon affirmation souligne simplement le fait que le sujet est brûlant, quel que soit la démarche.
Et je suis de celles qui demandent à ne pas faire de distinction noire/blanche hein. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
 
7 Octobre 2005
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Pantin
@agapanthe7
Désolée si tu t'es sentie insultée loin de moi cette idée .
C'est " orienté" aussi de remettre en cause la sincérité de madz qui ont pris du temps pour répondre et argumenter sur le sujet en les renvoyant à un aspect "communautariste" . Tu ne doute pas de la sincérité de la rédactrice de l'article mais les madz qui y ont réagi elles sont communautaristes donc je ne comprends pas trop.

Personnellement je ressent les "alertes au communautarisme " comme un " circulez il n'y a rien a voir " . En gros on ne peut plus rien dire ni faire car trois noires qui disent la même chose risque du créer du communautarisme.
 
23 Août 2013
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@agapanthe7
Désolée si tu t'es sentie insultée loin de moi cette idée .
C'est " orienté" aussi de remettre en cause la sincérité de madz qui ont pris du temps pour répondre et argumenter sur le sujet en les renvoyant à un aspect "communautariste" . Tu ne doute pas de la sincérité de la rédactrice de l'article mais les madz qui y ont réagi elles sont communautaristes donc je ne comprends pas trop.
Je vais reformuler mon propos: je me demande quelles sont les motivations profondes de certaines madz. Est-ce plus clair?
Et qu'il s'agisse de Marie Charlotte ou des autres madz, je ne doute pas de leur sincérité dans leur démarche.

En ce qui concerne le communautarisme, je ne peux y adhérer, du fait de mon histoire personnelle. Je ne me reconnais pas la dedans, et j'ai été, il est vrai,choquée par certains propos de type "entre noires on se comprend". Je pense que la couleur est un élement parmi d'autres pour définir une identité, mais pas THE élément, tu comprends?

Je n'ai pas vocation à foutre la m*rde comme on me le reproche, je n'insulte pas, et me contente de donner mon point de vue, rien de plus. :)
 
15 Mars 2014
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Je vais reformuler mon propos: je me demande quelles sont les motivations profondes de certaines madz. Est-ce plus clair?
Et qu'il s'agisse de Marie Charlotte ou des autres madz, je ne doute pas de leur sincérité dans leur démarche.

En ce qui concerne le communautarisme, je ne peux y adhérer, du fait de mon histoire personnelle. Je ne me reconnais pas la dedans, et j'ai été, il est vrai,choquée par certains propos de type "entre noires on se comprend". Je pense que la couleur est un élement parmi d'autres pour définir une identité, mais pas THE élément, tu comprends?

Je n'ai pas vocation à foutre la m*rde comme on me le reproche, je n'insulte pas, et me contente de donner mon point de vue, rien de plus. :)

Tout d'abord, je tiens à signaler que mon propos n'est ni agressif ni insultant.
Cependant, je trouve gênant que tu assumes que les Madz qui critiquent ce film sont nécessairement noires. Je pense avoir bien suivi la discussion et il n'y pas plus de 4 personnes qui ont précisé leur couleur ! Et c'est bien, parce qu'il n'y a pas besoin d'être noir, jaune ou vert pour être choqué par la stigmatisation des personnes noires, jaunes ou vertes. Il me semble presque culotté que tu te fasses juge et parti et détermine qui est sincèrement choqué ou non. Personne n'a à juger le ressenti d'une autre personne et sa perception de la vie. Cela me rappelle une amie métisse qui pensait, à travers son (absence de) expérience que le racisme n'existait pas et qui qualifiait un ami arabe qui racontait une anecdote puante, de parano en lui disant qu'il fallait arrêter la victimisation. Or, si elle a vécu un différent, elle n'a pas à juger les expériences des autres, qui déterminent leur propre grille de lecture et donc leur vision du monde.

Je pense vraiment qu'il faut avoir vécu une stigmatisation excluante pour comprendre l'exclusion de certaines personnes. Attention, cela n'empêche en rien d'y être sensible. Mais je peux ressentir toute l'empathie du monde, je ne comprendrai jamais (pour le moment en tout cas) les combats d'une personne obèse. Autre exemple, deux femmes typées pourront avoir un rapport totalement différent voire opposé à la discrimination. A l'inverse, une personne discriminée pour son handicap, son poids ou sa maladie sera sûrement plus sensible aux luttes contre une discrimination proche qu'une personne qui n'a jamais été mise en marge de la société. Cela m'évoque la publicité de l'APF où on compare les difficultés d'une personne en état d'handicap et celle d'un homme qui essaye de balader son enfant dans une poussette. C'est bête mais d'un seul coup tu comprends d'autant plus les difficultés de leur quotidien parce qu'on le remplace dans un contexte connu ET qu'elles sont semblables au final (escaliers, place dans le bus, trottoirs minuscules,...).

Je me base juste sur les trailers et les interviews des actrices. En sachant que j'attends sa sortie depuis cet été et qu'au début de la promo, il n'y avait que l'interview de Sciamma, qui était pleine de promesses. Le film ne semble pas avoir suivi. J'irai le voir pour me faire un avis définitif mais des images que j'ai vus, c'est un ramassis de clichés.Je me répète : je ne pense pas que Sciamma soit raciste. Cela n'empêche pas son film de véhiculer des clichés qui, eux, le sont.
 
Dernière édition :
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Je comprends tes arguments et je suis justement d'accord avec toi sur les faits mais pas sur les conclusions. Dans les films sur les jeunes de banlieue (et là je ne parle pas de couleur de peau), on va souvent montrer, comme tu dis, quelqu'un qui essaye de "s'en sortir" et qui est tiraillé entre deux milieux. Et les films sur les jeunes qui transgressent, montré comme quelque chose de positif, sont aussi monnaie courante, mais l'intersection entre les deux est nulle (ou presque, je pense). Je veux dire qu'en gros, on montre jamais un jeune de banlieue qui fait quelque chose de socialement pas "normal" (au sens propre) comme quelque chose de positif. Par exemple, Thelma et Louise qui volent, ont des flingues, fuient, c'est montré comme positif. Le jeune qui a un flingue dans "la journée de la jupe" c'est très très mal. Comme si tout ce qui était transgressif ne pouvait être positif qui si ça venait de gens dont on ne s'attend pas à ce qu'ils agissent ainsi.
Donc voilà, je me demande en quoi c'est mal de glorifier ces actions venant de filles de banlieues, alors que ça ne l'est pas dans d'autres cas. Donc je sais qu'on va me répondre que c'est parce que ça renforce un cliché, mais là ces filles sont des personnes à part entière parce que c'est elles qui tiennent l'histoire parce qu'elles sont les sujets de l'action. Je reprends la journée de la jupe : les jeunes de banlieue y sont des clichés parce qu'ils ne sont là que pour montrer l'histoire de la prof, ils sont des objets, et des objets qui posent problème au sujet. Là ce n'est plus le cas.

Voilà, pour moi ça change tout mais je me trompe peut-être. Depuis des plombes on nous parle "d'aider les jeunes de banlieue à s'extraire de leur milieu", de leur donner des modèles pour ça etc. Et en fait quand tu écoutes bien ces propos, ils sont horribles, ils veulent dire qu'il faut les faire rentrer dans le moule, ce que beaucoup de personnes souhaiteraient. Mes c'est quoi ce moule ? En quoi il est bien ? Jusque là il n'a pas tellement prouvé qu'il rendait les gens heureux.

Donc ce qui me satisfait dans ce film c'est qu'il n'y a pas de jugement. Les gens peuvent en mettre un bien sûr, et d'ailleurs beaucoup de madz l'ont fait, en percevant comme négatif le fait qu'elles volent ou se battent ... Mais ça n'est pas le but : on montre des filles de banlieue qui sont sujet de leur vie et qui donc ne "posent pas problème". Si on avait montré des filles qui "s'en sortent" (quel que soit ce que ça veut dire), finalement ça n'aurait fait que conforter le fait que les jeunes de banlieue posent problème et qu'il vaut mieux s'éloigner de ce modèle pour être quelqu'un de bien.

Je sais pas si je suis claire, mais j'essaye ^^

Un autre truc avec lequel j'ai du mal c'est le fait que sur Madmoizelle, on avait présenté qu'est qu'on a fait au bon dieu comme un super film, pas du tout raciste (je l'ai vu depuis, et je suis désolée mais c'est un horrible film très raciste), et là on montre celui-là comme un film problématique. Je suis un peu dubitative.

Je trouve ta perception très intéressante, surtout le fait de les rendre sujets de l'action et non plus objets plus ou moins dérangeants. Il est vrai qu'on ne montre jamais les transgressions des personnes non-blanches comme une chose positive ou en tout cas "cool".

Cependant, ce qui me gêne reste quand même la réciproque. Comme tu le dis "Comme si tout ce qui était transgressif ne pouvait être positif que si ça venait de gens dont on ne s'attend pas à ce qu'ils agissent ainsi.". On s'attend donc à ce que des personnes non-blanches et/ou de banlieue agissent de façon violente. C'est là que j'ai du mal avec la représentation qui est faite dans le film. A nouveau, je m'appuie sur les trailers et les interviews des actrices, pour le moment. Mais quand j'ai vu l'interview dans laquelle Sciamma parlait du projet, avant-même la bande-annonce, je m'attendais à une histoire qui allait transcender les documentaires sur les bandes à gare du Nord et offrir une perspective différente. Qui sont-elles ? Quelles sont leurs aspirations ? Quel est leur quotidien ? Quels sont leurs objectifs . Leurs peurs, leurs espoirs,... ? Et les réponses, pour le moment, semblent être les mêmes que toujours : des femmes non blanches, s'amuser et avoir des sous (what else ?), la violence / le KFC / Rihanna / le ménage à la maison, partir le plus loin possible du grand frère méchant et d'une religion étouffante,... J'ai été très déçue parce que j'aime beaucoup le travail de Sciamma justement ET que je suis épuisée par cette vision monochrome des personnes non-blanches.

Je pense que c'est la raison pour laquelle nos conclusions diffèrent :). On a besoin de montrer aussi des personnes plus proches du modèle social dominant parce qu'il n'y en a pas (assez ?). En soi, ce film ne me dérangerait pas plus que ça s'il y avait plus de film "valorisants" à côté.
 
22 Septembre 2010
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Le film Thelma et Louise est un mauvais exemple.

- D'abord, il s'agit d'un film sur la vengeance et la défense, ce qui n'est absolument pas le cas de Bande de filles dans lequel aucun crime n'a été commis à l'encontre des filles. Les femmes ne dirigent leur haine justifiée que contre les hommes,ce qui n'est pas le cas de Bande de filles où les héroïnes s'en prennent aussi aux personnes qui ne leur ont rien fait.

- Ensuite, dans Bande de filles, l'héroïne est une vraie victime de la société, qui n'a même pas choisi d'entrer dans le groupe et qui s'enfonce toute seule dans sa m..... C'est un film super négatif, super sombre, c'est ça qui est glauque dans ces applaudissements. Donc je ne vois pas en quoi il change des autres films sur la banlieue tout aussi sombre.

- Autre point important à préciser concernant T&L : 'on n'a pas l'habitude de montrer les femmes Blanches dans cette posture badass. De façon générale, les Blancs sont souvent montrés dans les médias (journaux télévisés) comme la "race suprême" qui ne fait jamais de conneries contrairement aux autres groupes et quand ça arrive, c'est uniquement par "accident". Et c'est encore pire pour les femmes quand on pense au film hollywoodien bien propre où elles sont toujours bien coiffés avec des belles robes dépendantes de beaux mecs. C'est pour ça qu'on s'éclate à regarder des séries comme Weeds ou à l'inverse, Luther. Parce que ce sont des programmes qui jouent justement sur les clichés et c'est en ça qu'ils sont frais à regarder. (Et soi dit en passant, le film a été écrit pas une femme Blanche.).

Je te cite :
"Et en fait quand tu écoutes bien ces propos, ils sont horribles, ils veulent dire qu'il faut les faire rentrer dans le moule, ce que beaucoup de personnes souhaiteraient. Mes c'est quoi ce moule ? En quoi il est bien ? Jusque là il n'a pas tellement prouvé qu'il rendait les gens heureux."

Ce sont les personnes concernées qui disent qu'elles ont besoin de modèle et qu'elles ne sont pas heureuses.

Pourquoi leur octroyer leur droit de parole en disant à leur place, ce qui est bon pour elle, qui plus est quand on a réussi sa vie comme Céline Sciamma?

La réalisatrice fait finalement comme les personnes qu'elle accuse.

Elle essaye à son tour de les ranger dans un moule en disant "faites ça, c'est bien."

Or dire c'est bien, c'est aussi un jugement.

Je comprends pas trop parce que tu dis à la fois que le film est super sombre et que la réalisatrice donne un jugement positif sur ce qui se passe en disant c'est bien, faites ça. Moi j'ai jamais dit que ce qu'elles faisaient était bien, je dis juste que ce qui est fondamental pour moi c'est qu'elles sont les personnages principaux et qu'à mon avis ça change tout.

Ensuite quand tu dis que Sciamma prend la parole pour d'autres, ben je ne sais pas trop quoi répondre parce que c'est le cas d'absolument toute oeuvre de fiction pour n'importe quel sujet. A part si tu ne fais que parler de ta vie, tu voles forcément la parole de quelqu'un.

Quand tu dis que les blancs sont montrés comme la "race suprême" qui ne fait rien de mal, déjà je pense que tu vas trop loin (surtout que je n'ai pas parlé de couleur de peau), et ensuite je ne suis pas d'accord. Il y un nombre très important de films et séries qui montrent des personnages blancs dans des situations de transgression et de violence, moins avec des femmes par contre, c'est vrai. Je regarde les films de la semaine sur allociné, j'en vois déjà 3 (gone girl, mommy, elle l'adore). Par contre la violence n'y est pas traitée du tout de la même façon : elle n'est pas vue comme un problème à traiter, juste comme un ressort de l'histoire. Alors qu'en général dans les films sur la banlieue, la violence, c'est le sujet, c'est ce qu'il faut éradiquer.

Enfin bon, un film, et le film de sciamma en particulier, ne peut pas donner des modèles d'identification pour tout le monde, mais là elle en donne un qu'on n'a pas l'habitude de voir en modèle (et un modèle ça n'est pas forcément bien ou mal, c'est juste un modèle). Donc je ne trouve pas mauvais. Je peux comprendre qu'on soit énervé parce que ce n'est pas le modèle qu'on veut voir, mais ça n'est qu'un seul film, et on peut espérer qu'il y en aura d'autres différents. Mais on ne peut pas l'attaquer parce qu'il ne représente pas tout le monde.
 

Y.

1 Avril 2014
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Je vois dans cette diatribe contre Sciamma une démarche plus communautaire que sincère.

L'opposition entre communautarisme et sincérité ne m'apparaît pas très naturellement... Pourquoi est-ce que les sentiments liés à la représentation d'une communauté à laquelle on appartient ne pourraient pas être "sincères" ?

C'est vraiment gênant en fait, parce qu'on dirait que quand quelqu'un vient parler de racisme, de sexisme ou autre à des gens qui ne vivent pas ces discriminations au quotidien, on finit toujours par l'accuser de le faire pour le principe. Par communautarisme, par féminisme borné, par militantisme, ou je ne sais quoi. On dirait que c'est impensable que des gens puissent se sentir concernés personnellement par la discrimination (et adoptent un ton un peu plus passionné, du coup), comme si ce n'était même pas concevable que ça soit réel pour certaines personnes, que certaines personnes puissent réellement se sentir affectées elles-mêmes par les représentations, le manque de représentations ou les stéréotypes.

Ne comprends pas ceci comme un procès d'intention, s'il te plaît. Tu vas peut-être penser en lisant ceci quelque chose du genre "mais n'importe quoi, je sais très bien que la discrimination ça existe et je suis archi-contre", et ça sera probablement entièrement sincère, je ne suis pas dans ta tête. Mais à l'arrivée, c'est exactement le message renvoyé par ce genre d'arguments. Expliquer à des gens qui parlent de leur expérience de la discrimination que leur parole n'est pas sincère (je reprends tes mots), qu'elles n'ont simplement rien compris à ce que disait le film et que de toutes façons ce n'est "que" du communautarisme (comme si le "communautarisme" était par définition une horreur diabolique innommable... enfin ça c'est un autre débat), ça revient à leur dire que tout ça ne peut pas vraiment les toucher et qu'ils viennent juste casser les pieds par principe. Quelle que soit l'intention derrière, c'est pas super cool.
 

Clemence Bodoc

Persistante
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LILLE
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Il me semble que Sciamma souhaite décrire une réalité.
[...] Après, j'ignore si c'est ce qu'a fait Céline Sciamma ou si elle a voulu retranscrire le fantasme qu'elle avait de la vie de ces filles en bande.
Apparemment, si elle a voulu évoquer une réalité, elle semble avoir loupé des trucs et être tombée dans les clichés.
Si elle a cherché à reproduire l'idée qu'elle avait de leurs vies, je peux comprendre qu'on puisse se sentir insulté par sa vision des choses.

C'est bien le problème : dans l'interview présentée dans le dossier de presse (que j'ai donc eu au moment de la projection presse), la première question était pourquoi avoir choisi ce sujet, la deuxième était vous êtes-vous documentée (de mémoire, je n'ai plus le texte sous les yeux).

Or à cette deuxième question, elle répond « se pas s'être laissée intimidée par la question de la légitimité », n'avoir fait « aucune immersion ni lecture particulière ». Oui, c'est quelque chose qu'elle assume, parce qu'elle ne voulait pas que ce soit un obstacle, elle ne voulait justement pas traiter de sujet comme s'il lui fallait un prérequis, comme si c'était un sujet par essence inaccessible.

Encore une fois, je ne critique pas vraiment le film, ni sa démarche (je pose la question dans l'article, est-ce au cinéma de déconstruire les clichés, est-ce aux réals de porter la responsabilité ?) ; je pointe simplement le problème qu'il y a à assumer cette démarche 100% artistique, mais revendiquer ensuite "un parti pris politique".

Idem sur l'esthétique. Je ne critique pas du tout son parti pris esthétique, je critique le fait qu'elle réponde ça à la question "pourquoi un casting 100% noir", sans recul, sans corriger cette déclaration quand elle voit que toute la presse reprend ça en mode raciste. (Faut-il citer ici les titres de la presse sur bande de filles ? beaucoup trop de référence au physique des actrices avec des métaphores à base de "sauvage" et "d'exotisme"...)

Bien sûr que l'expression "parti pris esthétique" n'est pas en soi problématique, je critique son interprétation dans ce contexte par l'ensemble de la presse, et le fait que Sciamma se rende complice de ça (vu qu'elle ne clarifie pas ses intentions).

Qu'elle fasse ce film, de cette manière, avec ce casting, why not. Personnellement, je n'ai pas grand chose à y redire. Mais qu'elle revendique (ou qu'elle laisse la presse lui prêter des revendications) un « parti pris politique », là c'est problématique.
 

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