_blondie;4386666 a dit :Le Maitre et Marguerite, j'en avais tellement entendu parler, je m'attendais à un truc de fou, et au final j'ai été très déçue. J'ai pas aimé du tout. Je n'y ai trouvé qu'une suite d’événements sans queue ni tête, à peine reliés par une histoire de diable complètement saugrenue, une histoire d'amour pas terrible, et des petits passages sortis d'on ne sait-où sur Ponce Pilate deci-delà. Je n'ai vraiment pas vu l'intérêt, franchement si quelqu'un a apprécié, je serais ravie de savoir ce qui lui a plu là-dedans.
Je l'ai lu l'été dernier et ça avait été un choc pour moi: c'est un de mes livres préférés depuis. Je n'ai pas été gênée par le côté décousu: j'ai adoré changer de personnages et de point de vue selon les narrateurs. J'ai trouvé cette vision du "mal" très originale et frappante. Les images m'ont plu parce que très riches: tous les personnages qui entourent Woland sont hauts en couleur et c'est super jouissif de les voir faire irruption dans ce Moscou entravé par le communisme. Le bal des damnés est complètement génial. Tout est à la fois très drôle et très grinçant.
Après, je l'ai abordé dans un certain contexte: je l'ai lu pour un travail où on étudiait le mythe de Faust. Donc je l'ai lu en parallèle avec Faust de Goethe (et aussi d'autres versions, Marlowe, etc.). Le Maître et Marguerite s'en inspire énormément, et même s'il le détourne, on retrouve plein de thèmes similaires. Comme j'étais imprégné de Faust, j'ai tout de suite repéré la dimension métaphysique et "religieuse" du roman et ça m'a passionnée: les passages sur Ponce Pilate m'ont bouleversée.
Et puis, politiquement aussi, c'était très subversif pour l'époque. Le communisme est mis à mal dans le roman de manière très très brutale. Boulgakov était censuré à l'époque, considéré comme un auteur bourgeois de merde, ses pièces étaient interdites et l'exil lui était refusé. Il était donc dans une situation critique: il a mis 10 ans, je crois, à écrire ce roman. Et c'est comme si toute la haine qu'il avait pour ce régime y était condensée. D'où ce regard si cynique pour Moscou, ce personnage d'écrivain maudit, le Maître, etc.
Ce roman a circulé sous les manteaux pendant le régime de Staline. Les Russes se prêtaient des copies faites à la main et les lisaient en cachette pendant toute une nuit car la copie ne pouvait rester plus longtemps entre de mêmes mains.
Enfin bref. Pardon pour la dissertation
Et sinon je trouve pas le temps de lire lontemps en ce moment, donc je traîne pour finir les Météores de Michel Tournier. Et j'aime pas mal. J'avais lu Le roi des Aulnes cet été, et c'était vraiment un super roman. Il fait un peu la même chose dans Les Météores, mais il a une façon de composer des personnages tellement à part et attachants que ça nous fait voyager dans des endroits assez inhabituels.