« Bonjour je suis une salope », le coup de gueule de Maude, insultée pour son short

[Riglisse]

La question que je me pose maintenant, en tant que jeune enseignante en milieu plutôt très défavorisé actuellement, c'est comment changer les choses.
Je sens qu'il y a cette nécessité flagrante, alors que j'ai moi-même été victime des milliards de fois de harcèlement de rue et une fois d'une forme d'agression sexuelle lors de la grande braderie de Lille bondée de monde.(une main insistante à l'entrejambe et à deux reprises)
Pas plus tard que tout à l'heure, un élève en tamponne autre dans la cour de récréation et tombe. Je viens vers lui pour voir si tout va bien. Et alors que je lui pose la question et demande à d'autres élèves de l'aider à se relever, il se lève presque d'un bond alors qu'il était un peu sonné. Un de mes élèves lui martèle cette phrase pleine de préjugés, tout en l'entraînant pour aller jouer de nouveau : "allez c'est bon, fais pas ta chochotte, t'es un homme hein, hein t'es un homme"
Je propose pour lutter contre ces stéréotypes : débat philosophique, mise en avant du rôle des femmes dans l'histoire, les sciences, le sport, la litté, exposés sur les minorités culturelles et développement de l'empathie grâce à la littérature jeunesse, les films ou dessins animés non manichéens ou stéréotypés.
Tous les leviers qui permettent d'agir sur les centaines d'élèves que j'aurais dans ma carrière, je les prends..! À bon entendeur

 

[Melyssa]

Je plains et admire sincèrement cette fille... Ce genre de "fait divers" me rend malade mais, malheureusement, ne me surprend pas plus que ça.

Personnellement la première fois que j'ai subi le slut-shaming j'étais en CM2. Et ce ne sont pas mes camarades qui me l'ont fait subir mais... Leurs parents ! Je vous explique, ma puberté est arrivée assez tôt. A 11 ans j'avais déjà des formes "avantageuses". J'ai toujours été fan des jupes et robes de toutes longueurs ainsi que des décolletés, et ma mère me laissait plus où moins m'habiller comme j'en avais envie. Ainsi, un jour, je me suis disputée avec un copain, qui du coup m'a balancé que ses parents, et ceux de deux ou trois autres de nos camarades avaient discuté entre eux et en étaient arrivés à la conclusion que j'étais la pétasse du village. Je vous explique pas le choc. Onze ans. Je jouais encore aux Playmobil et à Nintendogs et j'apprends que des personnes ADULTES se sont permis de sexualiser et de juger mon corps et mes tenues. J'étais tellement triste et honteuse qu'aujourd'hui encore ma famille ignore que c'est arrivé. Le pire c'est que tous les jours je voyais ces parents d'élèves discuter tranquilou avec ma mère et mes grands parents comme si de rien n'était ah ça c'est sûr ils n'ont jamais osé leur dire le fond de leurs pensées en face ! Lol aujourd'hui encore ma mère se demande pourquoi je voue une telle haine aux habitants du village où j'ai fait mon école primaire...

Ensuite au collège j'ai appris (par les élèves cette fois) que si je portais une robe/jupe courte sans legging ou collant opaque noir en dessous, ça serait une tenue de pute et donc ça justifierait que je me fasse insulter. Fallait pas demander de l'aide à l'administration du collège, une année ils ont interdit aux filles d'une classe de porter des vêtements courts car une bande de filles avaient l'habitude de porter souvent des mini-jupes, et d'après la direction elles "n'étaient pas censées aller en cours pour provoquer".

Puis enfin en seconde, année où j'ai commencé à sortir (avant cela je vivais à la campagne et je n'étais jamais sortie en ville sans la présence d'un adulte, relou je sais), j'ai appris l'existence du harcèlement de rue (je dirais même du harcèlement tout court). Genre, je savais que parfois, on pouvait se faire emmerder. J'ignorais juste que ça allait m'arriver quasiment à chaque fois que sortirais seule ou juste accompagnée d'une amie...

Pour en revenir au sujet de l'article, de telles agressions, même venant de femmes ne me surprennent même pas finalement car je me rends compte que dès l'enfance on est conditionnés à ne pas accepter qu'une femmes s'habille comme elle le veut... Moi-même je me surprends parfois à juger les tenues de certaines personnes alors que j'ai pourtant horreur de ça, c'est horrible !

 

[Claudine_de_Lyon]

"Faut se respecter" "Elle ne se respecte pas", etc, ce genre de phrases (qu'on entend de plus en plus souvent, et ce dans la bouche de personnes de plus en plus jeunes) me rend DINGUE!!! C'est la plus pure expression du sexisme et de la culture du viol. A chaque fois que je l'entends/lis ça me mets dans tous mes états, et j'ai beaucoup de mal à penser du bien de la personne qui parle ainsi...

 

[Neyane]

@Wizard of Oz @if_then_else @LaBeletteMasquée
Bon, le sujet m'intéresse mais les gens ont pas trop l'air de continuer la discussion ici donc hop, j'ai ouvert un topic ici, dans les questions (pas si) con (en espérant ne pas l'avoir mal placé ^^'), n'hésitez pas si la question vous intéresse aussi, si vous avez des infos, voulez donner votre avis, tout ça

 

[Rhea16]

Suis-je la seule à être choquée du fait que les "témoins" ne se sont manifestés qu'après sont post FB ??
Ça me fait ce genre d'effet :
"Du harcèlement ? Je ne vois rien, je n'entends rien "
et ensuite "Quoi ?! Du harcèlement ?! Oh je suis tellement indigné !! "

Mais ... MAIS WTF ?!!!

 

[Endir]

Ca n'a peut être aucun rapport (oui je vends bien le truc eheh) mais je me souviens très clairement qu'à mon époque au collège (c'pas si loin! à peine 12 ans...) et au lycée pour ma soeur, la direction nous interdisait certains vêtements : les sandales (bon ça c'était plus une question de sécurité), les hauts sans manches (?), le vernis (?), les jupes "trop courtes" (ah?). Pour les garçons je crois qu'il n'y avait qu'un veto sur les sandales....
Je cite ici deux "milieux" différents, mon collège était public, le lycée de ma soeur catho et privé.
Bref, du coup je m'interroge. Finalement en quelques sortes "on" a été éduqué "comme ça" à se dire qu'il ne faut pas mettre ci et ça pour préserver la pudeur etc... et ça m'énerve.
En quelques sortes tous les élèves de mon collège par exemple ont "appris" que "cette" jupe est trop courte, "ce" haut indécent...

 

[Freehug]

À en juger par la photo de la fameuse tenue, je pense que ces filles cherchaient juste à emmerder une personne qu'elles jugeaient peu apte à se défendre. Attention, hein, si ç'avait été un vrai mini short avec un haut de maillot, leur attitude aurait été tout aussi inqualifiable. Mais là, en plus, c'est un short à la longueur moyenne avec un t-shirt lambda. Que du très ordinaire en été, quoi. Je ne peux pas dire que ça m'étonne. C'est loin d'être la première fois que des filles retournent la brutalité dont elles sont victimes (toutes les femmes sont victimes de sexisme après tout) sur d'autres, et ça tourne souvent autour de la sexualité, avec la fameuse accusation "Machine elle a le feu au cul/elle s'habille comme une pute". D'ailleurs, comme ça a été soulevé, il y a sûrement un fond de jalousie. Au lycée, j'avais secrètement mauvaise opinion des tenues "légères" de certaines filles (comprendre : elles osaient mettre une jupe. Ah, j'avais des soucis, c'est sûr). Par pure jalousie. J'en rêvais, de leurs jupes. Bon, j'ai jamais été jusqu'à faire des remarques désobligeantes, quand même. Ironiquement, dès ma première année post-bac, je me suis mise à ne porter quasiment que ça, et parfois des mini, vu que je démarrais dans une promo où personne ne me connaissait "d'avant".

@Mazzie-Star : moi non plus personne ne m'a jamais fait de remarque directe (à part des mecs harceleurs). En même temps, j'ai une fameuse "resting bitch face" qui n'a fait que se développer en grandissant. Peut-être que toi aussi ? On ne s'en rend pas forcément compte, il a fallu qu'on me fasse la remarque. Il paraît que mon regard noir "fait peur". Même les harceleurs insistent moins ces derniers temps. Il paraît aussi que c'est pas féminin, mais alors là, rien à foutre !

@Endir : c'est clair que c'est une partie du problème. Que les adultes qui détiennent l'autorité imposent une tenue comme étant inacceptable uniquement pour les jeunes (voire petites) filles. À la limite, que le personnel éducatif juge les tenues légères inadaptées en milieu scolaire, ça peut se discuter, mais dans ce cas il faut interdire hauts sans manche/bas au-dessus du genou pour TOUS les élèves.

 

[JoplinJanis]

@Rhea16 : Je venais dire la même chose... "et personne ne réagissait alors que le bus était blindé !"

Je suis choquée des réactions des filles, ça c'est clair, net, précis. Je ne comprends pas, et ne comprendrais jamais l'intolérance, l'irrespect, le jugement. Et d'ailleurs, ça me rend dingue de voir que des personnes n'ont pas intégré les valeurs, pour lesquelles on a et on lutte tant encore. La liberté, l'égalité, la fraternité... A croire que ce sont des mots que l'on répète bêtement, sans les comprendre, sans les intégrer. Gros gros problème de société, malheureusement. On oublie les combats passés, on reproduit les mêmes conneries, on s'enfonce doucement mais surement.

Mais, putain ! Je me demande aussi comme les gens peuvent rester passif face à une pauvre nana, qui se fait insulter, cracher dessus ? Comment ça peut arriver ? Comment tu peux rester assis, à regarder ça, à faire la sourde oreille ? C'est franchement honteux. Vraiment. Et à leur place, j'oserais même pas venir et dire "ouais, ouais, j'ai tout vu... je peux témoigner". C'est bien qu'ils le fassent, hein... Mais, c'est, pour moi (je vais peut -être un peu loin) assimilable à de la non assistance à personne en danger. Car, oui, on a tous vu des images où des filles tabassent d'autres filles totalement gratuitement. On peut pas dire que c'était juste des enfantillages. On n'en est plus à ce stade aujourd'hui...

Enfin, bon, j'écris sous le coup de la colère, je vais peut être loin. Mais j'en peux plus de cette violence, de cette intolérance... Je rêverais d'un monde où tu peux juste vivre ta vie, comme tu le veux, sans faire chier les autres et sans que les autres te fassent chier. Que ce soit en jupe, short, pantalon... Et je pense au final que ces filles sont très mal. Pour moi c'est juste la manifestation d'un mal être profond, du fait qu'elles n'osent pas vivre leur propre vie et être totalement épanouies...

Je m'arrête, promis .

 

[Destiel Mok´]

Beaucoup de gens fonctionnent dorénavant avec le prisme maman / putain ou vierge / putain (avant d'être mère tu dois être vierge).

On a d'un coté des médias qui nous bombardent de femmes lascives, dénudées et sexuées partout... tout le temps et la société traditionnelle qui revient en force en ce moment et qui impose au contraire des diktats de pudeurs... Et on te dit implicitement de choisir ton camps, et on te suggère que le seul moyen de rester safe et de s'approprier la protection des males, qui on le constate très bien dominent de toute facon, c'est de rester en retrait et ne pas te mettre en valeur.

Il y a une excellente réflection à ce sujet : Les femmes de droites qui, pour résumer, explique que si les femmes adhèrent à des idées qui les desservent c'est pour s'assurer la protection du patriarcat.

Le débat sur la pudeur m'intéresse beaucoup même si on ne parle absolument pas de ca ici. Pour faire un parallèle éventuel je crois que dans notre société hyper sexualisé les gens confondent confort / élégane avec sexualité. La différence ne se fait plus. Porter un short, voir faire du naturisme (j'en fais un peu et dans ce contexte précis les corps sont totalement désexualisés) est associé au sexe.

Et vu les diktats contradictoires qu'il y a autour du sexe : Soit vierge mais comporte toi comme si tu étais toujours. Quand on mime la fellation pour vendre un yahourt et que la seconde d'après on demande aux filles de ne pas s'habiller trop court, je concoit que certain(e)s ne sachent plus très bien ou on en est.

Mais ce problème résulte d'une société patriarcale, ce n'est pas aux femmes de le régler en changeant leur caractère ou leur tenue, ces publicités, ces concepts, sont tous mis en place par des hommes pour des femmes qui doivent assurer leur carrière pro, artistique, nourrir leurs gosses, entretenir une vie sociale, avoir bonne réputation, bref qui doivent faire le choix d'accepter sous risque d'être mises à l'écart.

Et tout ca nous donne des jeunes idiotes qui elles se sont positionnées du coté des femmes respectables, qui si elles sont "respectées" n'ont en revanche plus accès à des aspects de la vie qui leur ferait plaisir, et qu'elles fantasment donc. Parce que voir l'aspect sexuel chez une femme qui se ballade dans l'espace public, quelle que soit sa tenue, c'est du fantasme et rien d'autre.

 

[Tshepiso]

@Clemence Bodoc Je suis sur l'appli et le post Facebook n'apparaît pas... C'est peut-être de ça dont voulait parler @Micro-K7 ?
(Ou alors j'ai un téléphone trop vieux et du coup ça ne fonctionne pas comme il faut )

 

[Circée]

C'en est triste de voir comme c'est commun... ça me rappelle une fois il y a des années lorsque j'étais au lycée, genre en seconde, dans le tram à 17h donc heure de pointe. Une fille, lycéenne aussi sans aucun doute, qui était avec ses copines me bouscule, volontairement et violemment, je râle fort, et là... des insultes, des "sale p*te", des "reste à ta place sal*pe, réponds pas", "on va te n*quer", "t'as vu comment t'es habillée, p*te bourgeoise"... wait... à ma place? c'est quoi ma place? et ah oui le trench, chui con ça faisait de moi une "bourgeoise". bref, tout ça au milieu de la foule de lycéens - étudiants - adultes qui sortent du boulot. Personne n'a rien dit, personne n'a rien fait. Il est évident que ces filles s'en sont prises à moi parce que j'étais seule et parce que j'étais une jeune fille (ben ouais, elles auraient sans doute pas fait pareil avec un mec d'1m80 aux gros bras). Je reste persuadée que ces filles doivent elles-mêmes souffrir de persécutions liées à leur genre, de sexisme etc, et leur mode de défense, ultra intelligent, c'est de devenir agresseur elles-mêmes lorsqu'elles en ont l'occasion. Mais ce faisant, elles ne font qu'entériner un comportement qui les dessert. Je comprends pas bien Et les gens présents, sérieux, pas un pour réagir... j'ai eu droit à un sourire timide d'une jeune fille, qui m'a un peu réconfortée, mais aucun adulte pour se manifester, ils ont tous fait semblant de rien...

Toujours est-il que big up à la demoiselle de l'article, et aux autres, sortez vos gambettes si vous en avez envie, non mais ho

 

[PetiteMénade]

Faut pas demander comme certaines filles ont le cerveau lavé par cette société patriarcale pour sortir de telles monstruosités... Ce sont les pires adversaires du féminisme malheureusement.