Ça me perturbe...

[Shael]

@Grumpy Bunny C'est exactement ça ! En plus ça motive pas les gens qui ne lisent pas beaucoup (je parle plus pour le collège là) de leur dire que tout ce qui a moins de 100 ans c'est de la merde, bon pour allumer le feu de cheminée Je déteste cette hiérarchisation des livres et des styles, le livre le plus récent qu'on a vu en cours c’était un barrage contre le pacifique et mon dieu l'histoire (à mon sens) était beaucoup moins passionnante que celle de La Horde du Contrevent, je critique pas ceux qui aime Duras hein (moi c'est le personnage en lui même que je supporte pas) mais je vois pas en quoi elle écrirait mieux qu'Alain Damasio ou encore Patrick Rothfuss (un dieu pour moi ). J'ai aussi beaucoup aimé lire Twilight, je suis fan d'hunger games et Harry Potter et ça m'agace profondément qu'on me renvoi sans cesse à la tête que c'est des lectures de gamine de 12 ans
Ce qui m'agace aussi c'est la place de la littérature sf/fantasy dans les librairies ... Par exemple à Poitiers dans Gibert le rayon à été relégué derrière le rayon disque, au fin fond de la salle, j'ai bien mis 5 min à la retrouver, en plus rien n'est rangé, tu vois que dalle, autant dire que j'ai fui à la fnac (et même eux leur rayon est limite)

@nezentrompette Je suis d'accord avec tout ce que tu as dis

 

[Shield]

A propos de la littérature :

J'adore lire des classiques. J'aime lire de la science-fiction aussi, et ça n'a rien de contradictoire. J'ai connu une ribambelle de profs de littérature étant donné mes études, et il y avait vraiment de tout. Le prof de lycée qui aurait voulu enseigner à la fac et qui méprise ses élèves, la prof de lycée géniale qui nous fait découvrir les dessous de la littérature et nous libère de l'idée d'un corpus oppressant pour retrouver le plaisir de lire, la prof de lycée timorée qui doit préparer un programme d'oeuvres qui ne lui parlent pas forcément alors elle s'appuie sur les annales publiées dans l'année, les profs de khâgne qui ne répondent pas quand je pose la question "mais au fond, qu'est-ce que c'est exactement la littérature"? (dont la prof à cheval sur la critique littéraire qui l'aborde à un niveau quasiment inaccessible pour un élève qui vient d'avoir le bac), le prof qui part dans tous les sens et élude justement ces questions, la prof latiniste hyper théâtrale qui part dans des envolées érotico-freudiennes dans tous les textes, la prof qui donne envie de lire le texte et l'interpréter en se servant de la critique comme outils seulement et en replaçant notre jugement au centre de la lecture (tant qu'il reste cohérent), le prof pédant qui enseigne des littératures de genre (roman détective, fantastique...) mais que ça ne gêne pas de dire que "les graphic novels, ça n'est PAS de la littérature", et j'en passe.

Donc après des années et des années d'étude, mon point de vue, c'est qu'il n'y a pas de définition rigide de la littérature. Il y a des auteurs, il y a des textes, il y a des lecteurs qui interagissent les uns avec les autres. Une bonne lecture selon moi, ce n'est pas lire un livre de qualité, c'est avoir un regard de qualité quand on lit un livre et se poser des questions face à son expérience et son interprétation du texte; et ça, ça s'entraîne. Finalement, on en revient à la définition la plus simple que m'a donné en première ma prof de lettres : la démarche littéraire, c'est partir d'un texte et se baser sur ce texte pour en donner son interprétation personnelle. Si on a des cours de grammaire, de poétique, de stylistique, de narratologie, etc. c'est que ça nous permet d'avoir des outils de lecture des textes, puis des arguments pour partager sa propre lecture par la suite. Personnellement, j'ajouterais qu'une bonne lecture doit être cohérente avec le texte lui-même (pas de contradiction par rapport à ce qui est écrit, d'où la nécessité d'analyser le texte de près), et cohérente avec elle-même. Une bonne interprétation du texte peut être tout à fait n'importe quoi, tant qu'elle s'appuie sur le texte et ne le contredit pas, et tant qu'elle ne se contredit pas elle-même (mais si elle est anachronique, elle a intérêt à spécifier qu'il ne s'agit pas d'intention d'auteur mais de réception moderne).

Un de mes profs disaient qu'il y a deux lectures d'un texte : la lecture plaisir, et la lecture interprétative (elles sont tout à fait compatibles hein, y compris dans le même temps). Je crois que la lecture interprétative est une conséquence de la littérature plaisir (mais n'oublions pas que pour les profs de lettres, la lecture interprétative, c'est aussi un métier). Si le concept de "lecture plaisir" vous intéresse, je vous recommande Le plaisir du texte de Roland Barthes.
Après, il y a des oeuvres qui se prêtent particulièrement bien à des lecture interprétatives, qui stimulent la réflexion du lecteur et lui permettent de tenir son propre discours, des "oeuvres de liberté" si je puis dire. Pour moi, c'est ça une grande oeuvre. C'est parce qu'il y a plusieurs niveaux de lecture dans Madame Bovary et qu'on a une grande marge de manoeuvre pour en parler à sa façon et avec son propre regard que c'est un si bon ouvrage. De ce point de vue, je crois qu'il y a une raison pour laquelle les classiques sont des classiques; même si, bien sûr, le goût personnel entre aussi en jeu, et on peut être totalement rebuté par le style d'un auteur et ne pas aimer ses livres (après je pense qu'on peut reconnaître qu'ils sont une matière riche à travailler même si on ne les aime pas).

 

[Songi songi]

@Flotsam J'ai été traumatisée par un passage de l’Assommoir : je ne sais plus combien de pages sur qui apporte quoi à un diner, combien de bouteilles de vin parties pour l'entrée puis combien pour le plat, ce qu'ils avaient mangé etc. J'en pouvais plus de lire des description de ce repas (et j'étais dans un avion, sans rien à manger )
Puis (ça fait quelques années et je n'ai lu que l’Assommoir et Nana donc peut-être que je me trompe mais) dans mes souvenirs justement Zola mets 36 ans à décrire chaque truc
Mais du coup je vais relire pour vérifier mes souvenirs et donc merci de la motivation

 

[Fanncy]

@Thée : C'est justement pour ça que j'ai envie de le lire ce livre, de ce que j'en ai entendu, ça fait un peu anticipation (et parce que j'ai adoré la série anglaise "Bienvenue au Paradis" qui est inspirée de ce roman ).

De toute façon, je me suis inscrite à la médiathèque tout à l'heure. Bon, j'ai pris des romans un peu faciles (pour m'échauffer ) et un Asimov. Bref, je me dirige de ce pas vers la section littéraire et je n'encombrerai pas plus ce topic

 

[Songi songi]

@Flotsam ben écoute de toute façon je m'étais dit que j'allais lire Germinal aka celui dont tu parlais au début, comme ça je serai fixée
Mais je suis pas sure de voir la différence que tu fais entre les deux types de description Genre les description de Tolkien, selon ta classification je les mettrai dans "nécessaires" (vu qu'il décrit le monde qui entourent les protagonistes) mais en même temps, moi ça m'énervait pas mal ces pages de descriptif (et les chansons d'un pecno qu'ils croisent en cours de route, on en parle de ces chansons Typiquement le genre de passage ou je tournais 10 pages pour voir si l'action re-commencait )

 

[nélandra]

Bon, je n'ai honnêtement pas lu tous les commentaires, juste suffisamment pour voir le sujet ! Donc c'est possible que je sois un peu à la masse ou que je répète certaines choses.

Bref, je suis une assez grande lectrice et j'adore jouer le rôle de critique littéraire. Malgré tout je ne dois pas du tout ce plaisir aux cours que j'ai pu avoir tout au long de ma scolarité. J'ai eu beau volontiers participer aux lectures et analyses, je n'y voyais pas de réelle pertinence. Pour moi, un livre s'analyse sur l'impression qu'il nous fait et non pas en décortiquant les moindres phrases pour découvrir une allitération qui, parfois, me semble sortie de nulle part.
Néanmoins, et là je parle peut-être sous l'influence de mon futur métier, mais il me semble pertinent de passer par cette phase très théorique et technique pour ensuite s'en détacher.

Mais pour moi l'analyse d'un livre ne doit jamais devenir un but, mais un moyen de mieux le savourer.

Je ne sais pas si c'est très clair.

 

[nélandra]

Ca me perturbe de voir "Harry Potter" sur mon marque-page "50 livres à lire avant de mourir". Je trouve qu'il y a des livres bien plus intéressants et mieux écrits qui auraient eu leur place sur ce marque-page à la place de cette saga.

Tout à fait d'accord. Ce que nous apporte J.K Rowling (et ce qui a dû faire son succès) c'est en mon sens surtout le monde fantastique, l'idée d'une part de magie dans notre univers, la possibilité de se transformer en sorcier. C'est donc plus le contenu qui compte, plus que la forme. En considérant ça, c'est vrai qu'il y a des livres bien plus délicat dans leur écriture et qui mériteraient un peu de pub.

 

[Lenehän]

C'est vraiment intéressant d'entendre les points de vue sur la littérature et "ce que c'est"
Je suis évidemment complétement d'accord pour dire que le plaisir de lire devrait être important, d'ailleurs ça me rend toujours triste les gens qui disent qu'ils "n'aiment pas lire" alors qu'en fait ils lisent je sais pas, Harry Potter, Twilight, mais ne le qualifient pas comme "de la littérature" qui est forcément inaccessible et poussiéreuse Et mon prof de prépa qui disait que les gens qui lisaient Levy sont des cons alors qu'il n'en avait probablement jamais ouvert un. Surtout que bon, qui est qualifié pour dire ce qui est ou n'est pas de la littérature, alors que c'est toujours soumis à réévaluations et critiques (Jules Vernes c'était le Levy de l'époque, hein).
MAIS d'un autre côté, ça me perturbe un peu cette idée "qu'on ne peut pas faire de hiérarchie des oeuvres, chacun ses goûts blablabla". Enfin je trouve clairement que certaines oeuvres transgressent, révolutionnent, nous font apercevoir d'autres niveaux de réalité. Je veux dire, Twilight, on peut être pris dans l'histoire, ça a une qualité de récit, de divertissement, mais Virginia Woolf c'est quand même pas la même chose, ça te fait sentir un tout autre rapport à la temporalité, à l'existence. Duras et Woolf par exemple, ce sont des oeuvres qui ont redéfini mon existence même, ma manière de la vivre, de percevoir les choses, pas par ce qui est raconté, mais par ce que ça apporte d'unique, de particulier, dans le style. J'ai adoré Harry Potter, ou je sais pas, Orgueils et Préjugés (que d'ailleurs ma prof de prépa qualifiait de roman de gare ) mais si ça m'apporte quelque chose en terme de plaisir ce qui oui, est l'une des choses les plus importantes), d'enseignement au niveau des valeurs etc, ça n'a rien à voir avec ce que Claude Simon ou Woolf m'ont apporté. Je n'arrive pas à m'expliquer clairement. Mais pour moi c'est ce qui différencie l'art d'une bonne histoire, ce qui nous fait accéder à un autre niveau de réalité, presque 'métaphysique' ? Évidemment, le problème c'est que ce jugement est assez personnel, de l'ordre de l'indicible, et du coup on ne peut pas définir ce qui "est littérature" ou pas, vu les avis contrastés sur toute œuvre. Bref l'éternel problème de définition de l'art

 

[nélandra]

MAIS d'un autre côté, ça me perturbe un peu cette idée "qu'on ne peut pas faire de hiérarchie des oeuvres, chacun ses goûts blablabla".

D'accord avec toi !
Je pense qu'on peut faire deux types de classement : un très personnel d'après nos gouts, nos centres d'intérêt, nos connaissances, etc. pour arriver à une hiérarchisation plutôt sentimentale. Mais ça n'empêche pas de respecter aussi un classement plus "officiel" en se basant sur plusieurs critères (originalité, délicatesse, richesse de la langue, message transmis, etc) pour arriver à une "élite" des livres, car ce tri n'est pas fait au hasard. Et il n'y a, en soit, aucun mal à tenter d'ordonner un peu ce monde littéraire.

Si un ami me dit qu'il a autant apprécié Twilight qu'un Jules Vernes ou un Victor Hugo, soit, c'est son choix. (je ferai quand même un peu des yeux ronds).
Mais s'il vient me dire qu'ils se valent au niveau littéraire, là je serais un peu outrée.

Pour ma part, je donne de la valeur à un livre surtout selon deux aspects : le message qu'il transmet et le but de l'auteur (commerciale, esthétique, biographique, etc).

 

[Fizzgig]

Pour rebondir sur Zola, Au Bonheur des Dames est un de mes livres favoris, mais quiconque l'a lu ne peut pas nier que ce monsieur adore faire des descriptions

Mais qu'est ce qu'il fait ça bien!!!

Spoiler: Description d'un réfectoire, chapitre 10

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[nélandra]

@Higreq
Je vois ce que tu veux dire oui, mais justement...personnelement je trouve qu'un livre perd un peu de sa force si j'apprend que c'était juste une commande ou le cas de secours pour manger.

J'ai l'impression que certains livres sont bien plus écrit dans l'idée d'un partage d'idée, d'expliquer un point de vue ou décrire un monde, un moment important pour l'auteur.

 

[Rin`]

RHAAA.
Ça m'énerve et surtout ça me perturbe d'avoir la capacité de concentration / mémorisation à court terme d'un poisson rouge. Enfin, le poisson rouge fantasmé, celui qui oublie tout au bout d'un tour de bocal. J'ai vu que finalement, ça a plutôt bonne mémoire, mais voilà. TiteRin, tour de bocal, hoooo, c'est joli ce code, je faisais quoi là, moi ? Hmm.
Ça fait TROIS fois, en 2 minutes, sisi, juré, que je rouvre mon éditeur de code, que je me dis « Ha, oui, faut que je fasse ça, mais attends… Ha non, faut que je vérifie un truc avant », je minimise ma fenêtre, hop, tour de bocal.
Ça m'énerve !