Tous ne sont pas dominants à l'intérieur de cette catégorie. Un homme blanc cis, ça peut être un ouvrier qui vit au SMIC dans une banlieue pavillonnaire (j'utilise un cliché, mais bon). Qu'est-ce qu'il a en commun avec un patron du CAC 40 ?
J'avoue en avoir un peu marre de cet argument... C'est bien là que l'intersectionnalité prend son sens : Effectivement, les dynamiques d'oppressions sont multiples, et chacune doivent être prises en compte. Bien sûr que la position socio-économique est aussi vectrice d'oppressions. Mais ces deux exemples que tu prends ont en commun qu'ils sont tout deux des hommes et donc restent privilégiés par rapport à des femmes du même statut. Si on compare une femme patronne du CAC 40 et ce même ouvrier, si la femme aura indéniablement un privilège économique elle n'en reste soumise au sexisme si on la compare à un homme patron du CAC 40. Chose dont l'ouvrier est privilégié : lui n'aura pas à subir ce sexisme. "Privilégié" ne veut pas dire "avoir la belle vie sur tous les plans de l’existence".
Et même si effectivement, cela devrait revenir de droit pour tout le monde, ce n'est clairement pas le cas donc à l'heure actuelle ça reste bien des privilèges.
J'ai aussi l'impression que cette idée de ne pas avoir à s'excuser de sa naissance et de ses privilèges est étroitement lié avec l'idée de méritocratie (pour citer ton message : "Je ne vole rien à personne"). Non tu ne vole rien à personne, mais probablement que ta naissance fait que tu as pu accéder à ce statut plus facilement que d'autres. Il s'agit juste d'en avoir conscience. Pour prendre un exemple : un homme obtient une promotion. Techniquement il n'a rien volé à personne, il a très certainement travaillé dur pour ça. Mais il est probable qu'une femme dans la même situation aurait du faire 2x plus ses preuves. Idem pour un homme noir. Peut-être encore plus pour une femme racisée. Néanmoins, cet homme qui a travaillé dur et ne se rend pas forcément compte des dynamiques d'oppressions existantes qui font qu'il est plus facile pour lui d'obtenir cette promotion et va peut-être se dire qu'il l'a tout simplement plus mérité, que ses collègues sont justes moins compétents et donc reproduire ou justifier ces dynamiques oppressives, d'où l'idée d'excuses. On peut s'excuser seulement si on prend conscience que tout cela ne va pas de soi, qu'il ne s'agit pas seulement de mérite.
EDIT : Je ne sais pas si c'est assez clair, dans cet exemple il ne s'agirait pas de s'excuser d'avoir eu une promotion au détriment d'autres personnes tout aussi méritantes mais d'avoir conscience des dynamiques qui rentrent en jeu pour ne pas perpétuer cette idée de méritocratie. D'éventuellement s'excuser d'en avoir profité et de les avoir justifiées à un moment donné.
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