Je ne veux pas me faire à ton absence. Je veux encore voir ton visage, entendre ta voix, rire avec toi. Mais ce n'est pas possible. Depuis tout à l'heure je tape "cancer" dans la barre google, et je me retrouve il y a 6 mois en arrière, à chercher toutes les informations possibles sur ta maladie. Sauf qu'aujourd'hui il n'y a plus rien à savoir, ça ne sert plus à rien de se renseigner pour savoir à quoi s'attendre. Tu n'es plus là.
Je pars en vacances lundi, je venais toujours te voir avant de partir d'habitude, là j'irais voir le papy, mais tu ne seras pas là, pas là pour te dire "amuse toi bien ma caille", je n'enverrai plus de carte à "Mr C**** et son épouse". Alors je continue de vivre, comme tu voudrais que je le fasse, mais c'est dur. Tu me manques au quotidien, mais il y a des soirs comme ça où le manque est encore pire, où les souvenirs reviennent, que ce soit les bons ou les mauvais. Je me rappelle surtout de l'hopital en ce moment, du dernier mois, des derniers jours. Le jour où, quand je suis arrivée dans le couloir, tu parlais avec ton médecin, en faisant un grand effort pour paraître 'lucide' devant lui, et quand je suis rentrée, tu ne m'as pas reconnue. Il était parti et tu recommencais à délirer. Le dernier jour où je t'ai vu consciente tu ne savais plus qui j'étais.
C'est la première fois que j'en parle, et Dieu que ça fait mal. Ce sont des images comme ça, qui reviennent parfois. Il y en a aussi des bonnes, comme quand tu étais dans la cuisine, appuyée contre le plan de travail, et moi assise sur la fenêtre, parlant de tout et de rien. Ces moments me manquent, tu me manques, la vie d'avant me manque. Il reste ce vide. Mais tu m'accompagnes, tous les jours, avec cette bague que tu m'as donné peu avant qu'on sache que tu étais malade. Elle ne me quitte plus, j'ai l'impression que comme ça, tu es toujours un peu avec moi.